Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Maillol (Aristide)

Sculpteur français (Banyuls 1861 - id. 1944).


Il était fils d’un capitaine caboteur et comptait dans son ascendance autant de marins que de vignerons. Après avoir fait des études classiques au collège de Perpignan, il obtint une bourse qui lui permit de devenir l’élève, à l’École nationale supérieure des beaux-arts, de Léon Gérome, puis d’Alexandre Cabanel, dans l’atelier duquel il fut le condisciple de Gauguin* en 1882.

Dès la fondation, en 1884, du Salon des artistes indépendants, il y expose des peintures. Vers 1889, il se lie d’amitié avec Maurice Denis ; partageant l’admiration de celui-ci pour les idées et l’art de Paul Gauguin, il peint dans l’esprit de celui-ci ainsi que de Paul Sérusier et fait bientôt partie, à ce titre, du groupe des nabis*. En 1893, il fonde à Banyuls un atelier de tapisserie, qu’il animera jusqu’en 1902. En 1900, à près de quarante ans, il exécute sa première sculpture, une Léda, tout de suite remarquée par Rodin* ; il n’avait, jusque-là, qu’incidemment taillé des statuettes de bois ou modelé la glaise. Il a également fait de la céramique. Il ne renoncera à la peinture (pour cause de troubles visuels) qu’en 1904, après avoir sculpté ou commencé de sculpter la Méditerranée, le Cycliste, le relief du Désir, abordant la taille de la pierre, le bronze, le plomb.

En 1906, à l’instigation de Gustave Geffroy, le comité formé sous la présidence de Georges Clemenceau pour l’érection, à Puget-Théniers, d’un monument à la mémoire d’Auguste Blanqui fait appel à Maillol, qui, après avoir entendu le récit des captivités de « l’Enfermé », propose et obtient de résumer dans la forme puissante d’une femme nue le destin et les écrits du grand révolutionnaire : ce sera l’Action enchaînée (bronze), l’un de ses plus célèbres chefs-d’œuvre. Maillol exécute vers 1907 sa Pomone (pierre), ainsi que le Buste de Renoir.

En 1908, le comte Harry Kessler, mécène et pacifiste allemand (1868-1937), prend sous sa protection Aristide Maillol et l’invite à faire en sa compagnie un voyage en Grèce et en Italie. L’Île-de-France est de 1910 ; Flore de 1911, année au cours de laquelle Maillol commence, pour ne l’achever qu’en 1916, son Monument à Cézanne (auj. au musée national d’Art moderne).

En 1913, Kessler, ayant décidé d’éditer à ses frais une traduction nouvelle des Églogues de Virgile, demande à Maillol de l’illustrer de gravures sur bois ; l’artiste accepte, à la condition que lui soit confié entièrement le soin d’élaborer le livre, du papier au choix des caractères et à la mise en pages. Il s’ensuivit la fondation, pour l’agrément des bibliophiles, de la fameuse papeterie de Monval. L’ouvrage ne sera achevé qu’en 1927.

De 1918 à 1922, sans renoncer à la sérénité de son style, Maillol sculpte les monuments aux morts de Céret, de Banyuls et de Port-Vendres. En 1925 paraît le livre que Maurice Denis a consacré à son ami : « En lui se concilient deux traditions successives, le Ve grec et le XIIIe chrétien, deux arts qui ont réalisé des types idéaux d’humanité par la plénitude et la simplicité de la forme. » Maillol disait de lui-même : « Je cherche l’architecture. » Après avoir attentivement dessiné d’après nature, il construisait sa statue hors de la présence du modèle, afin d’y réaliser l’alliance de l’observation et de l’imagination, du réel et du rêve. Au bronze il préférait le marbre, à celui-ci la pierre ou le bois, aux matériaux précieux les matériaux rustiques. Il était demeuré, au fond, un simple paysan : « un Grec de Catalogne », disait-on.

Outre ses statues, il a laissé une cinquantaine de statuettes en terre cuite, une quinzaine de lithographies, a notamment illustré de gravures sur bois Daphnis et Chloé, d’eaux-fortes le Livre des folastreries de Ronsard. Ses dernières sculptures ont été le Monument à Debussy, à Saint-Germain-en-Laye (1935), les Trois Grâces (1936-1938), l’Air (monument Mermoz à Toulouse, 1940), la Rivière (1939-1943) ; Maillol n’a pas achevé l’Harmonie, entreprise en 1942 et par laquelle il entendait signifier le principe essentiel de son œuvre : « La nature n’est qu’harmonies, disait-il ; il suffit, pour être un artiste, d’avoir reçu le don de les ressentir et de savoir, sans le savoir, en communiquer l’émotion. »

Depuis 1964, une importante réunion des statues de Maillol a pu être réalisée dans le jardin des Tuileries, à Paris, grâce à une donation faite par Dina Vierny, l’un de ses modèles.

M. G.

 M. Denis, Aristide Maillol (Crès, 1925). / J. Cladel, Aristide Maillol (Grasset, 1937). / P. Camo, Maillol, mon ami (Éd. du Grand Chêne, Lausanne, 1950). / W. George et D. Vierny, Maillol (Bibliothèque des arts, 1964). / M. Guérin, Catalogue raisonné de l’œuvre gravé et lithographié d’Aristide Maillol (Cailler, Genève, 1966-67 ; 3 vol.). / D. Chevalier, Maillol (Flammarion, 1970).

Maimonide (Moïse)

Rabbin, philosophe et médecin (Cordoue 1135 - Fusṭāṭ, près du Caire, 1204).


Son nom hébraïque est Rabbi Mosheben Maïmon, abrégé en Ramban, et son nom arabe Abū ‘Imrām Mūsā ibn Maimūn ibn ‘Abd Allāh. Fils d’un juge rabbinique à Cordoue, il quitte, avec sa famille cette dernière ville à l’avènement des Almohades. Tous gagnent le Maroc et font, un certain temps, extérieurement profession de foi islamique.

Inquiété à cause de l’aide qu’il apporte à ses frères juifs, Maimonide part pour la Palestine, puis se fixe en Égypte, où il a maille à partir avec les Caraïtes. Obligé de s’établir à Fusṭāṭ, près du Caire, il y fait figure de « Grand Rabbin d’Israël », intervenant notamment en faveur des juifs persécutés du Yémen.

Médecin de la cour des Ayyūbides, il est fait nagid, chef des juifs qui relève du calife, mais détient d’importants pouvoirs religieux et judiciaires.

Son activité est débordante. Ses œuvres traduisent un insatiable désir de « saisir Dieu autant qu’un homme le peut » ; elles tendent toutes à montrer le judaïsme sous un jour capable de fortifier les croyants dans leur foi, et de convaincre même les philosophes de sa vérité.