Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Limbourg (suite)

L’histoire de la région est longue et mouvementée : importants défrichements des sols lœssiques du sud dès le Néolithique, forte empreinte de la colonisation romaine (qui fonde Maastricht), émiettement médiéval en de nombreuses seigneuries dont certaines ont subsisté jusqu’à la Révolution. Le Limbourg présente traditionnellement beaucoup plus de liens avec le Brabant, Liège, les pays rhénans allemands, qu’avec la Hollande. L’intégration politique et économique aux Pays-Bas, retardée par le problème religieux (la population est catholique à près de 95 p. 100), est un fait des xixe et xxe s., l’indépendance de la Belgique et la Première Guerre mondiale ayant dans une large mesure rompu les relations anciennes. L’institution du Benelux et du Marché commun permet cependant aujourd’hui de les faire renaître et de valoriser la position de carrefour européen qu’occupe la province.

Jusqu’à ces dernières années, le Limbourg était à la fois une région de forte natalité et d’immigration, sa population augmentant à un rythme supérieur à 1,5 p. 100 par an. Actuellement, l’émigration l’emporte, traduisant les difficultés de l’emploi dans le sud de la province. De mise en exploitation tardive (début du xxe s.), les mines de houille offraient des conditions d’extraction assez satisfaisantes, et la production avait atteint 13 Mt par an ; mais la concurrence du charbon américain et des hydrocarbures a déterminé une crise dont la gravité a dépassé les prévisions : les puits ferment l’un après l’autre, et l’on estime que toute exploitation aura cessé à la fin de 1975. Or, contrairement à ce qui est le cas pour les « vieux » bassins houillers, peu d’industries s’étaient développées sur le carreau des mines, et en particulier aucune métallurgie lourde. La chimie toutefois, sous l’impulsion des mines domaniales, avait connu un bel essor et étendu son activité aux fabrications nouvelles. Cette branche constitue maintenant un des éléments majeurs de la conversion industrielle, les hydrocarbures remplaçant peu à peu la houille comme matière première. En outre, les pouvoirs publics ont cherché à favoriser l’implantation d’industries légères (installation d’une grosse usine DAF) et la création d’emplois féminins, qui faisaient cruellement défaut. Actuellement, le reclassement des anciens mineurs n’apparaît plus comme le principal problème : ceux qui n’étaient pas en mesure de bénéficier d’une retraite anticipée ont pu, souvent après un « recyclage » soigneusement organisé, trouver un emploi satisfaisant. Il s’agit surtout maintenant de fournir du travail aux jeunes pour éviter que l’émigration ne prenne des proportions inquiétantes ; on ne peut considérer non plus le fort développement récent des mouvements pendulaires vers les régions frontalières allemandes comme une solution saine pour l’avenir.

L’économie du reste de la province repose sur des bases plus solides. L’agriculture, constituée surtout jadis d’une polyculture vivrière, a développé les productions commerciales comme les fruits, les produits laitiers, les volailles et les œufs. Dans le domaine industriel, aux activités du vieux centre de Maastricht (céramique, verre, industries textiles, alimentaires et métallurgiques), à l’extraction et la fabrication de matériaux de construction (ciment, 95 p. 100 du gravier utilisé aux Pays-Bas) se sont ajoutées les industries légères (textile, constructions mécaniques, électronique) des nouveaux foyers du nord, comme Weert.

L’étirement en longueur de la province et son unification récente expliquent la présence de plusieurs centres urbains plus ou moins rivaux. Les vieilles cités de la Meuse : Venlo (61 000 hab.), Roermond (40 000 hab., la plus grande coopérative européenne de commercialisation des œufs), Maastricht (112 000 hab.) se caractérisent par leurs fonctions tertiaires ; la capitale provinciale, futur centre universitaire, est cependant limitée dans son rayonnement par sa situation frontalière et l’avènement au xxe s. de la ville minière de Heerlen (80 000 hab.), qui dessert l’est du Limbourg méridional.

Après l’amélioration des voies navigables, on travaille maintenant à la construction d’autoroutes qui relieront le Limbourg aux réseaux néerlandais, belge et allemand : c’est là, avec la suppression des barrières douanières, un espoir de « désenclavement » pour une province qui avait souffert jusqu’ici de son isolement et a besoin de nouvelles activités pour surmonter ses difficultés actuelles.

J.-C. B.

Limoges

Capit. de la Région Limousin* et ch.-l. du départ. de la Haute-Vienne* ; 147 442 hab. (Limougeauds). L’agglomération compte environ 170 000 habitants.



Le rôle régional

La situation géographique en Limousin est assez centrale, mais ce pays homogène ne possède pas les avantages évidents de la position de contact entre des régions à aptitudes agricoles complémentaires qui est à l’origine de la fortune de tant d’autres grandes villes. C’est plutôt à un site favorable que Limoges doit son développement : un gué sur la Vienne, dont l’importance paraît dans le premier nom de la ville (Augustoritum, le gué d’Auguste). Déjà y confluaient des chemins antiques, dont le tracé fut repris presque sans modifications par les voies romaines, puis par les routes modernes. En outre, la vallée de la Vienne commence à s’élargir, fournissant des terroirs de coteaux en pente douce qui furent favorables à l’installation de la vigne, principale culture commerciale de l’ancienne économie. Enfin, l’existence d’une petite éminence sur la rive droite (le puy Saint-Étienne) donna l’assise des fortifications qui permirent à ce site économiquement intéressant de franchir les troubles de la période médiévale. Par la suite, c’est le poids des équipements de communication, de commerce et d’industrie qui a donné à Limoges une place sans cesse plus prépondérante en Limousin. Cet avantage ne peut que croître, du fait de l’absence de concurrence sérieuse et de la nécessité de concentrer les investissements sur un pôle de développement principal dans une région rurale peu peuplée et sans dynamisme. En revanche, cette région en détresse ne peut guère soutenir l’expansion de sa capitale. Par ailleurs, la position centrale de Limoges ne doit pas faire illusion : l’influence de la ville est très faible dans l’est de la province, du fait de concurrents (Montluçon dans le nord-est de la Creuse, Clermont-Ferrand dans les régions d’Aubusson et d’Ussel) et plus encore du vide humain et économique (notamment dans la Montagne limousine). L’influence réelle de Limoges se manifeste donc surtout sur les bas plateaux cristallins de l’ouest du Massif central, incluant le Confolentais et le Nontronnais, et dépassant même un peu les limites du Massif en Périgord. Mais la ville ne dépasse pas assez en importance Angoulême et Poitiers pour s’imposer, sans parler des puissantes interférences bordelaises au sud. La concurrence commerciale de Brive est même devenue dommageable pour Limoges, récemment, sur les plateaux bas-limousins. Le secteur commercial, qui s’était développé grâce à l’important carrefour ferroviaire (gare des Bénédictins et gare de Montjovis) et à un très important réseau d’autobus, et qui employait en 1946 presque autant de travailleurs que les autres « services », n’a connu qu’un accroissement récent modéré et se trouve plus sensiblement dépassé, du fait de l’augmentation des services administratifs (préfecture régionale) et surtout universitaires : longtemps la ville n’eut que des établissements disparates et dispersés, sous le contrôle de l’université de Poitiers. Elle possède maintenant, outre ses facultés, un I. U. T. et un Institut d’aménagement et d’urbanisme. Mais le nombre d’étudiants est encore faible (environ 7 000).