Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Léger (Fernand) (suite)

 F. Elgar, Léger, peintures 1911-1948 (Éd. du Chêne, 1948). / D. Cooper, Fernand Léger (Éd. des Trois Collines, Genève, 1949). / C. Zervos, Fernand Léger. Œuvres de 1905 à 1952 (Éd. des Cahiers d’art, 1952). / M. Jardot, Léger (Éd. des Deux Mondes, 1953) ; Fernand Léger (Hazan, 1956). / P. Descargues, Fernand Léger (Cercle d’art, 1955). / A. Verdet, Fernand Léger, le dynamisme pictural (Cailler, Genève, 1955) ; Fernand Léger (Kister, Genève, 1956). / R. L. Delevoy, Léger (Skira, 1962). / R. Garaudy, Pour un réalisme du xxe siècle. Dialogue posthume avec Fernand Léger (Grasset, 1968) ; Esthétique et invention du futur (U. G. E., 1971). / J. Cassou et J. Leymarie, Fernand Léger. Dessins et gouaches (Éd. du Chêne, 1972).

Légion étrangère

Corps de l’armée française composé de soldats volontaires, en majorité étrangers, qui se sont engagés au service de la France.


Les origines de la Légion étrangère sont à rechercher dans les troupes étrangères qui, du Moyen Âge à la fin de l’Ancien Régime, constituèrent une partie importante de l’armée française. Au xive s., on comptait déjà des archers génois dans les rangs de l’infanterie. Au siècle suivant, des Écossais, puis des Suisses vinrent créer des unités permanentes. Au xviiie s., les régiments étrangers formaient près du tiers des effectifs. Il y avait des régiments allemands, irlandais, suisses (sans compter les gardes suisses), polonais, croates, suédois, liégeois... Dissous à la Révolution française, sous l’influence du patriotisme de l’époque, qui ne voulait voir confier des armes qu’aux citoyens du pays, beaucoup de ces régiments disparurent. Dans les armées napoléoniennes, il n’y eut pas de régiments étrangers, mais uniquement des troupes alliées. En revanche, à la Restauration, cinq régiments étrangers furent recréés, parmi lesquels un seul régiment allemand, celui de Hohenlohe, qui, à son tour, fut dissous en 1830 sous l’influence des idées libérales.

Par la loi du 9 mars 1831, Louis-Philippe créa « une Légion composée d’étrangers » qui « devra servir hors du territoire continental du Royaume ». Ce fut l’origine même de la Légion étrangère actuelle, et le premier régiment créé devint le 1er étranger, qui fut envoyé en Algérie avec ses cinq bataillons. Son chef, le colonel Christophe Stoffel (1780-1842), était un ancien officier des régiments suisses. Au début, le 1er étranger prend part à de nombreuses petites opérations : Maison-Carrée, Arzew, Mostaganem ; mais en 1835, pour aller soutenir la reine Isabelle II en lutte contre les carlistes, la Légion étrangère, forte de 5 000 hommes, est vendue en bloc à l’Espagne. Les officiers qui « refuseraient de partir seraient considérés comme déserteurs », précise le décret. Cependant, une nouvelle Légion est créée en 1836 ; l’année suivante, elle se couvre de gloire à la prise de Constantine. Avec un deuxième régiment formé en 1841, elle participe à la conquête, jusqu’à la pacification totale. Sous le second Empire, elle s’illustre en Crimée, à l’Alma et à Sébastopol, puis en Italie, à Solferino et à Magenta, où Mac-Mahon* déclare : « La Légion y est, l’affaire est dans le sac. » Mais c’est au cours de la campagne du Mexique qu’eut lieu, le 30 avril 1863, le fameux combat de Camerone. Ce jour-là, dans le petit hameau situé près de la route de Veracruz, à l’est de Puebla, une compagnie de soixante hommes (la 3e du 1er étranger), commandée par le capitaine Jean Danjou (1828-1863), qui, blessé à Sébastopol, portait une main articulée, est attaquée par des milliers de Mexicains. Elle leur résiste héroïquement pendant plus de neuf heures, mais tous les hommes (sauf 3) sont tués ou blessés. Sur le monument élevé à cet endroit se trouve inscrite cette phrase : « Ils furent ici moins de soixante, opposés à toute une armée. Sa masse les écrasa. La vie plutôt que le courage abandonna ces soldats français [...]. » Chaque année, Camerone est commémoré par l’ensemble de la Légion étrangère ; il y est fait lecture du récit du combat, et cette phrase est particulièrement mise en relief.

Après la guerre de 1870, où le 1er étranger se distingue devant Orléans, la Légion s’installe à Sidi-bel-Abbès, où elle restera jusqu’en 1962. Elle voit alors son recrutement s’augmenter de nombreux Alsaciens et Lorrains, et elle compte un régiment de plus. Au Tonkin, son fait d’armes le plus glorieux est le siège prolongé que deux de ses compagnies et quelques partisans, sous la conduite du commandant Dominé, soutiennent à Tuyên Quang, du 23 janvier au 3 mars 1885, contre 20 000 Pavillons-Noirs. En Afrique noire et à Madagascar, dans les années 90, la Légion se signale encore, notamment au Soudan et au Dahomey, et au moment de la prise de Tananarive. Au Maroc, dès les premiers combats, en 1912, elle est présente. « On ne saurait proclamer trop haut les mérites de cette troupe admirable et la bonne fortune que c’est pour la France que de l’avoir à son service », déclare alors le général Lyautey*. En 1914 et en 1915, quatre régiments de marche, que leurs pertes firent fusionner en un seul aux ordres du légendaire colonel Paul Rollet (1875-1941), combattent sur le front français, où tombent 157 officiers et 5 172 légionnaires. Ces unités sont à distinguer des régiments de volontaires étrangers, qui furent créés dès le début de la guerre pour accueillir une partie des 45 000 étrangers venus se mettre au service de la France. Mais c’étaient là des unités levées uniquement pour le temps de guerre et qui n’avaient ni l’encadrement ni les traditions de la Légion.

Par la suite, la Légion combat au Levant en 1926-27, puis au Maroc jusqu’en 1933. En août 1939, il y a six régiments étrangers d’infanterie et deux de cavalerie. Deux régiments de marche sont alors formés (les 11e et 12e) et partent pour le front français, où ils retrouvent trois régiments de marche de volontaires étrangers. La 13e demi-brigade de la Légion étrangère, créée au début de 1940, est expédiée en Norvège en avril. Rapatriée sur Londres en juin, elle rallie le général de Gaulle* et devient un des premiers éléments des Forces françaises libres (F. F. L.). Elle prend une part prépondérante au combat de Bir Hakeim en juin 1942 sous les ordres du général Kœnig, puis se signale à El-Alamein au cours de la campagne de Libye, en Tunisie, en Italie et en France. En novembre, les régiments de la Légion qui se trouvaient en Afrique du Nord participent de leur côté à la campagne de Tunisie, puis, regroupés en régiment de marche de la Légion étrangère (R. M. L. E.) et en 1er régiment de cavalerie au sein de la 5e division blindée, ils terminent la guerre en Allemagne et dans l’ouest de l’Autriche. Après 1945, la Légion se gonfle rapidement de nombreux éléments originaires de l’Europe centrale et, de nouveau, elle compte jusqu’à sept régiments d’infanterie, deux de cavalerie et deux de parachutistes, qui sont tous employés en Indochine de 1946 à 1953, où ses pertes s’élèvent à 314 officiers, 1 071 sous-officiers et 8 997 légionnaires. Ramenée en Afrique du Nord en 1953, elle participe à la guerre d’Algérie. Revenue en France après 1962, la « maison mère » et le 1er étranger s’installent à Aubagne, où est réédifié en 1963 le monument aux morts élevé à Sidi-bel-Abbès en 1931 et où un musée de la Légion est inauguré en 1966.

En France, la Légion tient aussi garnison à Orange (1er régiment étranger de cavalerie), en Corse (2e régiment étranger de parachutistes) et, depuis 1976, à Castelnaudary. Hors d’Europe, elle a des unités au Pacifique (5e étranger), à Djibouti (13e demi-brigade) et en Guyane (3e étranger).