Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lotto (Lorenzo) (suite)

Le trait le plus marquant de son caractère est une sorte d’insatisfaction, d’inquiétude perpétuelle qui l’incite à changer de ville, de logement, d’amis et même de style, car Lotto, peintre éclectique dans le bon sens du terme, est toujours à la recherche de nouvelles formes d’expression et, s’il emprunte beaucoup, il transcende toujours. Les premiers documents concernant sa vie vagabonde datent de 1503 ; il est alors à Trévise, et sa réputation doit s’affirmer très rapidement, car, en 1506, les dominicains de Recanati, dans les Marches (pour lesquels il a déjà travaillé dans son adolescence), lui commandent le grand polyptyque, terminé en 1508, qui se trouve maintenant au musée de la ville. Les œuvres de cette première période, tel le portrait de l’évêque Bernardo De Rossi (1505, galerie de Capodimonte à Naples), ont déjà beaucoup d’autorité. Le Saint Jérôme dans le désert (Louvre, 1506) révèle une poésie, un sens tragique de l’espace où l’on pressent des influences germaniques : Grünewald* ou bien Dürer, qui séjourne deux fois à Venise à cette époque. En 1508, Lotto se trouve de nouveau à Trévise ; à la fin de l’année, il est à Rome avec la première équipe d’artistes chargée de décorer les Stanze du Vatican, avant que Jules II ne décide de confier l’ensemble à Raphaël*. Ce dernier lui inspire les fadeurs qui gâtent la Mise au tombeau du musée de Iesi (1512). Le peintre est alors revenu dans les Marches après avoir, peut-être, visité la Toscane, dont le style marque le Portrait d’un joaillier (coll. priv., Suisse), et la Lombardie, car certaines de ses Vierges ont un charme léonardesque.

Quelques années de stabilité succèdent à cette vie errante. Lotto se fixe à Bergame en 1513 ; sa puissance créative éclate avec les grandes pala de Santo Spirito (1521) et de San Bernardino (1523), bruissantes de l’envol des anges, dans les grâces du Mariage mystique de sainte Catherine (1523, Accademia Carrara, Bergame), dans l’acuité psychologique des portraits comme dans l’onirisme poétique qui caractérise les Histoires de sainte Barbe et de sainte Claire (1524), peintes à fresque dans la chapelle Suardi, près de Trescore Balneario, et les scènes bibliques en marqueterie (1523-1525) créées pour Santa Maria Maggiore de Bergame.

Les Vénitiens de sa génération tiennent pour provincialisme les constructions sévères, les pâles harmonies de rose et de gris, la lumière froide des œuvres de Lotto : ils méconnaissent son art. Le peintre exécute cependant quelques pala vénitiennes : la Glorification de saint Nicolas da Tolentino (1529) pour l’église des Carmes et Aumônes de saint Antoine (1542) pour Santi Giovanni e Paolo. Résidant de façon irrégulière à Venise entre 1540 et 1549, il poursuit des travaux dans les Marches (Iesi, Recanati), passe ensuite trois ans à Ancône et meurt à Lorette, où, depuis 1554, il est oblat de la Santa Casa, vieux, malade, oublié, mais peignant encore sans faiblesse la Présentation au Temple du Palazzo Apostolico.

Lotto se rattache au passé par son langage symbolique ; roses effeuillées et lézard, signes de la fragilité de la vie, dans le Portrait d’un jeune homme de l’Académie de Venise (v. 1526) ; effroi du chat (animal satanique pour tout le Moyen Âge) dans l’Annonciation de Recanati (v. 1527). Mais le raffinement des tonalités, la pureté cristalline de la lumière, le mystère des paysages ont chez lui un accent très moderne, et la sensibilité contemporaine aime son goût de la dramatisation, ses figures pensives, l’humilité terrifiée de ses Vierges, la fascination autoritaire de ses anges.

S. M.

 B. Berenson, Lorenzo Lotto (New York, 1895). / A. Banti, Lorenzo Lotto (Florence, 1953). / M. Seidenberg, Die Bildnisse des Lorenzo Lotto (Lörrach, 1964). / R. Palluchini et G. Mariani-Canova, l’Opera completa di Lotto (Milan, 1975).

louage

Contrat* par lequel une personne s’engage — moyennant un prix convenu — à mettre une chose à la disposition d’une autre personne (louage de choses), à effectuer un ouvrage déterminé pour le compte de quelqu’un (louage d’ouvrage) ou à mettre son activité professionnelle à la disposition d’un employeur (louage de services, aujourd’hui « contrat de travail »).


Le louage de choses a pour but de procurer temporairement au locataire la jouissance d’une chose louée qui ne lui appartient pas. Le Code civil oppose assez nettement le louage de choses immobilières et le louage de choses mobilières ; il ne se préoccupe d’ailleurs surtout que du louage d’immeubles. Mais de nombreuses lois sont venues modifier le statut de louage et en bouleverser la physionomie (pour le contrat de travail, v. travail).


Le contenu traditionnel du contrat de louage d’immeubles

Si, d’une manière générale, le louage est exempt de conditions de forme particulières, dans des textes, généralement non impératifs, le Code civil réglemente les louages de maisons (bail à loyer) et de terres d’exploitation* agricole (bail à ferme, avec les deux variantes : le fermage [prix de location en argent] et le métayage [prix de location en nature]). Ces contrats doivent, bien entendu, obéir aux conditions générales de validité de tout contrat (consentement, capacité*, objet et cause). Plus spécifiquement, le contrat de louage fait naître des obligations réciproques à la charge du bailleur et du locataire, et cela pendant un temps déterminé.


Les obligations du bailleur

Elles sont au nombre de trois : obligation de délivrance, d’entretien et de garantie. Tout d’abord, le bailleur doit délivrer la chose au locataire en bon état et avec tous ses accessoires. Il doit maintenir cette chose en état pendant tout le temps de la location, de façon que le locataire ait l’usage de la chose louée. Cette obligation d’entretien connaît, cependant, certaines limites : si le bailleur doit effectuer les grosses réparations, il n’est tenu ni des « menues réparations » d’entretien (réparations locatives), ni de la « reconstruction » lorsque la chose a été détruite partiellement ou totalement. Enfin, le bailleur doit assurer au locataire une jouissance « utile » de la chose louée, cela expliquant qu’il est garant des vices qui peuvent affecter l’usage auquel la chose était destinée, et une jouissance « paisible », ce qui contraint le bailleur à garantir le locataire contre certaines évictions.