Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Annélides (suite)

Les hormones des Annélides

Il n’y a pas de glandes endocrines individualisées chez les Annélides. Des recherches récentes ont montré que les cellules neurosécrétrices du cerveau des Polychètes et des Oligochètes exerçaient une influence hormonale sur la reproduction et la régénération.

Une décérébration provoque chez les Néréides une maturation génitale précoce et déclenche l’épitoquie ; cela n’apparaît pas si on réalise en même temps une décérébration et une implantation de cerveaux dans le cœlome ; le cerveau émet donc un principe inhibiteur chez ces Polychètes. L’ablation des ganglions cérébroïdes du Ver de terre Eisenia fœtida entraîne un arrêt de croissance, une régression du clitellum et un arrêt de la ponte. Les phénomènes sont plus rapides et complets quand on enlève à la fois le cerveau, les ganglions sous-œsophagiens et le début de la chaîne ventrale. Il y aurait donc un principe stimulateur de la reproduction chez les Oligochètes.

La régénération de la partie postérieure du corps n’est plus possible après décérébration, et l’on a des raisons de penser que le cerveau agit ici aussi- par voie hormonale.

Ces résultats révèlent donc, chez des animaux considérés comme inférieurs, un ensemble d’influences humorales complexes et mettent en relief l’activité des cellules neurosécrétrices du cerveau.


Les Annélides : un groupe fondamental, aux affinités multiples

Avec une structure relativement simple, les Annélides montrent un certain nombre de caractéristiques fondamentales que l’on retrouve dans d’autres groupes beaucoup plus évolués. C’est pourquoi cet embranchement a une importance phylogénétique incontestable.

Dans l’échelle des êtres vivants, elles sont les premières à présenter une métamérie ; une telle disposition se reconnaît chez tous les Arthropodes et les Vertébrés, qui réunissent la très grande majorité des animaux actuels. Avec les Annélides, nous assistons à l’apparition d’un vrai cœlome creusé de cavités et dérivant du mésoderme ; Mollusques, Arthropodes, Échinodermes et Vertébrés sont aussi des « cœlomates ». Nous avons noté par ailleurs quelles affinités la segmentation spirale supposait entre les Annélides, les Mollusques et les Rotifères.

Véritable carrefour évolutif, l’embranchement des Annélides est sans doute très ancien. Malheureusement, la fragilité des tissus, l’absence de formations squelettiques ou minérales n’en ont pas favorisé la fossilisation. Cependant, on a daté du Silurien des tubes de Spirorbis, et le gisement précambrien d’Ediacara, en Australie, a livré des Annélides.


Groupes apparentés

Les Archiannélides, formes simples, voisines des Polychètes, ont des soies peu développées et des parapodes réduits. Polygordius (11 cm de long) vit dans les sables littoraux ; Dinophilus (2 mm) se rencontre sur les Algues littorales.

Les Myzostomidés, commensaux ou parasites d’Échinodermes (en particulier d’Ophiures et de Crinoïdes), ont une forme de disque aplati. La présence de cinq paires de parapodes portant chacun une soie en crochet, la disposition du système nerveux, la segmentation spirale aboutissant à une larve trochophore les rapprochent des Polychètes.

Les Sipunculiens sont des Vers marins vivant dans le sable ou la vase, ou s’installant dans des coquilles. On les rencontre dans toutes les mers jusqu’à 4 000 m de profondeur. Leur corps, plutôt allongé, ne montre aucune métamérisation ; vers l’avant, il se prolonge par une sorte de trompe rétractile, appelée introvert, au bout de laquelle s’ouvre la bouche, entourée de tentacules. L’intestin est enroulé en hélice, et l’anus débouche vers l’avant. Par leur segmentation spirale et leur trochophore, les Sipunculiens s’apparentent aux Annélides. Principaux genres : Sipunculus, Golfingia, Phascolion, Phascolosoma.

On trouve des Echiuriens dans toutes les mers et à toutes les profondeurs, jusqu’aux abysses, enfoncés dans un creux de rocher ou dans le fond. Sur le corps, allongé, aucune trace de métamérisation ; vers l’avant, une trompe, qui s’autotomise facilement, capte les particules organiques et, par un sillon cilié, les dirige vers la bouche, qui s’ouvre à sa base. Les sexes sont séparés, la fécondation a lieu dans la mer, et la segmentation spirale aboutit à une trochophore.

Ce groupe renferme une forme très curieuse, la Bonellie, qu’on trouve en mer du Nord et en Méditerranée. La femelle a un corps globuleux grand comme la paume de la main, caché dans une fente rocheuse et qui laisse émerger une trompe en gouttière terminée par deux lobes fourchus et pouvant atteindre 1 m de long. Le mâle, minuscule (2 mm), vit en parasite sur la femelle. Les larves, qui se sont développées en mer, sont sexuellement indifférenciées et, isolées, se transforment en général en femelles ; mais, si elles se fixent sur la trompe d’une femelle, elles deviennent des mâles sous l’effet de substances masculinisantes produites par la femelle ; les mâles prennent alors l’aspect de petits Vers plats, sans trompe, avec un tube digestif régressé ; quelque temps après la fixation, ils pénètrent par la bouche de leur hôtesse dans sa néphridie, puis ils féconderont les ovules.

M. D.

 M. Prenant, Leçons de zoologie, les Annélides (Hermann, 1934).

Annenski (Innokenti Fedorovitch)

Poète russe (Omsk 1856 - Saint-Pétersbourg 1909).


Le premier recueil de poésies d’Annenski, Chants à voix basse, parut en 1904. Ces vers d’une rare beauté, accompagnés d’un choix de traduction de poètes contemporains, surtout français (Parnassiens et poètes maudits), passèrent presque inaperçus. Nul ne s’intéressa au personnage mystérieux qui se cachait derrière le pseudonyme « Nic. T-o » (« Personne »), ni ne reconnut dans ce « débutant » l’érudit helléniste, alors directeur du lycée impérial de Tsarskoïe Selo et membre de la Commission scientifique du ministère de l’Éducation nationale, le traducteur d’Euripide et de Bacchylide et auteur lui-même de tragédies originales sur des sujets antiques (Mélanippe-philosophe, 1901 ; le Roi Ixion, 1902), le conférencier qui, quelques années plus tard, en 1906 et en 1909, devait rassembler ses essais critiques dans les deux volumes du Livre des reflets. La gloire littéraire ne l’atteignit qu’après sa mort, avec la publication, en 1910, d’un second recueil de vers, le Coffret de cyprès, auquel s’ajoutèrent, après la révolution, les Vers posthumes, rassemblés par son fils (1923).