Lapin (suite)
L’alimentation traditionnelle est à base de fourrages, de légumes et de sous-produits de la ferme : elle ne pose guère de problèmes, mais ne permet pas des rythmes de production et des croissances élevés. L’alimentation rationnelle fait appel aux céréales, en particulier à l’avoine, au son (pour l’apport énergétique), aux tourteaux, à la farine de luzerne déshydratée pour l’apport azoté, un taux de 15 à 17 p. 100 de protéine étant recherché. La cellulose, souvent consommée en grande quantité avec les fourrages, est peu digérée et peut être réduite, en alimentation intensive, jusqu’au taux de 10 à 13 p. 100 (cellulose brute) pour les mères allaitantes, mais elle demeure un lest indispensable pour un bon travail mécanique du tube digestif.
La physiologie digestive du Lapin est dominée par le phénomène de coprophagie, ou cæcotrophie : les aliments séjournent plusieurs heures dans le cæcum et donnent des chapelets de crottes molles ingérées par l’animal, qui les prélève à leur sortie de l’anus ; une seconde digestion, fort différente de la première, donne des crottes dures, éliminées sous forme d’excréments. Comme pour les Ruminants, mais à un moindre degré, ce processus contribue à l’enrichissement de l’alimentation en acides aminés et en vitamines du groupe B, mais il est très inégal, ce qui explique la définition imprécise des besoins alimentaires.
L’industrie offre des aliments complets en granulés durs de 2,5 à 5 mm de diamètre ; certains fabricants proposent des formules adaptées aux besoins, qui varient de la mère au jeune sevré ou en cours d’engraissement ; d’autres préconisent une formule moyenne qui a le mérite de la simplicité, facilitant le travail et évitant les conséquences d’erreurs toujours graves chez un animal très sensible à tous les écarts alimentaires et à tous les dérangements. L’aliment est le plus souvent donné à volonté, les mères ayant en plus à leur disposition de la paille en libre service. Cette alimentation concentrée requiert bien sûr un abreuvement continu en complément. Les généticiens et les sélectionneurs poursuivent, à partir des races traditionnelles (néo-zélandais, fauve de Bourgogne, petit russe, etc.), un travail d’amélioration des aptitudes maternelles des lapines et des caractères de croissance et d’engraissement ainsi que des qualités de boucherie ; comme pour d’autres espèces animales apparaissent sur le marché des souches spécialisées utilisées en croisement.
La pathologie du Lapin, très déroutante, est dominée par les troubles digestifs (coccidiose chez les lapereaux de 4 à 8 semaines, entérites des jeunes non sevrés, entérotoxémie des adultes), par les accidents respiratoires (coryza contagieux), par les accidents de la reproduction (infécondité, avortement, mortinatalité, destruction des jeunes au nid). Les soins curatifs se révèlent très aléatoires, et tout réside dans une bonne organisation de l’élevage, un bon contrôle de l’environnement et une hygiène parfaite.
Que le consommateur sache que la viande du Lapin, dont la richesse, supérieure à celle du porc et du bœuf, se rapproche de celle de la volaille, est une des plus saines que l’on puisse trouver et que, même, les lésions hépatiques de coccidiose ne présentent aucun danger.
J. B.
➙ Rongeurs.
H. Sabatier, le Lapin et son élevage professionnel (Dunod, 1971). / P. Surdeau et R. Hénaff, la Production du lapin (Baillière, 1976).