Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Louvre (musée du)

Musée national français, à Paris, l’un des plus riches du monde. Il est également le siège administratif de la Réunion des musées nationaux.


Le Louvre de Philippe Auguste n’avait été qu’une résidence secondaire. Celui de Charles V, orné de nombreuses statues, contenait déjà des œuvres d’art et une riche bibliothèque. Sous le règne d’Henri IV, le rez-de-chaussée de la Grande Galerie fut partiellement occupé par des artistes et des artisans jouissant de la faveur royale, usage qui se perpétuera jusque sous l’Empire ; dans d’autres parties du Louvre, le roi fit installer ses collections. C’est en 1692 que Louis XIV (qui s’est installé à Versailles en 1678) groupe de même sa collection d’antiques — dont la visite sera autorisée sur demande — dans l’une des salles du palais inachevé. De son règne datent également les Salons de l’Académie* (v. Exposition). Au xviiie s., Diderot, dans l’Encyclopédie, exprime l’idée que le Louvre devrait devenir un « Muséum central des arts » ; le comte d’Angiviller, directeur, sous Louis XVI, des Bâtiments du roi, reprend l’idée, mais celle-ci ne sera réalisée que sous la Révolution.

C’est en vertu de la loi du 6 mai 1791 que les collections de la Couronne entrent au Louvre pour constituer le Muséum central des arts de la République. Ces collections avaient été principalement réunies par François Ier (peintures de maîtres italiens, copies en bronze de sculptures antiques), par Louis XIV (achat des 200 tableaux du banquier E. Jabach, provenant surtout des palais des ducs de Mantoue et de Charles Ier d’Angleterre ; achats et commandes aux artistes vivants) et enfin par Louis XVI (tableaux de maîtres hollandais et flamands). Vinrent ensuite les confiscations révolutionnaires.

Sous le premier Empire, le Muséum central prend le nom de musée Napoléon. À la faveur de ses campagnes, l’Empereur y fait entrer, saisie surtout en Italie, une très importante collection de peintures et de sculptures. Il fallut, après les Cent-Jours, en restituer une partie, mais l’on peut cependant considérer Napoléon comme un des principaux créateurs du musée, qui, à partir de la Restauration, s’appellera définitivement le Louvre. Napoléon III, renouant avec la tradition royale, fait procéder à l’acquisition systématique de grandes collections européennes, notamment celle du marquis G. Campana. L’extension des domaines archéologiques (Mésopotamie, Égypte) et l’achat d’objets d’art (principalement de la Renaissance) déterminent de nouveaux centres d’intérêt et d’étude. Sous les IIIe et IVe République, le Louvre reçoit d’importants dons ou legs : collections His de La Salle, Thiers, Lacaze, Davillier, Boucicaut, Caillebotte, Rothschild, Thomy-Thierry, Moreau-Nélaton, Chauchard, Camondo, Schliechting, Kœchlin, David-Weill, Carlos de Beistegui, Paul Jamot, Paul Gachet, Dina Vierny (sculptures de Maillol* dans les jardins du Carrousel).

Malgré les difficultés d’aménagement d’une demeure royale en un local conforme aux exigences muséologiques modernes, de grandes réorganisations ont été entreprises à partir de 1932. La dernière en date (depuis 1968) doit permettre au visiteur du département des peintures de choisir le circuit des « chefs-d’œuvres », ou celui des « galeries d’études », qui sont en fait des réserves ouvertes au public. Ce n’est qu’en 1961 que les services annexes du ministère des Finances ont libéré l’aile du pavillon de Flore ; entièrement rénovée, celle-ci a pu ouvrir au public, en 1970-71, ses salles de sculptures, de peintures et de dessins. En bordure de la rue de Rivoli, l’aile nord du palais reste occupée par le musée des Arts décoratifs et par le ministère des Finances.

Le musée comporte sept départements, placés chacun sous l’autorité d’un conservateur en chef travaillant en accord avec le directeur du Louvre : antiquités orientales, antiquités égyptiennes, antiquités grecques et romaines, sculptures, objets d’art, peintures, dessins.

Le département des antiquités orientales a pour origine la section assyrienne (1847), augmentée jusqu’à nos jours des résultats des fouilles de Suse, de Mari, de Tello, de Larsa. Les civilisations de Sumer et d’Akkad y sont représentées, ainsi que celles d’Iran, du Luristān, de Palmyre, de Syrie, de Phénicie, de Palestine, auxquelles s’ajoutent celles du monde musulman. Le département des antiquités égyptiennes, de la préhistoire à l’époque romaine, a pour origine la collection du consul anglais H. Salt, acquise par Champollion* en 1826 et augmentée des six mille objets rapportés du serapeum de Memphis par Auguste Mariette, du produit des fouilles effectuées par l’Institut français du Caire et d’un fonds venu, en 1948, du musée Guimet. Le département des antiquités grecques et romaines reflète l’évolution de ces civilisations du IIe millénaire au iiie s. apr. J.-C. ; elles sont représentées par des marbres, mais également par des bronzes, des bijoux, des figurines, des céramiques, des fresques et des mosaïques.

Le département des objets d’art conserve notamment les joyaux de la Couronne et offre une vue d’ensemble sur les arts décoratifs à partir du Moyen Âge.

Le département des peintures donne un riche panorama de l’école française du Moyen Âge au xixe s. ; toutes les écoles européennes y sont représentées, et particulièrement l’italienne. Les salles du Jeu de paume, dans le jardin des Tuileries, sont réservées à l’impressionnisme* ; celles de l’Orangerie, dans le même jardin, abritent les Nymphéas de Claude Monet* et sont utilisées pour des expositions temporaires.

Le cabinet des dessins, au second étage du pavillon de Flore, possède maintenant des cimaises qui révèlent au public, par des expositions successives, la richesse et la diversité de ses collections.

Les nouvelles salles du département des sculptures, au rez-de-chaussée du même corps de bâtiment, permettent à nouveau le déploiement de la sculpture française des origines au xixe s.

En dehors d’une importante bibliothèque, le musée possède un service chalcographique, un service éducatif, qui organise des visites-conférences, et un atelier de restauration. Son laboratoire poursuit l’étude scientifique du fonds des divers départements et travaille également pour les musées de province.

L’École du Louvre, sous la direction du directeur des musées de France, forme des historiens d’art et des conservateurs de musée.