Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Londres (suite)

Il en est de même pour l’édition et l’imprimerie : 140 000 emplois, la moitié du total britannique. Le quartier des journaux est très concentré à Fleet street, une rue qui joint Westminster, d’où viennent les nouvelles politiques, et la City, source d’informations économiques. L’édition et l’imprimerie de labeur sont plus dispersées dans le West End, la City, près de l’université et à Southwark.

Quantité d’autres industries exigeant une main-d’œuvre exercée, beaucoup de soin et peu de matière première ont une localisation centrale : la ganterie, la chapellerie, la parfumerie, la maroquinerie, les fourrures, l’horlogerie, les industries pharmaceutiques, les instruments scientifiques et médicaux, les appareils ménagers, les petites pièces d’automobile, etc.

Enfin, les villes de la proche banlieue aujourd’hui comprises à l’intérieur du comté du Grand Londres ainsi que les villes de la couronne externe ont connu entre les deux guerres mondiales et après la seconde un très grand développement industriel, en particulier dans le quadrant nord-ouest de l’agglomération. Tout un ensemble de facteurs favorables explique cette soudaine profusion d’industries.

La crise économique des années 1920-1930 (chômage, mévente, faillites) toucha surtout les vieilles « régions noires » du royaume ; des centaines de milliers de chômeurs originaires d’Écosse, de Galles et du nord de l’Angleterre affluèrent dans la région londonienne, où la situation de l’emploi était meilleure. Les industries modernes de biens de consommation, qui faisaient alors leur apparition, se dirigèrent au-devant de cette main-d’œuvre disponible. Une localisation dans le nord du royaume ne s’imposait pas pour elles : elles demandaient leur énergie à l’électricité plus qu’au charbon et souhaitaient s’établir à proximité du marché londonien, exigeant, mais riche et diversifié. Pour desservir les marchés de province, elles disposaient d’excellentes voies de communication : tout un éventail de routes et de voies ferrées se déployait de la vallée du Kennet à celle de la Lea et, pour donner du travail aux chômeurs, les autorités faisaient construire de nouvelles artères (Western avenue, Great West road) ; ces routes à peine achevées, des usines s’édifiaient de part et d’autre. On pouvait acquérir à bas prix les terrains nécessaires, quantité de fermiers et de maraîchers ruinés par la crise étant trop heureux de se défaire de leurs champs. D’anciens dépôts de munitions de la Première Guerre mondiale (Park Royal), les pavillons de l’exposition coloniale de 1924 (Wembley), un dépôt de camions de l’armée (Slough) pouvaient aussi faire l’affaire.

De là l’extraordinaire concentration d’industries, la plus importante de tout le royaume, à Hendon, Willesden, Wembley, Brentford, Hayes, Southall, Uxbridge, Slough, Staines, etc. Ces industries jeunes appartiennent surtout à la catégorie des industries légères, produisant à la chaîne ou en série pour un marché de masse : aliments empaquetés, machines-outils et appareils électroménagers à Wembley, pièces d’automobile à Southall, montage d’autobus à Hayes, produits d’entretien à Slough, appareils photographiques et films à Harrow.

Il en est de même dans les banlieues plus lointaines : mobilier de série à High Wycombe, cigarettes à Basildon, imprimerie à Welwyn, armement à Stevenage, construction automobile à Luton et à Dunstable, constructions aéronautiques à Weybridge, à Hatfield et à Borehamwood. Toutes ces industries distribuent des salaires qui sont parmi les plus élevés du pays.


Les fonctions commerciales et financières

Ces fonctions très anciennes se sont concentrées dans la City au point d’en expulser presque complètement les habitants : la City avait 128 000 habitants en 1801, 50 000 en 1851, 11 000 en 1931, 4 234 en 1971. Là se trouve le plus grand rassemblement de bureaux et d’installations commerciales d’Europe ; il n’est dépassé dans le monde que par celui de Wall Street à New York.

À la périphérie de la City se tiennent les marchés destinés à l’approvisionnement de la région londonienne — marchés aux viandes (Smithfield), aux fruits et légumes (Covent Garden), aux volailles (Leadenhall), aux poissons (Billingsgate) — et les marchés sur échantillons pour une clientèle nationale et internationale : marchés aux métaux non ferreux (Metal Exchange), aux denrées tropicales (Commodity Exchange), aux fourrures (Beaver House), aux diamants (Hatton Gardens). Le fret maritime et le fret aérien ont leur marché au Baltic Exchange.

Le cœur de la City, un carré de 1 km de côté, s’est réservé le marché de l’argent, des actions, la distribution du crédit et des assurances. Là se rassemblent la Banque d’Angleterre, la Bourse des valeurs, le marché de l’or en lingots, les banques étrangères (210 banques mondiales ont leur siège social ou une succursale à Londres), l’assurance maritime (Lloyd’s), les autres types d’assurance et l’assurance vie, les bureaux des courtiers, des firmes d’import-export, des firmes de conseil, etc.

Faute de place dans la City, les fonctions bureaucratiques les plus récentes débordent sur les quartiers voisins, comme Holborn, et certaines (syndicats patronaux, agences de tourisme, de publicité) tendent à gagner le West End ; d’autres (bureaux d’ingénieurs-conseils, fonds de retraite) se sont même installées dans certaines villes de la banlieue sud, comme Croydon, Guildford ou Epsom.


Les fonctions culturelles

Dans le domaine culturel, la prééminence de Londres est aussi écrasante que dans les domaines politique ou financier. L’université ne date que du xixe s., mais sa réputation est presque égale à celle d’Oxford ou de Cambridge ; elle accueille 30 000 étudiants. Les principaux établissements littéraires et médicaux sont situés dans le quartier de Bloomsbury, près du British Museum, les établissements scientifiques et artistiques dans le quartier de Kensington et les écoles de droit dans le quartier du Temple, près des tribunaux ; d’autres collèges universitaires sont installés dans Regent’s park et dans le West End. Deux nouvelles universités ont été fondées en grande banlieue en 1966, l’une à l’ouest, à Uxbridge, et l’autre au sud, à Guildford.