Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Luxembourg (grand-duché de) (suite)

Au total, 50 usines nouvelles ont été implantées entre 1959 et 1970 ; 8 400 emplois ont été créés entre 1962 et la fin de 1971. L’essentiel de la croissance industrielle est dû à ces industries nouvelles (40 p. 100, Goodyear exclu). Ce sont surtout les industries chimiques qui se sont développées, pneumatiques mais aussi plastiques ; elles représentent 70 p. 100 des industries nouvelles ; viennent ensuite les fabrications métalliques (15 p. 100), mais les installations les plus récentes, non comptabilisées dans les chiffres précédents, appartiennent à cette branche.

Les indices suivants rendent compte de cette évolution. Sur la base 100 en 1967, l’indice de la production industrielle s’élevait à 120,5 en 1970 (extraction du minerai de fer : 91 ; industrie sidérurgique : 125 ; industrie du bois : 91 ; industries alimentaires : 103 ; impression et édition : 106 ; fabrications métalliques : 127 ; chimie et parachimie : 161). Le nombre de personnes employées dans la sidérurgie et les minières (22 910) est aujourd’hui bien inférieur à celui des personnes employées dans les autres industries (27 100).

D’autre part, la répartition des emplois dans le pays est moins inégale ; les cantons de Luxembourg ont reçu moins de 1 p. 100 des emplois nouveaux, le canton de Mersch (à cause de l’implantation de Goodyear) en a reçu le tiers ; les cantons de l’Oesling et de sa bordure ont été favorisés. Le canton de Wiltz en a reçu 11,1 p. 100 ; celui d’Echternach, 15,4 ; celui de Diekirch, 9,2.


La place en Europe

Le grand-duché occupe en Europe une position spécifique. Le Luxembourg est la fraction d’Ardenne, l’interfluve, entre les deux vallées de la Meuse et de la Moselle. Ses souverains se sont tournés tantôt vers la Meuse, tantôt vers la Moselle, sans guère atteindre l’une ou l’autre. Le grand-duché actuel ne représente plus que la partie mosellane de cet interfluve. C’est un pays de l’intérieur, un pays à l’écart des vallées. Mais il se trouve heureusement sur d’excellentes voies de terre, routes et voies ferrées. Au sud de l’Ardenne passent les routes de Paris ou Reims vers Trèves et la Rhénanie ; à travers l’Ardenne, toutes les grandes voies convergent vers Luxembourg, de Charleroi, de Namur, de Liège et au-delà, de Londres ou de Rotterdam et se poursuivent vers Bâle et l’Italie. Les routes et voies ferrées restent les voies de communication essentielles ; la Moselle, malgré la canalisation et le développement du port de Mertert, est trop périphérique. Mais le développement récent de l’aéroport de Luxembourg (55 000 passagers en 1960, 627 000 en 1971) est un bon exemple de ce rôle, voulu, de plaque tournante de l’Europe.

À cause de cette position enclavée et aussi de l’exiguïté de son territoire, le grand-duché ne peut rester isolé. En 1842, après beaucoup d’hésitations, il adhéra au Zollverein. En 1919, une union avec la France fut sur le point de se conclure, mais ce fut, en 1922, l’Union économique belgo-luxembourgeoise (U. E. L. B.) qui supprima les douanes entre les deux pays pour la plupart des marchandises et mit les deux monnaies à parité. Puis ce fut le traité du Benelux et, enfin, le Marché commun.

Le Luxembourg a alors souhaité jouer un rôle européen, et sa capitale brigua les fonctions de capitale de la C. E. E. Les facilités d’accès n’étaient pas le seul argument. La population luxembourgeoise est souvent trilingue, elle a des contacts multiples avec l’étranger, et les idées européennes ont souvent été exprimées dans ce pays. (V. Luxembourg [ville].)

Les fonctions bancaires débordent aussi le cadre national. Le grand-duché lance des emprunts internationaux, garde des titres d’euro-emprunts. Le nombre des établissements bancaires est passé de 29 à la fin de 1968 à 41 au milieu de 1971, et, depuis 1965, la banque a créé 1 680 emplois nouveaux, l’équivalent de près de la moitié des emplois créés par l’industrie ; elle occupe 3,4 p. 100 des salariés. Le nombre de valeurs cotées à la Bourse de Luxembourg a quintuplé depuis 1962 et s’élève à 560. La masse des dépôts dans les établissements de crédit et d’épargne a quintuplé de 1960 à 1970.

Les échanges avec l’extérieur sont fondamentaux. Mais la balance commerciale du grand-duché est devenue déficitaire. En 1970, le principal partenaire était l’Allemagne fédérale (39,5 p. 100 des importations et 29,7 p. 100 des exportations), suivie par la Belgique (respectivement 31 p. 100 et 29 p. 100). La part de l’Europe des Six est alors considérable : 92 p. 100 des importations et 75,2 p. 100 des exportations. La base des exportations est, naturellement, formée par les produits sidérurgiques ; mais alors qu’ils en constituaient plus de 80 p. 100 du total en 1950, ils n’en représentent plus que 60 p. 100.

Le niveau de vie est élevé : 270 voitures de tourisme et 315 téléphones pour 1 000 habitants. Mais la croissance économique est lente. Le revenu national par habitant, pour la période 1960-1974, s’est accru de 2,9 p. 100 seulement par an. Le produit intérieur brut, à prix constants, n’a augmenté annuellement en moyenne que de 2,1 p. 100 par an. D’autre part, la vie économique est encore très étroitement liée à la sidérurgie, très sensible à la conjoncture internationale, qu’il s’agisse d’une baisse de la demande ou d’une baisse des prix de l’acier. De ce fait, les pouvoirs publics ont des moyens d’intervention assez limités.

A. G.

➙ Benelux / Europe / Luxembourg [ville].

 A. Demangeon, « Belgique, Pays-Bas, Luxembourg », dans Géographie universelle, t. II (A. Colin, 1927). / G. Baeckeroot, Oesling et Gutland. Morphologie du bassin ardennais et luxembourgeois de la Moselle (A. Colin, 1942). / C. Hemmer, l’Économie du grand-duché de Luxembourg (Impr. Belfort, Luxembourg, 1948-1953 ; 2 vol.). / P. Weber, Histoire de l’économie luxembourgeoise (Impr. Buck, Luxembourg, 1951). / A. Gamblin, Géographie du Benelux (C. D. U., 1960 ; 4 vol.). / F. J. Gay et P. Wagret, le Benelux (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1960 ; 4e éd., 1970). / J. Petit, Luxembourg, plate-forme internationale (Impr. Linden, Luxembourg, 1960). / Le grand-duché de Luxembourg (la Documentation française, « Notes et études documentaires », 1964). / P. George et R. Sevrin, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg (P. U. F., coll. « Magellan », 1967). / C. Hemmer et M. Schroeder, Luxembourg (Impr. Buck, Luxembourg, 1968). / L’Économie industrielle du Luxembourg, 1948-1966 (Luxembourg, 1968). / R. Sevrin, Géographie de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969). / A. Ries, l’Agriculture luxembourgeoise dans le Marché commun (Luxembourg, 1970). / Atlas du Luxembourg (Luxembourg, 1971). / R. Kirsch, la Croissance de l’économie luxembourgeoise (Luxembourg, 1971).
On peut également consulter l’Économie luxembourgeoise (Luxembourg, publication annuelle).