Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lübeck (suite)

La ville exerce des fonctions multiples. Elle se caractérise par une intense activité dans les domaines industriel, commercial, portuaire, touristique et culturel. Un tiers des 110 000 actifs sont dans l’industrie : construction de machines, de véhicules, chantiers navals, mécanique de précision, industries alimentaires et chimiques. Bien des industries sont nées des relations extérieures.

La ville hanséatique correspond à la « city » actuelle, habitée par 21 000 personnes seulement et encore en voie de dépeuplement (mais offrant 36 000 emplois). La ville dispose de trois théâtres. La vie culturelle y a toujours été active, bien que l’université ne soit encore qu’embryonnaire.

Le port hanséatique, à proximité de la ville, ne répondant plus aux normes actuelles, un nouveau port s’est établi au nord. En 1970, le trafic des marchandises s’est élevé à 7,2 Mt (dont 6,5 avec l’étranger). Les entrées (respectivement 5 et 4,4 Mt) l’emportent sur les sorties. Bois et papiers de Scandinavie occupent une place de choix ; il s’y ajoute le minerai de fer suédois. Aux exportations, le sel et les voitures particulières dominent. Les ferry-boats et autres navires de passagers assurant le trafic (1,2 million en 1970) avec le Danemark, la Suède et la Finlande montrent que Lübeck a recueilli l’héritage de la Hanse.

P. T. et F. R.

➙ Brême / Hambourg / Hanse.

 H. Planitz, Die deutsche Stadt im Mittelalter (Cologne, 1954). / La Ville, t. II, dans Recueil de la Société Jean Rodin, VII (Libr. encyclopédique, Bruxelles, 1955). / Lübische Mittelalter. Festgabe zum 800 jährigen Bestehen Lübecks seit der Neugründung unter Heinrich dem Löwen, 1159-1959 (Lübeck, 1959). / P. Dollinger, la Hanse, xiie-xviie siècle (Aubier, 1964).

Lubitsch (Ernst)

Metteur en scène de cinéma allemand naturalisé américain (Berlin 1892 - Hollywood 1947).


Ernst Lubitsch entre en 1911 dans la troupe de Max Reinhardt (1873-1943). Ce séjour aux côtés d’un des plus prestigieux magiciens de la scène le marquera profondément. Cependant, sa carrière sur les planches va être relativement courte : quand, en 1915, il monte à l’Apollo Theater de Berlin la revue Die Welt geht unter, il a déjà opté pour le cinéma ; au cours de cette même année, il se voit confier ses premiers films en tant que metteur en scène après avoir amorcé une carrière d’interprète dans plusieurs courts métrages comiques. Son éclectisme ne l’empêche pas d’avouer une certaine prédilection pour le monde de l’opérette, du mélodrame, de la superproduction historique. Ossi Oswalda, Emil Jannings, Pola Negri, Harry Liedtke sont ses interprètes favoris, et Hans Kräly est son scénariste attitré. Les Yeux de la momie (Die Augen der Mumie Ma, 1918), Carmen (1918), la Princesse aux huîtres (Die Austernprinzessin, 1919), Madame du Barry (1919), la Poupée (Die Puppe, 1919), Sumurun (1919), Anne Boleyn (1920) l’imposent aux yeux de ses compatriotes. Mais sa renommée dépasse bientôt les frontières de l’Allemagne. Appelé à Hollywood par Mary Pickford — avec laquelle il tourne Rosita en 1923 —, Lubitsch poursuivra désormais sa carrière aux États-Unis. Il devient peu à peu un éminent spécialiste de la comédie boulevardière avant de triompher au début du parlant dans l’opérette héritée de la tradition viennoise, puis dans la comédie musicale plus spécifiquement hollywoodienne. Léger, élégant, désinvolte, brillant, volontiers cynique, parfois presque grivois, il devient le porte-drapeau d’un cinéma euphorique qui côtoie la sophistication, mais dont le charme à la fois séduisant et agressif emporte l’adhésion de tous les publics. Qu’il s’intéresse à l’univers des aristocrates britanniques, des boutiquiers hongrois ou des bourgeois français — il puise en effet ses scénarios dans un répertoire cosmopolite : Oscar Wilde*, Lajos Biró et Menyhért Lengyel, Victorien Sardou, Maurice Rostand, Meilhac et Halévy —, il n’hésite jamais à ajouter une dimension critique à ces sempiternels chasses-croisés amoureux, à ces escarmouches libertines, à ces joutes pétillantes, où le dialogue compte parfois plus que l’intrigue. De l’Éventail de lady Windermere (Lady Windermere’s Fan, 1925) à Ninotchka (1939), il tourne une quinzaine de films, dont certains resteront dans les mémoires comme les témoignages d’une époque — faussement — insouciante : le Prince étudiant (The Student Prince, 1927), Parade d’amour (The Love Parade, 1930, où apparaît pour la première fois le couple Jeanette MacDonald - Maurice Chevalier), le Lieutenant souriant (The Smiling Lieutenant, 1931), l’Homme que j’ai tué (The Man I killed, 1931), Haute Pègre (Trouble in Paradise, 1932), Si j’avais un million (If I had a Million, 1932 ; deux sketches), Sérénade à trois (Design for Living, 1933), la Veuve joyeuse (The Merry Widow, 1934), Ange (Angel, 1937), la Huitième Femme de Barbe-Bleue (Bluebeard’s Eight Wife, 1938). To be or not to be (1942), percutante satire du nazisme, est probablement son chef-d’œuvre : l’interprétation du jeu dans la vie est poussée ici jusqu’à ses plus extrêmes conséquences ; là où la comédie s’éteint, le drame naît, et la caricature, dans son extravagance même, a des accents profondément amers. Jamais Lubitsch n’a été davantage maître de son style, de son brio de réalisateur comme de son talent de directeur d’acteurs. Après Le ciel peut attendre (Heaven can wait, 1943), le cinéaste, malade, ne tournera plus que deux films : Cluny Brown (1946) et la Dame au manteau d’hermine (That Lady in Ermine, 1947, achevé par Otto Preminger).

J.-L. P.

➙ Allemagne / États-Unis.

 M. Verdone, Ernst Lubitsch (Serdoc, Lyon, 1964). / B. Eisenschitz, « Lubitsch », dans Anthologie du cinéma, t. III (l’Avant-scène, 1967). / H. G. Weinberg, The Lubitsch Touch (New York, 1968). / Ernst Lubitsch, numéro spécial des Cahiers du cinéma (1968).