Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Londres (suite)

Les espaces verts occupent encore de vastes étendues : terrains de jeux, parcs, bosquets, terres agricoles, en plus des jardins individuels. Cette auréole correspond à peu près à la zone verte délimitée en 1955-1957, où les autorisations de construire ne sont obtenues que très difficilement. La croissance démographique de l’agglomération ne peut plus s’effectuer, désormais, qu’au-delà de la zone verte.


L’auréole externe

Elle n’appartient plus au comté du Grand Londres, mais s’étend sur les comtés voisins d’Essex, de Hertfordshire, de Buckinghamshire, de Berkshire, de Surrey, de Kent. Elle n’en reste pas moins sous l’étroite dépendance de la métropole, tant par les rapports quotidiens très intenses qu’elle entretient avec elle que par le rapide accroissement de sa population, dû essentiellement à l’afflux des Londoniens.

Une loi de 1946 donnait à l’État le pouvoir de construire à ses frais huit villes nouvelles autour de Londres pour recevoir une partie de l’excédent de la population londonienne. Les habitants devaient trouver sur place non seulement leur logement, mais aussi leur emploi, pour éviter les inconvénients du va-et-vient quotidien entre l’un et l’autre, ainsi que les commodités sociales nécessaires. Ces villes nouvelles, Crawley, Basildon, Harlow, Hatfield, Welwyn Garden City, Stevenage, Hemel Hempstead, Bracknell, remarquables par la qualité de leur urbanisme, abritent ensemble 500 000 habitants en 1972 et ont une large gamme d’emplois industriels (surtout des industries légères) et tertiaires (bureaux décentralisés). La plupart des nouveaux habitants, originaires de Londres, appartiennent à la « nouvelle classe moyenne » des techniciens et de l’élite ouvrière. Cette expérience a eu un grand retentissement dans le monde entier.

Toujours dans le but d’alléger les densités des agglomérations surpeuplées, une loi de 1952 a mis en place une procédure d’accords entre grandes villes « exportatrices » de population et petites villes réceptrices, l’État prenant à sa charge une partie seulement des frais de transfert. Londres a largement profité de cette loi, en passant des accords avec 32 autorités locales du Sud-Est anglais pour la construction de 90 000 logements. La plupart de ces petites villes sont au-delà de l’aire des migrations quotidiennes de travail. Le transfert des Londoniens s’est souvent accompagné d’une refonte du centre de la ville réceptrice.

Enfin, en 1967-68, l’État a lancé trois autres villes nouvelles (à vrai dire de vastes adjonctions à des villes préexistantes) : Milton Keynes, Northampton et Peterborough. Elles sont à plus grande distance de Londres que les villes nouvelles de la première génération et devraient échapper plus aisément à l’attraction londonienne. Leur objectif de population prévu pour la fin du siècle est de 200 000 à 250 000 habitants chacune (au lieu de 50 000 à 120 000 pour les huit premières villes nouvelles). Les premiers expatriés commencent à s’y installer. La création d’autres villes de grande taille n’est pas à exclure.

En dépit de cet effort des autorités locales et de l’État en faveur de la redistribution de la population londonienne, la majorité des partants, ne comptant que sur eux-mêmes, se dirigent vers les quartiers résidentiels édifiés dans tout le sud-est de l’Angleterre par l’entreprise privée. Presque toutes les villes de la couronne externe connaissent des accroissements de population très rapides : Slough a 66 000 habitants en 1951 et 87 000 en 1971 ; High Wycombe, 40 000 et 60 000 ; Bletchley, 11 000 et 30 000 ; Luton, 113 000 et 161 000 ; Brentwood, 29 000 et 58 000 ; Maidstone, 54 000 et 70 000 ; etc.

L’influence de Londres imprègne profondément tout le sud-est de l’Angleterre. L’aire de recrutement quotidien des travailleurs s’étend au nord jusqu’à Cambridge, à l’ouest jusqu’à Reading, à l’est jusqu’à la côte de la mer du Nord, au sud jusqu’à la côte de la Manche. Des gares très éloignées de Londres ont dû aménager de vastes aires de stationnement où les commuters (migrants quotidiens) laissent leur automobile avant de prendre le train ; ceux-ci la retrouveront au retour le soir. Plus de 100 trains de voyageurs circulent sur une douzaine de lignes de grande banlieue ; la seule Région sud des chemins de fer britanniques, où l’électrification est avancée, transporte près de 700 000 commuters par jour. Les jours fériés, les automobiles privées et les nombreux autobus d’agrément des « Green Lines » diffusent les promeneurs vers une foule de sites agrestes, de plages, de stades et de terrains de jeux.

La plupart des usines et des bureaux décentralisés hésitent à s’éloigner de plus de 80 km de leur site initial et restent donc dans la région londonienne. Les Londoniens les plus riches n’hésitent pas à placer une partie de leur fortune dans une ferme qui leur sert de résidence : la moitié des exploitations agricoles du Buckinghamshire sont mises en valeur par de faux ruraux, qui ont leur emploi principal à Londres. Il semble que Londres colonise le Sud-Est anglais, en y plaçant sa population excédentaire, en y fixant des emplois et même en accaparant les exploitations agricoles.

L’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne et l’éventuel creusement d’un tunnel sous la Manche ne peuvent que renforcer le pouvoir d’attraction de la plus grande agglomération de l’Europe de l’Ouest.

C. M.

➙ Angleterre / Grande-Bretagne.

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