Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anthropologie physique (suite)

Anthropologie physiologique

Le point de départ de l’anthropologie physiologique a été la découverte des groupes sanguins liée aux problèmes médicaux posés par la transfusion sanguine. Les groupes ABO, caractères d’une fixité remarquable, ne variant ni avec l’âge, ni avec le sexe, ni vraisemblablement avec le milieu, possédant de surcroît une hérédité d’un mécanisme relativement simple, ont été considérés immédiatement comme particulièrement aptes à pallier les difficultés rencontrées à propos des caractères morphologiques.


Groupes sanguins

En 1919, le Polonais L. Hirszfeld constata pour la première fois que, si les quatre groupes O, A, B, AB existaient dans toutes les races, leurs proportions respectives présentaient des différences notables d’une population à une autre. Depuis, les investigations se sont multipliées, et, malgré des variations régionales parfois très amples, on distingue en général six types séro-ethniques : le type européen, défini par des pourcentages moyens de A et de O, avec un taux faible de B ; le type intermédiaire (Arabes, Russes, Turcs), ne différant du précédent que par une élévation sensible de B ; le type asiatique (Chinois du Nord, Indiens, Mandchous, Tsiganes), caractérisé par les plus forts taux de B dans le monde ; le type afro-insulaire (Noirs d’Afrique, Malgaches, Malais, Indochinois), avec des valeurs moyennes de A et de B ; le type amérindien, déterminé par une absence de B et des taux minimes de A ; le type australien, pauvre en B et assez riche en A. L’élément différentiel repose essentiellement, on le voit, sur les variations de A et de B.

Par la suite, on découvrit de nombreux autres facteurs sérologiques : sous-groupes A1 et A2, groupes Rh, MN, Kell, Duffy, Lewis, etc. Leur répartition dans le monde n’étant que partiellement connue, nous n’en indiquerons que les grandes lignes. A2 très élevé en Europe, réduit en Indonésie et en Australie, disparaît dans l’Asie orientale et chez les Amérindiens. Rh négatif, quasi nul chez les Jaunes et les Australiens, s’élève légèrement en Afrique noire, pour atteindre des taux moyens chez les Blancs avec des variations plus ou moins sensibles. M n’a que de faibles fréquences en Australie et en Nouvelle-Calédonie, puis augmente progressivement dans l’Afrique sud-saharienne, l’Europe, l’Asie, pour culminer chez les Indiens d’Amérique.

D’autres éléments du sang, tels les hémoglobines ou les dosages du glucose, du cholestérol et du calcium, nous fourniront certainement, dans un proche avenir, de précieux documents pour la différenciation des populations humaines. Leurs variations posent cependant trop de problèmes d’interprétation aux spécialistes pour qu’on puisse décider actuellement de leur valeur anthropologique exacte.


Métabolisme basal

Le métabolisme, ensemble des transformations chimiques et énergétiques à l’intérieur de l’organisme, aboutit à la production d’une certaine quantité de chaleur, qui se mesure par le métabolisme basai, c’est-à-dire celui d’un sujet à jeun, en état de repos musculaire et nerveux, à la température normale d’équilibre. Bien fixe chez un individu donné, le métabolisme basai varie plus ou moins fortement suivant l’âge, le sexe (plus faible chez les vieillards et les femmes), ainsi que dans certaines maladies, notamment celles qui affectent la glande thyroïde. Or, il apparaît qu’il pourrait subir aussi des modifications en rapport avec le type racial : comparativement aux Blancs, représentant la valeur étalon, le métabolisme basai est relativement élevé chez les Pygmées d’Afrique, les Esquimaux et les Indiens d’Amérique, tandis qu’il s’abaisse sensiblement chez de nombreux Asiatiques et les indigènes d’Australie.

Reste à savoir si ces divergences, parfois grandes, dépendent vraiment du facteur racial. On a invoqué en effet d’autres causes : le régime alimentaire, qui, riche en protides, contribuerait à élever le métabolisme, ou le climat, qui, chaud et humide, produirait au contraire un abaissement. Il se pourrait aussi que le fonctionnement différentiel de certaines glandes suivant la race joue un rôle non négligeable : l’hypothyroïdie, par exemple, provoque une réduction très marquée du métabolisme. Malheureusement, telle explication qui convient pour une population apparaît souvent contradictoire pour une autre, de sorte que, dans l’état actuel de nos connaissances sur la physiologie des groupes raciaux, il s’avère impossible de déterminer avec certitude la part exacte qui revient à la race dans les variations du métabolisme basal.


Régulation thermique et peau

Caractère différentiel de grande valeur au niveau morphologique par sa couleur, la peau présente également des différences d’ordre physiologique, dont la plus importante se rattache à son rôle fondamental dans la régulation de la température interne du corps.

Les grains de mélanine, répartis dans les cellules profondes de l’épiderme, possèdent la propriété d’absorber les radiations ultraviolettes, ce qui explique pourquoi les Noirs sont moins sujets que les Blancs aux insolations. Mais la couleur noire détient aussi la propriété d’absorber plus de chaleur que la couleur blanche. Apparemment, il y a donc un paradoxe dans le fait que ce soient les populations les plus foncées qui vivent sous les climats les plus chauds. Comme on ne constate que de minimes écarts raciaux dans la température interne normale des êtres humains, il faut qu’il y ait chez les Noirs un meilleur mécanisme régulateur que celui des Blancs. C’est précisément ce qui a été observé à l’aide de diverses expériences, morphologiques et physiologiques, qui ont montré par exemple que, dans l’effort physique, la chaleur produite par l’organisme s’élimine mieux chez le Noir que chez le Blanc, cela parce que le premier possède par rapport au second un nombre supérieur de glandes sudoripares, qui sont par ailleurs plus richement vascularisées et produisent une sueur plus abondante. Dans cette lutte contre réchauffement, le Noir est encore aidé plus que le Blanc par une accélération de son rythme respiratoire et par le réseau très serré des capillaires sanguins de sa peau.