Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lorenzetti (les) (suite)

Les fresques de San Francesco de Sienne (1324-1327) ont un caractère giottesque plus affirmé ; d’une grande aisance, elles élargissent les limites de l’art d’Ambrogio en y apportant un souffle animé, un ton plus dramatique. Dans les Histoires de saint Nicolas de Bari (v. 1332, Offices), le peintre intègre la nature dans son espace pictural (scène maritime) et multiplie les trouvailles iconographiques. Artiste à la pointe des recherches du temps, il influence à cette époque des peintres florentins comme Bernardo Daddi.

Le plus beau témoignage de son œuvre est la fresque monumentale du Palais public de Sienne, les Allégories et effets du bon et du mauvais gouvernement à la ville et à la campagne (1337-1339). Ambrogio n’y apporte aucune révolution picturale, mais il exploite tous ses dons poétiques et intellectuels en maniant parfaitement la technique de la fresque.

La grande Vierge en majesté peinte avec un art consommé pour la loggia du même Palais public (1340) permet de dater la Madonna del Latte (séminaire de San Francesco, Sienne), chef-d’œuvre sur le plan de la forme et de l’expression, et la Madone entourée d’anges et de saints de la pinacothèque de Sienne. Dans la Présentation au Temple (1342, Offices), tous les éléments narratifs tendent à rendre intense et solennelle la prédiction du vieux Siméon. Les recherches spatiales atteignent ici l’illusionnisme et le fantastique, en même temps que la structure des personnages témoigne d’un goût pour les formes calmes et tranquilles qui se retrouve dans l’Annonciation de la pinacothèque de Sienne (1344). Comme son frère, Ambrogio disparaît certainement au cours de la peste de 1348.


Un renouveau siennois

Au début, Pietro et Ambrogio Lorenzetti prennent des directions différentes, bien que s’appuyant tous deux sur la connaissance de Giotto et de la sculpture toscane. Pietro a un sens très personnel du drame ; Ambrogio est plus détendu. Tous deux jouent avec bonheur, dans une unité de vision parfaite, des constructions de la perspective médiévale. L’un et l’autre créent des personnages calmes, pyramidaux, qui s’opposent à l’architecture. Ils ont le même souci expressif — Ambrogio décrivant très subtilement une grande variété de dispositions psychologiques — et cherchent la même ouverture vers les aspects du monde contemporain. Sur le plan pictural, la manière est plus large chez Pietro, plus riche d’effets plastiques chez Ambrogio, mais tous deux tendent à la création d’un langage clair, d’un nouveau classicisme. Grâce à eux, l’influence de Sienne* sera déterminante dans la définition d’un art ni byzantin ni gothique, mais typiquement italien.

F. P.

 G. Sinibaldi, I Lorenzetti (Florence, 1933). / G. Rowley, Ambrogio Lorenzetti (Princeton, N. J., 1958 ; 2 vol.). / E. Carli, I Lorenzetti (Milan, 1960). / E. Borsook, Ambrogio Lorenzetti (Florence, 1966).

Lorient

Ch.-l. d’arrond. du Morbihan ; 71 923 hab. (Lorientais). L’agglomération compte environ 110 000 habitants.


Lorient est la première ville du Morbihan, le troisième pôle de développement de la Bretagne, après Rennes et Brest.

La ville est située sur la rive ouest de l’estuaire formé au confluent du Scorff et du Blavet. L’étroit passage de la ria s’ouvre en face de l’île de Groix, constituant un excellent abri, d’accès facile. Lorient n’est pas une ville ancienne ; seul existait à l’entrée de la rade un petit village de pêcheurs, Blavet, qui, par sa situation stratégique, devint sous Louis XIII la citadelle de Port-Louis. Dans la seconde moitié du xviie s., une ordonnance royale accorda à la Compagnie des Indes orientales l’utilisation de terrains incultes près de l’embouchure du Scorff. C’est là que naquirent les chantiers de l’Orient, qui devaient donner son nom à la ville.

Du fait de la prospérité de son commerce, Lorient passait de 6 000 à 20 000 habitants entre 1700 et 1750. Après la ruine de la Compagnie des Indes, les entrepôts furent rachetés et transformés en arsenal. Lorient devint un port de guerre ; l’arsenal ne cessa de s’étendre.

Au xxe s., Lorient n’était plus qu’un port de guerre secondaire s’occupant de réparations et de constructions de navires. Sa population passait de 26 819 habitants en 1861 à 44 082 en 1901, essentiellement par l’agrandissement de son territoire communal. Port de commerce, port de guerre, Lorient devint aussi port de pêche. Né d’une décision gouvernementale, ce port artificiel construit à Kéroman (1927) devait, dix ans plus tard, devenir le deuxième port de pêche français, donnant à la ville un nouvel essor. Les destructions de la Seconde Guerre mondiale furent très importantes, mais Lorient retrouva vite sa population d’avant 1940 (47 095 hab. en 1954). Sa croissance urbaine ne cessa de s’affirmer, surtout entre 1954 et 1962. L’agglomération actuelle englobe Lanester, Ploemeur et Larmor-Plage.

Une base de sous-marins, un arsenal et des chantiers de constructions constituent les principaux aspects du port militaire. Le port de pêche de Kéroman possède 1 700 m de quais et 12 000 m2 de magasins et de criée, mais souffre d’être limité dans son extension par la base sous-marine et le port de commerce. Ce dernier dispose de 64 ha, presque totalement occupés ; le complément d’une anse et la construction d’un terre-plein a permis l’allongement des quais d’accostage. Le trafic du port s’élevait en 1975 à 1,5 Mt (dont 65 000 t de poisson). Lorient est aujourd’hui le deuxième port de pêche français, après Boulogne-sur-Mer et avant Concarneau. Les importations d’hydrocarbures et d’aliments du bétail sont en nette augmentation, ainsi que les exportations de kaolin, exploité à Ploemeur. L’activité portuaire est toutefois limitée par l’étroitesse de l’entrée de la rade et par sa profondeur : le port de commerce ne permet d’accueillir que des bateaux dont le tonnage est inférieur à 25 000 t. Des travaux de déroctage et de dragage ont, cependant, permis d’améliorer l’entrée de la rade.