Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lesotho

État d’Afrique australe.



La géographie

C’est un petit État montagnard, d’une superficie de 30 344 km2, entièrement enclavé dans la république d’Afrique du Sud et touchant aux provinces du Cap au sud, du Natal au nord-est et de l’Orange au nord et au nord-ouest. La plus grande partie du pays est constituée par des hautes terres au-dessus de 2 500 m d’altitude, coupées vers l’est par le Drakensberg, partie du Grand Escarpement dominant les collines du Natal. Constituées par un empilement de basaltes et de grès d’âge karroo, ces hautes terres présentent un paysage de collines herbeuses vouées à l’élevage extensif (il tombe en moyenne 800 à 1 500 mm de pluies par an, surtout d’octobre à avril) et constituent l’un des principaux châteaux d’eau de l’Afrique australe (l’Orange notamment y prend sa source). Vers l’ouest et le nord, des terres de moyenne altitude (entre 1 500 et 1 800 m) n’occupent qu’une largeur de 30 à 65 km : c’est là que se trouve la principale zone arable du pays, mais les sols y sont peu fertiles, et la pluviosité, d’environ 700 mm, présente des irrégularités interannuelles parfois catastrophiques pour l’agriculture.

La population (1 130 500 hab. selon l’estimation de 1973, avec un taux annuel d’accroissement de 2 p. 100) comprend 80 p. 100 de Bassoutos et quelques Zoulous au sud-est. À ce chiffre, il faut ajouter environ 117 000 personnes travaillant en république d’Afrique du Sud comme mineurs ou ouvriers agricoles ; 2 000 Européens et un millier d’Asiatiques ou sang-mêlé demeurant au Lesotho ; 70 p. 100 de cette population vivent sur les terres de moyenne altitude ou au pied des montagnes, et 30 p. 100 sur les hautes terres. La densité moyenne est à peine de 30 habitants, mais dépasse largement 100 habitants au kilomètre carré dans la région de Butha Buthe, au nord. La capitale, Maseru, n’a que 29 000 habitants. Leribe, Mafeteng et Mohale’s Hoek ont environ 5 000 habitants.

Le Lesotho est demeuré un pays à économie agricole traditionnelle (il n’y a pas d’exploitations non africaines). La production consiste surtout en maïs (110 000 t), sorgho (53 000 t), blé (40 000 t), pois et fèves. Le cheptel comprend 300 000 bovins, 1 500 000 ovins, 850 000 caprins.

La seule ressource minière semble être le diamant, exploité de manière artisanale. Le principal gisement (Kao, dans le district de Leribe) a été concédé à bail à la société De Beers, en vue d’une exploitation industrielle.

Il existe de fortes potentialités dans le domaine de l’électricité hydraulique, mais jusqu’à présent inexploitées. L’industrialisation est inexistante. Le cuir n’est travaillé que de manière artisanale. La laine n’est pas traitée sur place, mais exportée, et le Lesotho doit importer couvertures et pulls d’Afrique du Sud. Faute d’infrastructure routière, les richesses touristiques sont inexploitées.

Sans ouverture sur la mer (l’océan Indien est à 200 km), le Lesotho dépend entièrement de la république d’Afrique du Sud pour son commerce extérieur. La principale rentrée de devises est procurée par l’émigration de travailleurs vers ce dernier pays (les seules mines sud-africaines emploient plus de 80 000 Bassoutos).

R. B.


L’histoire

Le Lesotho a été, sous le nom de Basutoland, une création politique du début du xixe s. Il englobe diverses ethnies dont les principales sont les quatre clans ou tribus sothos : Fokeng, Kwéna, Hlakwana et Khwakwa, qui ne représentent au demeurant qu’une partie des Sothos, les autres habitant le nord-est du Transvaal (Sothos du Nord, ou Pedis) ou l’ouest du Transvaal et le Botswana (Sothos de l’Ouest). Au moment où les guerres menées par le conquérant zoulou Chaka (1786-1828) ravageaient le pays (1821-1827), un chef kwéna, Moshesh ou Moshoeshoe (1787-1870), réussit à écarter les envahisseurs zoulous et matabélés, tantôt les harcelant par des opérations de guérilla, tantôt leur résistant du haut de la colline inexpugnable de Thaba Bosiu, ou encore négociant leur retrait. Parallèlement, il imposait son autorité de morena (chef) suprême aux quatre clans sothos, bien qu’il n’appartînt ni au clan aîné (fokeng), ni à la branche aînée de son propre clan. Il leur assimila des fractions d’ethnies déplacées par le choc zoulou : Phouthis, Taoungs. Tout en relevant le pays de ses ruines, il dut faire face à de nouvelles menaces : raids des Boers en 1834 et en 1836 (Grand Trek), des Griquas et Koranas (métis de Boers et de Hottentots) et visées impérialistes de la colonie anglaise du Cap. Il lutta contre les Boers (1848, 1858, 1865), contre les Anglais du Cap (victoire de Berea, 1852). Pour échapper à ces constantes pressions, Moshesh eut recours à la tutelle de la lointaine Angleterre. En 1868, le Lesotho devint protectorat britannique sous le nom de Basutoland, puis en 1884, sous Letsié Ier, fils et successeur de Moshesh, colonie de la Couronne. Moshesh fut aidé dans sa diplomatie par des missionnaires français, protestants, qu’il avait attirés dès 1833 (E. Casalis [1812-1891]).

Letsié Ier (1870-1891) contraignit la colonie du Cap à renoncer à sa tentative de désarmer la population (guerre des Fusils 1880-1883). L’administration britannique introduisit progressivement, à la fin du siècle, l’« Indirect Rule ».

À partir de 1943, c’est l’acheminement vers l’indépendance : sont mis en place des conseils de districts (1944), un Conseil législatif (1960), une Assemblée nationale (1964). Le 4 octobre 1966, l’indépendance est acquise, et le chef suprême (Paramount Chief) Moshoeshoe II, descendant en ligne directe du fondateur de l’État, devient roi du Lesotho. La vie politique est dominée par le problème des relations avec l’Afrique du Sud, dont le Lesotho est économiquement dépendant.

Le roi se heurte au chef du gouvernement, Leabua Jonathan, chef du parti national, qui, le 30 janvier 1970, annule les élections générales, fait arrêter les dirigeants du parti du Congrès et met en résidence surveillée le roi, qui s’exile aux Pays-Bas (début du mois d’avril 1970). Quelques mois après, ce dernier revient au Lesotho en tant que roi constitutionnel.

C. P.

➙ Afrique du Sud.

 J. Halpern, South Africa’s Hostages, Basutoland, Bechuanaland and Swaziland (Harmondsworth, 1965).