Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

législative (Assemblée) (suite)

Le contraste existe surtout entre l’armée de ligne, les volontaires de 1791, d’une part, et les levées de 1792, d’autre part. Parmi celles-ci, il y a non seulement des « volontaires » formés en bataillons, mais aussi des compagnies franches et des légions parfois composées de patriotes étrangers qui veulent libérer du despotisme leur pays. Toutes ces levées ont en commun de supporter avec difficulté la discipline et d’obéir mal aux généraux, qui, souvent, les confondent avec les volontaires de 1791. Elles sont, pour la plupart, constituées de pauvres, et la proportion des paysans y est très forte. Souvent « achetés » par leur communauté pour remplir les cadres des nouvelles levées, ces soldats n’en sont pas moins pour autant des patriotes ; ce sont eux qui aident localement les sans-culottes aux prises avec l’aristocratie. Ils ont surtout la vertu d’être cette masse agissante qui apprend aux Autrichiens et aux Prussiens que la France entière se lève pour les combattre.

Il y a en effet sur les grandes routes comme sur les petits chemins, dans les villages et les villes, dans les bois et les champs tout un peuple de « partisans ». Ils refusent de livrer les fournitures nécessaires à l’armée ennemie. Ils apportent au péril de leur vie celles dont l’armée de la Révolution a besoin. Ils se font propagandistes et apprennent aux soldats étrangers ce que des tracts répètent : ce qu’ils défendent, c’est une patrie commune à tous les hommes qui veulent leur dignité et le bonheur sur la terre. Quand l’ennemi est sourd et brûle leur village ou leur récolte, ils deviennent combattants, énervent la troupe en marche et fusillent son arrière-garde. C’est cette guerre révolutionnaire qui aboutit à la victoire de Valmy.

Le 20 septembre 1792, à 7 heures du matin, l’avant-garde des armées coalisées rencontre, non loin de la route qui mène de Grandpré à Châlons à travers l’Argonne, les troupes du général Kellermann. Celles-ci campent non loin du village de Valmy. Au premier coup de feu, Kellermann, qui redoute d’être pris sous le tir des batteries ennemies, masse ses troupes sur une butte. Un moulin la surmonte. Il faudra l’abattre, car il sert de point de repère à l’ennemi.

« L’affaire », comme l’on dira à l’époque, est surtout une canonnade qui ne met hors de combat que 300 Français et 184 Prussiens. Mais cette canonnade dure toute la journée et n’ébranle pas la troupe des « savetiers », qui, pour la plupart, n’ont jamais vu le feu et savent l’habileté manœuvrière d’une armée adverse jusqu’ici invaincue. Le ressort de leur courage est cette passion pour la nation que leur chef a comprise et qu’il utilise au moment décisif. Quand Kellermann sent ses troupes un moment fléchir, il brandit au bout du sabre son chapeau orné d’un plumet tricolore et crie « Vive la nation ! » Les soldats répondent par cette même profession de foi, et la musique joue le chant des sans-culottes, qui dit leur commune haine de l’aristocratie et leur amour de l’égalité.

Avec l’accord du roi de Prusse, Brunswick ordonne la retraite. Il sait son armée autant démoralisée par la résistance rencontrée que par le délabrement physique : les soldats commencent à être atteints de dysenterie. Le général craint surtout d’être coupé de ses arrières. Il lui faut une voie d’accès direct avec ses centres d’approvisionnement. Kellermann et ses hommes ne sont qu’une portion des forces qui, aux ordres du général Dumouriez, tiennent le passage. Enfin, Brunswick vient de faire l’expérience d’une guerre qui, jusque-là, n’existait pas et qui le désoriente : la guerre du peuple. Goethe, présent à la bataille, le dira : « De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque de l’histoire du monde. » Valmy sauve, en la prolongeant, la journée du 10-Août et fonde la République. Mais de quel régime s’agit-il ? La révolution de l’Égalité est le fait des masses populaires et témoigne de leur maturité politique. Elle n’échappe pourtant pas à la classe sociale qui, depuis 1789, mène la nation. Mais la bourgeoisie, qui avait rêvé d’un compromis avec l’aristocratie, est écartée au profit d’une petite bourgeoisie qui accepte l’appui des sans-culottes et déclare la lutte à mort « aux despotes sanguinaires, aux complices de Bouille, à tous ces tigres qui, sans pitié, déchirent le sein de leur mère » (la Marseillaise).

J.-P. B.

➙ Danton / Girondins / Jacobins / La Fayette / Louis XVI / Marat / Révolution française / Robespierre / Terreur.

 A. Mathiez, le 10-Août (Hachette, 1931). / P. Caron, les Massacres de Septembre (Maison du livre français, 1935) ; la Première Terreur (P. U. F., 1950). / B. Plongeron, Conscience religieuse en révolution. Regards sur l’historiographie religieuse de la Révolution française (Picard, 1969). / M. Reinhard, la Chute de la royauté, 10 août 1792 (Gallimard, 1969). / J.-P. Bertaud, Valmy, la démocratie en armes (Julliard, 1970). / M. Bouloiseau, la République jacobine (Éd. du Seuil, 1972). / M. Vovelle, la Chute de la monarchie (Éd. du Seuil, 1972).

législative (fonction)

Fonction de l’État consistant à formuler ou à créer des règles de droit objectif ainsi qu’à organiser les institutions destinées à assurer leur application.



Les règles de droit

« La règle de droit est la règle de conduite qui s’impose aux individus vivant en société, règle dont le respect est considéré à un moment donné comme la garantie de l’intérêt commun et dont la violation entraîne une réaction collective contre l’auteur de cette violation » (Léon Duguit*). « Toute règle sociale devient une règle de droit quand le pouvoir, l’autorité publique décident de réprimer sa violation par une sanction organisée » (Maurice Duverger).

Il appartient au juge — chargé de sanctionner les violations des règles de droit et, par ailleurs, de résoudre les litiges opposant soit des individus entre eux, soit des individus et une communauté, soit encore des communautés entre elles — de rechercher la règle de droit applicable au procès, de l’interpréter et, éventuellement, de l’adapter au cas de l’espèce. Il effectue sa recherche parmi les diverses sources du droit dont il dispose (v. juridiques [sciences]).