Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lumpenproletariat (suite)

L’ensemble des études sur la pauvreté (le célèbre ouvrage d’Oscar Lewis sur la famille Sanchez au Mexique, les travaux de Jean Labbens en France, les recherches sur la « culture de la pauvreté », etc.), remarquablement analysées par P. Vercauteren, montrent les difficultés d’une prise de conscience collective. Il existe de la part de ces exclus une adhésion aux valeurs urbaines et de consommation et une identification fictive au monde industriel qui rendent impossible une claire perception de leur propre milieu ; celui-ci n’apparaît que comme le lieu et le refuge leur permettant de survivre et de se livrer à ce jeu de fiction. Les actions collectives en tant que sous-prolétariennes sont en effet rares. C’est par rapport au racisme, et non en tant que sous-prolétaires, que les Noirs américains se sont rebellés. Il est remarquable que, dans les mouvements populistes, ceux qu’on appelle les « marginaux » apparaissent en tant que peuple et s’identifient à la nation.

B. M.

 P. Vercauteren, les Sous-prolétaires (Éd. Vie ouvrière, Bruxelles, 1970).

Lune

Satellite de la Terre.



Phases

Seul satellite naturel connu de la Terre, la Lune est aussi de beaucoup le corps du système solaire qui en est le plus rapproché et, pour cette raison, le seul également à laisser apercevoir à l’œil nu le dessin très général de sa surface. Son existence a permis à l’homme de connaître un modèle d’un couple solidaire planète-satellite en mouvement orbital relatif, que l’on retrouve avec chaque planète associée au Soleil, base du système de Copernic.

Le globe lunaire se présente sous un diamètre apparent voisin du demi-degré ; dans la réalité, il mesure 3 500 km environ, un peu plus du quart du diamètre terrestre, de sorte que la Terre contiendrait en volume sensiblement 50 Lunes. La révolution de la Lune autour de la Terre s’accomplit en un peu plus de 27 jours : cette période n’est pas le mois lunaire apparent, qui est la lunaison et qui, avec l’année solaire, est l’une des deux bases fondamentales de la plupart des calendriers.

La lumière solaire réfléchie et diffusée par la Lune, bien qu’elle ne représente que 7 p. 100 de celle qui lui arrive, suffit à en faire l’ornement symbolique des nuits terrestres et de leurs paysages éclairés de sa douce lumière. Elle doit toutes ses représentations, sans compter ses intrusions dans une foule d’images du langage courant, à la succession de ses phases, phénomène essentiel que l’on retrouva sur les planètes dès les premières observations télescopiques que l’on put en faire : un corps obscur par lui-même est éclairé par le Soleil depuis une direction différente de celle d’où l’observateur le regarde ; celui-ci voit donc un demi-globe dont une partie seulement est dans la lumière. Dans le cas de la Lune, comme dans celui des planètes inférieures, l’angle que forment les directions du Soleil et de la Terre vus depuis le corps en cause peut prendre une valeur quelconque, ce qui le fait passer par toutes les phases.

On convient de faire commencer la lunaison quand la Lune est en conjonction avec le Soleil, donc invisible ; c’est la Nouvelle Lune. Son fin croissant apparaît peu après. Au bout d’une semaine, son disque est éclairé exactement à moitié : c’est le Premier Quartier. Puis, suivent la Pleine Lune, le Dernier Quartier et, après un mois de quelque vingt-neuf jours, la Nouvelle Lune suivante.

Les phases voisines de la Nouvelle Lune s’accompagnent du phénomène dit « de la lumière cendrée ». La partie obscure de la Lune reste visible quelques jours de part et d’autre avec une teinte grisâtre, qui lui a valu son nom, et d’un éclat d’autant plus intense que la phase est plus petite. À la lunette et par la photographie, on a pu suivre la lumière cendrée au-delà des quartiers. Ce phénomène est dû à la source lumineuse constituée par la partie de la Terre éclairée par le Soleil, cette partie présentant, vue de la Lune, une phase à tout moment supplémentaire (complément à 180°) de celle de la Lune. Lors de la Nouvelle Lune, il y a donc Pleine Terre, notre satellite recevant un éclairement important d’un disque de près de 2°, et de surcroît beaucoup plus diffusant que le sien ; c’est la lumière cendrée dont la brillance décroît quand la phase de la Lune croît. Aux très petites phases, on distingue nettement, dans la partie obscure de la Lune, non seulement les limites entre mers et montagnes, mais les cratères et les reliefs les plus importants. Au cours de la succession des phases, l’incidence des rayons solaires sur un point donné du paysage varie, ce qui offre à l’observateur des aspects sans cesse renouvelés avec la direction et la longueur des ombres. Avec le Soleil, la Lune est la cause des éclipses et des marées.

L’observation physique de la Lune est très facile ; de simples jumelles montrent déjà les plaines et les montagnes, un grand nombre de cratères, etc. À plus forte raison en a-t-on acquis très tôt une connaissance approfondie avec les instruments de l’astronomie, à ceci près que la moitié de cette surface restait cachée, apparemment sans espoir de la voir jamais. L’ère spatiale a apporté une solution définitive, et, au bout d’un laps de temps particulièrement court, on en a appris sur la Lune dans son ensemble presque autant que l’on en sait sur la Terre elle-même.


Mouvement de la Lune

L’orbite de la Lune se situe dans un plan incliné d’environ 5° sur celui de l’écliptique ; c’est une ellipse peu excentrique, comme la plupart des orbites de planètes ou de satellites, dont le demi-grand axe est de l’ordre de 380 000 km, soit quelque 30 diamètres terrestres seulement. Un premier effet de l’inclinaison de cette orbite est que la Lune ne suit pas dans le ciel étoile la trajectoire du Soleil, qui est l’écliptique, mais peut s’en écarter dans toute une bande de 10° de largeur totale. Aussi, pour un observateur en un lieu donné de la Terre, ses hauteurs méridiennes peuvent excéder dans les deux sens celles du Soleil. À Paris, où les hauteurs extrêmes du Soleil, atteintes aux solstices, sont de 25,4° en hiver et de 72,3° en été, la Lune peut aux mêmes solstices s’élever à près de 78° et culminer à 20° seulement. Un autre effet de l’inclinaison de l’orbite lunaire est de disperser sur l’horizon les points de lever et de coucher de la Lune beaucoup plus largement que ceux du Soleil ; sous les latitudes élevées, on en arrive à des circonstances très curieuses et, dans les régions polaires, la Lune peut se lever ou se coucher n’importe où en azimut. L’équivalent du Soleil de minuit se retrouve aussi, avec une variété beaucoup plus grande des directions et des hauteurs. Si l’inclinaison de l’orbite était nulle ou petite, il y aurait des éclipses à chaque lunaison, comme c’est le cas par exemple sur Jupiter avec ses satellites les plus proches, notamment les quatre galiléens.