Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Loire-Atlantique. 44 (suite)

Les aptitudes offertes à la Loire-Atlantique par ses conditions géographiques en font un département riche et actif. Ses sols imperméables et son ciel océanique orientent son économie, au nord de la Loire surtout, vers l’élevage. Elle entretient dans son bocage, coupé de belles forêts de chênes (Gâvre, Teillay, Juigné), exploité en fermage et en métayage sur de grands domaines bourgeois et nobiliaires, un troupeau bovin d’un demi-million de têtes, à lait (race frisonne, pie noir) et à viande (races Maine-Anjou, charolaise) ; Châteaubriant (13 826 hab.) a des foires animées. Au sud du fleuve, un vignoble réputé, jouissant d’un bon ensoleillement et stimulé par les capitaux nantais, donne des vins blancs secs délicatement fruités : c’est le pays du muscadet et du gros plant. Autour de Nantes, une banlieue maraîchère étendue produit primeurs, fruits (fraises), muguet du 1er mai pour Paris.

La côte rassemble des activités variées. Tranchant avec l’austère grandeur de la Brière des tourbières et des chaumières, des prairies acides et de la chasse du canard, elle offre toutes les ressources de la mer. Guérande exploite des marais salants ; La Turballe, Le Croisic, Pornic pratiquent la pêche (sardine, maquereau). Le tourisme balnéaire d’été a pris possession, autour de La Baule (15 193 hab.), de la Côte d’Amour, autour du pays de Retz, de la Côte de Jade. Au-delà commence le Marais breton des bourrines (canard nantais).

L’estuaire, ou Basse-Loire, est le cœur du département. Voie de pénétration vers le continent, il a concentré le commerce maritime, l’industrie, les villes. De Nantes (462 134 hab. pour l’agglomération), qui en occupe le fond à la jonction de la Loire fluviale, à Saint-Nazaire (120 252 hab.) sur le front de mer, il rassemble sur 58 km plus de 60 p. 100 de la population (550 000 hab.) et 80 p. 100 des emplois industriels (100 000 sur 126 000) : chantiers navals, chaudronnerie, constructions ferroviaires et aéronautiques (Nantes, Saint-Nazaire), métaux non ferreux (Basse-Indre, Couëron), arsenal (Indret), centrales thermiques (Cheviré et Cordemais, 8 TWh), raffinerie de pétrole (Donges, 8 Mt), produits chimiques (Paimbœuf). Le trafic portuaire de la Basse-Loire atteint 14 Mt (cinquième rang français), pour les neuf dixièmes aux entrées (hydrocarbures).

Département attractif et prolifique (taux de natalité de 18 à 19 p. 1 000), urbanisé (deux tiers de citadins), la Loire-Atlantique est bien peuplée (125 hab. au km2). Son économie n’en présente pas moins des faiblesses. Nantes souffre des difficultés d’accès de son port (8,25 m de tirant d’eau, unités de 10 000 tonneaux), de la médiocrité de ses voies d’eau intérieures (Loire jusqu’à Angers, canal de Nantes à Brest désuet et coupé à Guerlédan). Elle coordonne mal ses fonctions avec Saint-Nazaire, sa création (1856, comme port de vitesse) devenue sa rivale. L’éventail des fabrications est trop restreint à la métallurgie lourde. Le carnet de commande des chantiers navals, qui intéresse de 10 000 à 12 000 salariés, est irrégulier. En dehors de l’estuaire, l’industrie se limite aux mines de L’Ecarpière au sud (uranium) et de Rougé et Sion-les-Mines au nord (fer) et aux centres de Châteaubriant (55 p. 100 des charrues françaises) et d’Ancenis (matériel de travaux publics). Le secteur secondaire (40 p. 100 des actifs) reste distancé par le secteur tertiaire (50 p. 100). Dans l’agriculture, la concentration terrienne élimine la petite exploitation (33 p. 100 entre 1955 et 1970). Les jeunes se pressent sur le marché du travail, la demande d’emploi est lourde (de 8 000 à 15 000 de façon chronique), le climat social, souvent tendu.

La Loire-Atlantique a été aussi coupée de ses liens traditionnels. Détachée en 1960 de la Bretagne, dont Nantes fut la capitale, elle forme avec la Mayenne, la Sarthe, le Maine-et-Loire et la Vendée une circonscription disparate. Comme son chef-lieu, pourtant promu métropole d’équilibre, elle manque d’arrière-pays. Ouverte sur la mer, elle est loin de l’Europe.

L’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun fait renaître ses espoirs atlantiques ; mais elle doit compter avec ceux, égaux, de Bordeaux, de Brest et du Havre. Les problèmes de la Loire-Atlantique concrétisent à bien des égards ceux de tout l’Ouest français.

Y. B.

➙ Bretagne / Loire (Pays de la) / Nantes-Saint-Nazaire.

Loiret. 45

Départ. de la Région Centre ; 6 742 km2 ; 490 189 hab. Ch.-l. Orléans*. S.-préf. Montargis et Pithiviers.


Le Loiret, découpé dans l’ancienne province de l’Orléanais, se distribue de part et d’autre de la Loire en un ordonnancement régional simple. Au nord-ouest et au nord, la Beauce de Patay et de Pithiviers est un grand plateau calcaire limoneux, découvert, parsemé de villages et de grosses fermes isolées, aux mains d’une grande propriété foncière (plus de 100 ha), voué au labour intensif (blé et orge en culture sèche, maïs et betterave sucrière de plus en plus irrigués). Pithiviers est un marché actif (sucrerie, pain d’épice ; 10 442 hab.).

Vers l’est, le contraste est total avec le Gâtinais, disséqué par le réseau du Loing dans des argiles à silex et des calcaires marneux lacustres, vallonné, boisé (forêt de Montargis), souvent bocager, terre d’élevage par excellence : vaches laitières, veaux de boucherie, volailles (poules blanches gâtinaises à crête écarlate), lapins de chair, abeilles (miels réputés). La Puisaye, qui le prolonge vers la Nièvre, pratique l’embouche (bœufs du Charolais). Au point de raccordement des canaux de Briare et du Loing, Montargis est un important centre industriel (articles de caoutchouc, matériel électronique ; 52 493 hab. pour l’agglomération).

Au centre, la forêt d’Orléans, la plus étendue de France, couvre, sur une nappe de graviers et d’argiles détritiques tertiaires, 34 000 ha (clairières ou « loges », tourisme nautique de l’étang de la Vallée).