Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lémuriens (suite)

Le Potto ressemble à un petit Ours. Le plus connu est le Potto de Bosman, qui mesure de 30 à 35 cm de long, et dont la queue est de 4 à 7 cm. Ses formes sont lourdes : il a la tête arrondie avec le museau court et large. Ses oreilles sont petites et cachées dans la fourrure. Le deuxième doigt de sa main est réduit, le deuxième orteil porte une griffe ; les autres doigts ont des ongles plats. Strictement nocturne et arboricole, le Potto dort de jour, la tête cachée entre les pattes postérieures. Il dort aussi suspendu ; ses doigts sont presque tétanisés quand ils sont accrochés à un support. Le Potto est frugivore et insectivore.

Le Tarsier

Ce Primate, que certains auteurs classent parmi les Lémuriens, ressemble beaucoup à un Galago. De la taille d’une Souris, il vit dans les arbres, principalement aux Moluques et à Sumatra, chassant les Insectes pendant la nuit. Ses yeux sont encore plus gros que ceux des Lémuriens proprement dits ; sa longue queue est presque nue ; ses pattes de derrière sont bien adaptées au grimper, avec leurs pelotes adhésives au bout des orteils, et au saut, avec les longs tarses qui valent son nom à l’animal. Le Tarsier unit curieusement en lui des caractères très primitifs, rappelant par exemple ceux de l’Insectivore Tupaia, et des caractères annonçant ceux des Singes et de l’Homme (orbites séparées des fosses temporales, placenta discoïde), de sorte qu’on lui réserve volontiers un sous-ordre particulier de Primates, les Tarsiens ou Tarsiformes. (V. Primates.)


Les Lémuriformes

Ce sont des animaux propres à Madagascar, où ils forment près de la moitié de la faune mammalienne de l’île.

Les Lemurs, ou Makis, ont la taille d’un grand Chat. Ils ont une queue longue (de 11 à 50 cm), couverte de poils épais parfois touffus. Leur pelage, doux, est parfois très coloré. Leur tête se termine par un museau de Renard, surtout chez les grandes espèces. Leurs pattes postérieures, plus longues que les antérieures, facilitent les sauts et le grimper. Tous leurs doigts ont des ongles. Les petites espèces ont cependant les ongles effilés en forme de griffes ; le deuxième orteil possède une puissante griffe de nettoyage, recourbée. Les Lemurs sont herbivores, un peu carnivores.

Le Lemur catta (Maki catta) est très attractif ; gris ou gris rougeâtre, il a une queue longue annelée de noir et blanc.

Le Lemur macaco (Maki macaco) est plus grand (55 cm de haut), avec de grosses touffes de poils aux oreilles ; le mâle est noir, tandis que la femelle est brune. Il habite la côte nord-ouest de la Grande Île (Madagascar) ainsi que les îles environnantes.

Le Lemur vari (Maki vari) est presque aussi grand qu’un Renard. Il vit dans les forêts de l’est de Madagascar.

Le Lemur mongoz (Maki mongoz) est brun mat avec des joues blanches ; le Lemur mongoz coronatus (Maki couronné) a un pelage foncé avec des joues rougeâtres ; la femelle est plus claire avec des joues blanches.

Les Hapalemurs et Lepilemurs sont des mangeurs de feuilles. Le premier est gris avec une queue longue et touffue. Le second a un museau court et pointu ainsi que de petits yeux ; ses oreilles ne sont pas recouvertes de poils ; il est gris clair fauve.

Les Chéirogales et les Microcèbes sont de petits nocturnes des régions forestières, très difficiles à rencontrer de jour. Ils s’abritent dans des nids d’Oiseaux.

Le Phaner à fourche est un grand Lémurien de 60 cm de long, de couleur fauve ; il a deux raies noires sur la tête qui tracent comme une fourche ; d’où son nom. Sa queue est longue et touffue.

L’Indri est le plus curieux et le plus grand des Lémuriens (80 cm) ; il est brun-noir. Il a un pelage soyeux. Il prend souvent de curieuses attitudes verticales.


Les Daubentoniformes

La seule espèce actuelle est le Aye-Aye. Cet animal a des incisives à croissance continue à la manière des Rongeurs. Il est très rare, il ne mange que des Insectes xylophages, qu’il extrait avec son troisième doigt, qui est très long. C’est un nocturne, avec une face large et de grands yeux ronds. Il est strictement protégé.

P. B.

 J. J. Petter, Recherches sur l’écologie et l’éthologie des lémuriens malgaches (Éd. du Muséum, 1962). / P.-P. Grassé et C. Devillers, Précis de zoologie, t. II : Vertébrés (Masson, 1965). / B. Grzimek et M. Fontaine, le Monde animal, t. X : Mammifères (Berne, 1966). / B. Harrison, Conservation of Non-Human Primates in 1970 (Berne, 1971).

Le Nain (les)

Peintres français du xviie s.



La famille

Dans le mouvement réaliste du temps de Louis XIII, l’œuvre des frères Le Nain illustre la double vocation d’un art qui fut constant dans son intellectualité aussi bien que dans sa passion du vrai. À l’encontre du réalisme italianisant ou flamand, cette peinture de genre, d’une simplicité presque banale, sut toucher les contemporains par son côté humain plutôt que pittoresque. Originaires de Laon, où leur père était sergent royal du bailliage de Vermandois, Antoine, Louis et Mathieu Le Nain furent élevés dans un milieu proche de celui des paysans et vignerons. Ils conservèrent cet attachement au terroir après leur venue à Paris (en ou avant 1629, où ils créèrent en commun un atelier vite honoré de commandes. Parmi leur production très variée, portraits, scènes religieuses ou mythologiques, récréations d’enfants ou de grands seigneurs, ce sont leurs peintures de la vie paysanne, placées d’ordinaire sous le nom de Louis, qui les ont fait, surtout, redécouvrir par le xxe s. S’attachant à décrire le quotidien en le généralisant, avec une sensibilité nouvelle qui crée de toutes pièces le contenu moral de leurs sujets, les Le Nain communiquent une émotion par des moyens qui peuvent faussement paraître pauvres (ainsi leurs couleurs sévères en camaïeux bistres et gris), mais qui traduisent toujours une atmosphère intime, accentuée par la précision de détails qui échappent à l’anecdote ; les visages sont décrits avec minutie et chaleur, tandis que l’ensemble des compositions est souvent maladroit. Tout cela leur a fait conférer par les historiens d’art de l’entre-deux-guerres, comme à La Tour*, ce titre, à vrai dire mal défini, de « peintres de la réalité ». Dans les scènes d’intérieur, les paysans ne sont pas l’« animal farouche et affamé » dont parle La Bruyère ; sans doute, ils ne sont pas vêtus à la dernière mode, mais les étoffes sont chaudes, leur table est couverte d’une nappe, ils mangent un pain à la croûte mordorée, ils boivent du vin dans des verres de cristal : autant d’éléments qui surent charmer les contemporains des Le Nain. Admis comme « peintres de bambochades » à l’Académie royale, lors de sa fondation en 1648 (mais Louis, puis Antoine meurent quelques mois plus tard, leur originalité les dégage de la mode caravagesque du clair-obscur et des éclairages artificiels ; sur ce point, ils marquent l’esprit de leur temps, par le passage à la couleur et, ce qui est plus exceptionnel, à la lumière du plein air.