Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Malawi (suite)

Le régime des pluies est tropical. La saison humide dure de 6 à 7 mois (octobre-novembre à mars-avril), et les précipitations annuelles varient selon les régions de 1 000 à 1 500 mm (mais les hauts reliefs reçoivent jusqu’à 3 000 mm). Au contraire, les plaines abritées sont quelquefois très sèches (700 mm), et torrides en fin de saison sèche. Les températures sont modérées par l’altitude ; sur les plateaux, elles varient entre 15 et 25 °C en cours d’année, le maximum se situant en octobre-novembre.

La forme de végétation la plus répandue est la savane boisée. La forêt dense, autrefois relativement étendue, a été réduite à quelques taches par les défrichements. Les plus hautes terres sont couvertes par une savane ou une prairie d’altitude piquetée d’arbustes et de buissons. Dans les régions sèches apparaissent des espèces xérophyles (acacias, euphorbes, baobabs).

P. V.


L’histoire

Une tradition orale rapporte que les ancêtres du peuple malawi provenaient des régions situées au nord de leur actuel pays et notamment du pays buba, situé aux abords du lac Kisale, au Congo méridional ; une autre situe les origines de ce peuple dans la région méridionale du lac Nyassa, qui, aujourd’hui encore, est désignée sous le vocable de pays malawi. Mais, en fait, les Malawis étant divisés en deux principaux clans matrilinéaires, les Phiris, parmi lesquels se recrutaient les chefs traditionnels, et les Bandas, probablement descendants des populations autochtones, ces deux traditions pourraient se concilier.

La date de cette migration n’a pas été située avec précision, mais le chef qui en avait pris la tête aurait été un certain Mazizi Karonga, à qui succéda son neveu, Phiri Karonga, qui poursuivit son avance vers le sud et entreprit la colonisation des régions situées au sud du lac, alors à peu près désertes.

Il faut attendre le xviie s. pour trouver les premiers témoignages écrits pouvant servir à l’histoire du Malawi : la relation du voyage du Portugais Gaspar Bocarro de Tete à Kilwa (1616) semble contenir de multiples erreurs ; elle atteste cependant de l’occupation des régions méridionales du lac par le peuple malawi. En 1667, un jésuite confirme cette présence et rapporte que les Malawis font avec les Portugais un commerce actif portant principalement sur l’ivoire, le fer et les esclaves. Si l’on excepte le bref séjour de l’astronome portugais de Lacerda (1797), ce n’est qu’en 1831 que sera donnée une description suffisamment précise du pays et de ses habitants. Mais, dès cette époque, l’ancien « Empire » maravi, qui semble bien n’avoir été en fait qu’une fédération de tribus — sinon une simple juxtaposition —, paraît s’être à peu près complètement désagrégé. Dans la seconde moitié du xixe s., les abords du lac reçurent le choc de deux nouvelles vagues d’envahisseurs : les Ngonis (subdivisés en deux sous-groupes, avec pour chefs Maseko et Zwangendaba), qui venaient d’Afrique du Sud, et les Yaos, issus de l’actuelle province portugaise du Mozambique, qui s’avérèrent être de redoutables agents de la traite des esclaves pour le compte des Portugais et des Arabes.

En 1858-59 et 1863, le pays fut parcouru par l’explorateur David Livingstone*, qui, en septembre 1859, approcha du lac Malawi, auquel il donna le nom de Nyassa. Son but était de reconnaître les routes de la traite négrière et de poser des jalons pour les missions chrétiennes. Il revint en compagnie de l’évêque Charles Frederick Mackenzie (1825-1862), et les deux hommes firent de l’actuel Malawi le point de départ de l’œuvre missionnaire en Afrique centrale.

Dès 1883, Blantyre existait en tant que petit poste de commerce et centre missionnaire : la mission méthodiste de Mackenzie (Universities’ Mission to Central Africa, UMCA) avait été rejointe par d’autres Églises : Église réformée des Pays-Bas et Pères blancs (catholiques romains). Quelques colons européens entreprenaient de développer les plantations dans la région du lac.

Mais l’ère coloniale de l’histoire du Malawi s’ouvrit véritablement en 1889 quand l’administrateur anglais Harry Hamilton Johnston (1858-1927) commença à passer des traités de protectorat avec des chefs de la région des monts de la Shire et de la rive occidentale du lac Nyassa. Les frontières du protectorat — qui sont aujourd’hui encore celles de la république du Malawi — furent définies par une série d’accords : en 1890, le traité anglo-allemand délimitant la frontière nord et le traité anglo-portugais précisant la frontière sud avec le Mozambique ; en 1891, l’accord intervenu avec Cecil Rhodes fixant les limites occidentales. Johnston, qui avait été l’artisan de cette création, devint le premier haut-commissaire pour le protectorat britannique d’Afrique-Centrale, qu’il entreprit de soumettre à l’aide de contingents indiens et qui prendra le nom de Nyassaland en 1907. L’ère coloniale fut essentiellement marquée par l’éradication de l’esclavage et de la traite ainsi que par la christianisation massive du pays et le développement de l’économie de plantation. La seule manifestation notable de résistance fut la rébellion du pasteur John Chilembwe et de ses partisans en 1915.

Le Nyassaland fut incorporé à partir de 1953 dans la fédération d’Afrique-Centrale — en même temps que les Rhodésies —, et très rapidement l’opposition autochtone s’organisa en face d’un système qui tendait à privilégier les colons blancs, principalement en Rhodésie, et à l’égard duquel les Européens du Nyassaland émettaient quelques réserves.

Le parti du « Nyassaland African Congress », d’abord dirigé par le chef Gomani, reçut à partir de 1953 une nouvelle impulsion avec l’adhésion de Hastings Kamuzu Banda, médecin africain émigré à Londres, puis au Ghāna ; Banda revint à Blantyre en 1958 pour assumer la présidence du parti. Le pays reçut alors une autonomie élargie et, après l’éclatement de la fédération (fin de 1963), accéda à l’indépendance le 6 juillet 1964. Banda devint chef du gouvernement, fonction qu’il ne tarda pas à cumuler avec celle de chef de l’État, pratiquant une politique autoritaire, appuyée sur le Malawi Congress Party devenu parti unique. En 1970, il a été proclamé Président à vie. Depuis l’indépendance de son pays, érigé en république en 1966, Banda s’est efforcé de suivre une politique de collaboration et d’entente avec les autorités de l’Afrique du Sud, de la Rhodésie, et, jusqu’en 1975, du Mozambique portugais, ce qui fait dire aux opposants que le Malawi est intégré dans l’orbite du régime de Pretoria.

J. M.