Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

machinisme agricole (suite)

Dans un attelage trois points, deux barres inférieures, ou barres de traction, et une barre supérieure, ou barre de poussée, s’articulent sur le tracteur et portent à leurs extrémités libres des rotules perforées d’un trou à l’intérieur duquel vient s’engager l’un des axes de fixation solidaires de l’outil. Les deux barres inférieures d’attelage sont soutenues par des tirants (ou chandelles) liés aux bras du relevage hydraulique. Grâce à ce système articulé, l’outil et le tracteur forment un ensemble unique et, en particulier, l’outil est complètement porté par le tracteur en transport. Le débattement latéral est limité par des chaînes ou par des barres de rigidification.

Le système d’attelage trois points, inventé par l’ingénieur Harry Ferguson vers 1935, s’est généralisé sur tous les tracteurs agricoles. Les dimensions et les positions respectives des barres font l’objet d’une normalisation précise.

Le perfectionnement le plus récent de cet attelage consiste à le munir d’un système semi-automatique permettant la fixation de l’outil sans avoir à descendre du siège du tracteur.

• Le circuit hydraulique
Tous les tracteurs modernes possèdent un circuit hydraulique permettant, entre autres choses, le relevage des outils fixés sur l’attelage trois points.

Très schématiquement, le relevage hydraulique est constitué par deux bras de relevage liés par des chandelles aux deux bras inférieurs d’attelage et actionnés par un vérin hydraulique. Une pompe à huile envoie éventuellement le fluide sous pression dans le vérin par l’intermédiaire d’un distributeur, sorte de robinet à plusieurs voies, commandé par une manette à la portée du conducteur. Le vérin est généralement à simple effet, c’est-à-dire que, pour une position du distributeur, l’huile sous pression agit sur un piston qui commande le relevage de l’outil par l’intermédiaire des bras de relevage ; pour une autre position du distributeur, la chambre étanche du vérin est reliée au réservoir d’huile qui n’est pas sous pression, et le poids de l’outil fait descendre les bras de relevage. Les systèmes commandés par la pression d’huile au relevage comme à la descente de l’outil ne sont guère employés sur les tracteurs.

Ce principe très simple reçoit de nombreuses applications, et la technologie des relevages hydrauliques est relativement complexe. Sans entrer dans les détails, on peut citer quelques dispositions courantes et donner leur principe de fonctionnement.

1. Le contrôle de position. Pour éviter au conducteur un contrôle visuel de la position de l’outil, ce qui serait fastidieux et malaisé, on s’arrange pour que corresponde une position de l’outil et une seule à toute position de la manette de commande sur son secteur de repérage. Cette position peut facilement être retrouvée en travail grâce à une butée réglable.

Tous les tracteurs modernes sont munis de ce perfectionnement.

2. Le contrôle d’effort. C’est un système automatique qui tend, lui aussi, à se généraliser. Très variable, dans sa technologie, selon les marques de tracteurs, il fonctionne suivant un principe assez simple.

On utilise les variations d’efforts rencontrés par l’outil au travail pour donner automatiquement des ordres convenables au relevage hydraulique. Ces variations sont transmises par l’intermédiaire de la barre supérieure d’attelage ou des barres inférieures.

Lorsqu’une charrue entre dans le sol, elle oppose au tracteur une résistance croissante ; les efforts de traction sur les barres inférieures augmentent ; de même, l’outil ayant tendance à basculer autour de l’axe horizontal constitué par les rotules inférieures, l’effort agissant sur la barre supérieure d’attelage se modifie lui aussi. Il est possible de transmettre ces variations par l’intermédiaire d’un ressort taré et d’un jeu complexe de cames et de leviers au tiroir du distributeur de façon à faire réagir le relevage hydraulique dans le sens souhaité. Prenons comme exemple un système sensible aux variations de pression sur la barre supérieure. La charrue entrera dans le sol jusqu’à ce que la compression sur la barre supérieure atteigne une certaine valeur mesurée par le ressort dynamométrique. Cette valeur correspond dans un sol donné à une certaine profondeur de travail ; elle est choisie par le conducteur du tracteur, qui met sa manette de commande dans une certaine position sur un secteur de repérage (cette manette de terrage est généralement distincte de la manette de contrôle de position évoquée plus haut). L’huile est alors emprisonnée dans le vérin, l’outil est porté par le tracteur. Si la résistance du sol varie à cause d’ondulations du terrain faisant soulever l’avant du tracteur et pénétrer la charrue plus profondément, il en résulte, par basculement, une variation de compression sur la barre supérieure d’attelage ; cette variation est transmise au distributeur pour que ce dernier envoie de l’huile dans le vérin afin de soulever l’outil jusqu’à ce qu’on retrouve la valeur initialement réglée de l’effort de traction.

Le fonctionnement est inversé quand les ondulations du terrain tendent à diminuer la profondeur de travail.

Ainsi, en terrain homogène, quel que soit le relief, la profondeur de travail est maintenue automatiquement constante, et la liaison tracteur-outil est toujours optimale du point de vue de l’adhérence des roues motrices.

En terrain hétérogène, même parfaitement horizontal, cette automaticité provoque de légères variations de profondeur de travail, mais il existe des dispositifs atténuant les inconvénients de ces variations, et les hétérogénéités importantes sont toujours connues du conducteur, qui pourra intervenir manuellement sur le réglage.

Sur les systèmes les plus perfectionnés, la sensibilité est réglable (en fonction du poids de l’outil), ainsi que la vitesse de réaction du relevage (en fonction de la résistance du sol).

Le contrôle d’efforts par la barre supérieure d’attelage est généralement employé pour des outils légers, alors que le contrôle par les barres inférieures convient mieux à des outils lourds et longs.