Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Loubas ou Lubas

Ethnie du Zaïre qui occupe les provinces du Kasaï et du Shaba (anc. Katanga), région de savane située au sud de la forêt équatoriale.


Les Loubas font partie d’une aire culturelle qui s’étend du Kasaï au Tanganyika. Mais leur unité est plus culturelle que politique malgré l’adaptation de leur société aux conditions physiques et économiques de la savane. Ainsi au Kasaï, où le système de parenté est patrilinéaire, il n’existe pas d’organisation politique supérieure au village. Dans les régions du Shaba, par contre, le village était formé d’un ou de plusieurs lignages et était dirigé par un chef nommé par un supérieur hiérarchique. Mais l’unité de base de fait est la chefferie, qui regroupe plusieurs villages et que dirige le kilolo (chef territorial). Ensuite, plusieurs chefferies constituent une province, et l’ensemble du royaume est formé de plusieurs provinces. Les autorités de ces différents niveaux dépendaient du roi, mais un certain nombre d’entre elles étaient héréditaires, entre autres les chefferies des « propriétaires du sol ». Tous les chefs nommés étaient balopwe et provenaient des lignages des rois légendaires et fondateurs Kongolo et Kololo. Les dignitaires de la cour royale possédaient des titres qui correspondaient à une fonction, et le roi était doué de pouvoirs surnaturels.

La savane boisée et la savane herbeuse permettent un important développement de la production agricole de céréales (sorgho, maïs, riz, mil) et de légumes (pois, haricots). On pratique la jachère et la rotation des cultures. Depuis la période coloniale, on a assisté à la diffusion de cultures commerciales (café, coton par exemple). L’importance de la production agricole et des échanges explique la richesse matérielle de cette société, qui a connu non seulement une hiérarchie politique improductive, mais aussi un artisanat très sophistiqué, souvent destiné à être le signe du pouvoir.

P. Tempels, dans son ouvrage Bantoe filosofie (1946), a essayé de construire les grandes lignes de la vision du monde de cette ethnie. Son explication en termes de forces et d’énergie vitale, tout en montrant l’aspect systématique et ordonné de la pensée d’une société dite « primitive », avait cependant le défaut de véhiculer les pires philosophies vitalistes occidentales et donc de rendre douteuse la qualité scientifique de la description de la pensée louba.

J. C.

 W. F. P. Burton, Luba Religion and Magic in Custom and Belief (Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, 1961). / S. A. Lucas, Baluba et Almund, étude comparative des structures socio-politiques (thèse, Paris, 1970).

Louis Ier le Pieux ou le Débonnaire

(Chasseneuil 778 - près d’Ingelheim 840), roi d’Aquitaine de 781 à 814, empereur d’Occident de 814 à 840.



Le roi d’Aquitaine

Né d’Hildegarde, seconde épouse légitime de Charlemagne, dont il est le troisième fils, Louis le Pieux est investi du royaume d’Aquitaine dès 781. Il est sacré aussitôt à Rome par le pape Hadrien Ier et s’empare à ce titre, en 801, de Barcelone. L’Aquitaine, augmentée de la Gascogne, de la Septimanie, de la Provence et de la « Bourgogne » occidentale, constitue le cœur des territoires que l’empereur lui attribue par le partage de 806.


Un empereur chrétien

La disparition prématurée de ses deux frères aînés, Charles et Pépin, lui permet de se faire attribuer l’Empire lors de l’assemblée des Grands réunie à Aix-la-Chapelle en septembre 813. Couronné alors par Charlemagne lui-même, Louis Ier le Pieux affecte dès le décès de son père en 814 de ne se prévaloir que de son seul titre impérial. Ainsi, il maintient la dépendance étroite des royaumes subordonnés d’Italie (dont a été investi en 813 Bernard, fils de Pépin), de Bavière et d’Aquitaine (créés dans l’été 814 au bénéfice de ses deux fils aînés : Lothaire et Pépin).

Louis le Pieux est persuadé que son pouvoir vient de Dieu pour l’« utilité commune » et le « commun salut » de tous ; il réintroduit en Occident l’idée de respublica, dès lors qualifiée de christiana, c’est-à-dire d’État chrétien qui sert de cadre matériel à l’action de l’Église, sur laquelle il s’appuie ; en même temps, et dans le même esprit, il contribue à l’essor de la renaissance carolingienne, dont le foyer demeure jusqu’en 832 l’école du palais.


Le maintien de l’empire unitaire (814-829)

Substituant dès son avènement en 814, aux anciens conseillers de son père (Adalard, Wala), des Aquitains de son entourage tels que le chancelier Helisachar et le moine Benoît d’Aniane, Louis le Pieux protège l’Église, à laquelle il accorde généralement l’immunité. Mais il entreprend également de réformer celle-ci, imposant lors des conciles réunis à Aix-la-Chapelle en 816, 817 et 818-19 l’adoption respective, par le clergé régulier et par celui des cathédrales, des règles de saint Benoît d’Aniane et de saint Chrodegang. En même temps, il s’affirme le protecteur de la papauté, confirmant dès 816 par le pactum Ludovici de Reims l’existence de l’État pontifical. Sacré alors par le pape Étienne IV, il montre au clergé par le capitulaire de 819 l’inviolabilité de ses biens et la liberté des élections épiscopales.

Par l’Ordinatio Imperii de 817, Louis le Pieux décide par ailleurs de régler sa succession au seul profit de son fils aîné, Lothaire, alors proclamé empereur et à qui est reconnue à terme une haute autorité sur ses frères puînés, les rois d’Aquitaine et de Bavière, et sur son cousin Bernard d’Italie. Celui-ci s’étant révolté, Louis le Pieux lui fait crever les yeux et incorpore, après sa mort en 818, son royaume à celui de Lothaire.

L’empereur s’efforce d’unifier le droit et la législation de l’Empire. Il publie de nouveaux capitulaires, réunis en recueil par l’abbé de Fontenelle, Ansegise, et visant à atténuer la personnalité des lois, dont l’archevêque de Lyon, Agobard, dénonce l’absurdité. À la suite du décès en 821 de Benoît d’Aniane, Louis le Pieux subit de plus en plus étroitement l’influence d’Agobard, qui contraint en 822 l’empereur et les évêques à la pénitence publique et collective d’Attigny en réparation des sanctions prises contre Bernard et ses partisans.