Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lorraine (suite)

Sous l’impulsion du roi René II et de ses successeurs immédiats, le goût italien va caractériser dès la fin du xve s. le palais ducal de Nancy* ainsi que, par exemple, l’église de Briey et l’hôtel de l’Escale à Bar-le-Duc. Pourtant, le plus grand artiste lorrain, au xvie s., va largement échapper aux séductions de l’italianisme : c’est le sculpteur Ligier Richier*, auteur de ce chef-d’œuvre de réalisme pathétique qu’est le Transi dressé de la collégiale Saint-Pierre à Bar-le-Duc (monument funéraire de René de Chalon).

Le xviie s. lorrain, profitant, comme toute l’Europe d’alors, des leçons italiennes, est particulièrement fécond dans le domaine graphique et pictural. À côté de Jacques Callot*, de Georges de La Tour*, de Claude Lorrain*, il faut citer parmi leurs plus remarquables contemporains le peintre Claude Deruet (1588-1660), le peintre-graveur Jacques Bellange (1594-1638) et aussi une série d’artistes qui ont fait à Paris tout ou partie de leur carrière : Georges Lallemand († 1635), dans l’atelier duquel passèrent bien des peintres célèbres, le portraitiste Jean Nocret (1615-1672), les médailleurs Nicolas Briot (1579-1646, apparenté au ciseleur et potier d’étain François Briot) et François Chéron (1635-1698), les graveurs Israël Silvestre (1621-1691) et Sébastien Le Clerc (1637-1714), ainsi que Jean Berain*, le brillant décorateur des opéras de Lully.

Si la fin du xviie s. se signale en architecture par les fortifications de Vauban* (Toul, Phalsbourg), le xviiie s’ouvre sur la construction du « Versailles lorrain », le château de Lunéville, élevé de 1702 à 1706 pour le duc Léopold ; Germain Boffrand*, son architecte, mènera en Lorraine de nombreux autres chantiers. C’est à Jacques François Blondel que sont confiés les embellissements de Metz, tandis que Robert de Cotte* construit le palais épiscopal de Verdun. Pour Nancy, Stanislas Leszczyński fait appel à Emmanuel Héré, natif de la ville (1705-1736), qui compose le gracieux ensemble classique de la place de la Carrière et de la place Stanislas. Collaborateur, puis successeur de Héré, un autre Nancéien, Richard Mique (1728-1794), deviendra à Paris Premier architecte du roi et travaillera pour Marie-Antoinette, tandis que son compatriote Joseph Ducreux (1737-1802) sera le Premier peintre de la souveraine. Parmi ces artistes lorrains dont s’enrichit l’école française, il convient de signaler les frères Adam*, sculpteurs d’esprit rocaille, leur neveu Clodion* ainsi que deux miniaturistes, François Dumont (1751-1831) et Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), le portraitiste de la famille impériale.

Dans le domaine des arts décoratifs sont à signaler, outre les célèbres verreries*, les faïences de Lunéville au xviiie s. et l’imagerie* d’Épinal au siècle suivant, que couronne le mouvement moderniste de l’école de Nancy, autour de Victor Prouvé (1858-1943). En 1892 naissent en Lorraine le futur peintre et cartonnier de tapisserie Jean Lurçat* et l’affichiste Paul Colin ; les architectes Jean Prouvé (né en 1901), fils de Victor, et André Lurçat (1894-1970), frère de Jean, allongent brillamment cette liste des artistes français originaires de Lorraine.

M. G.

 Visages de la Lorraine (Horizons de France, 1950 ; nouv. éd., 1966). / J. Choux et A. Riff (sous la dir. de), Art populaire de Lorraine (Istra, 1966).


La Lorraine marche militaire

Commandant par les Côtes de Moselle et de Meuse les accès du Barrois, de la Champagne et de l’Île-de-France, la Lorraine constitue entre la Sarre et la Meuse une marche qui fut le théâtre ou l’enjeu de nombreuses campagnes. Verdun et Nancy en sont les points forts, tandis qu’Épinal, Toul, Metz et Thionville forment autant de môles que la Moselle relie comme une courtine. Sans parler des siècles anciens, la Lorraine fut spécialement éprouvée par les trois guerres où, en moins d’un siècle, s’opposèrent la France et l’Allemagne. En 1870, les échecs français à Forbach, à Gravelotte et à Saint-Privat, le siège et la capitulation de Metz annonçaient le partage provisoire de la Lorraine entre les deux pays. Une frontière artificielle était créée, que chacun des deux adversaires voulut fortifier : ainsi naquirent les camps retranchés d’Épinal, de Toul et de Verdun, les ouvrages de Troyon et du camp des Romains, de Frouard et de Pont-Saint-Vincent, et, du côté allemand, le système des Feste de Metz, couvrant les Hauts de Moselle. La Première Guerre mondiale s’ouvre sur le champ de bataille de Morhange et du Grand-Couronné de Nancy ; elle se joue dans le drame de Verdun et laisse sur le sol lorrain le souvenir des terribles combats des Éparges, d’Apremont, de Saint-Mihiel, de Montfaucon, etc. En 1940, c’est la défense, puis l’évacuation, après l’armistice, de la ligne Maginot, que les Allemands n’avaient pratiquement pas attaquée ; en 1944, la bataille pour Metz (8 nov. - 13 déc.), conduite par la IIIe armée américaine de Patton, livre la ville aux Alliés le 21 novembre, mais ceux-ci doivent encore lutter trois semaines pour maîtriser la résistance des Allemands dans les forts.

R. T.

➙ Franco-allemande (guerre) / Guerre mondiale (Première) / Guerre mondiale (Seconde).

Los Angeles

V. des États-Unis, dans le sud de la Californie, sur le Pacifique.


Avec ses satellites, Los Angeles constitue la deuxième agglomération urbaine des États-Unis, la sixième du monde (7 millions d’hab. ; 9,6 millions en comptant les zones métropolitaines d’Anaheim et de San Bernardino, ce qui la placerait au troisième rang mondial). C’est aussi une des plus étendues : 130 km de Santa Monica à l’ouest à San Bernardino à l’est ; plusieurs avenues rectilignes mesurent 30 km (comme Vermont Avenue et Western Avenue) ; l’aire urbanisée couvre 8 000 km2, l’équivalent d’un grand département français.