Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Languedoc-Roussillon (suite)

La végétation est soumise à un climat peu propice, par ses carences ou ses excès, à un développement normal. En dehors des plantes du littoral adaptées au sable et au sel, comme les salicornes, et des essences montagnardes (chêne blanc, châtaignier et hêtre), c’est une formation bien particulière qui prédomine sur les plateaux et les hauteurs calcaires : la garrigue, forme de dégradation de la forêt de chênes verts qui a laissé place à des espèces buissonnantes, xérophiles, où prédominent lentisques et genévriers, buis et kermès, lianes et plantes aromatiques (thym, lavande et romarin).


Le relief

Il présente une série de gradins successifs étagés en amphithéâtre sur la Méditerranée à partir des deux ensembles montagneux des Pyrénées et du Massif central.

Au nord, la montagne culmine au mont Lozère (1 702 m), à l’Aigoual (1 567 m), à la fois cristalline et sédimentaire, schisteuse dans les Cévennes, calcaire dans les Grands Causses. Dans l’ensemble cévenol, la proximité du niveau de base méditerranéen a favorisé l’affouillement des roches, ne laissant subsister que d’étroits interfluves, les « serres ». Les Causses se caractérisent par l’enfoncement du réseau hydrographique — cañons de la Jonte, de la Dourbie, gorges du Tarn — et l’ampleur des phénomènes karstiques (aven Armand). Les monts de Lacaune, l’Espinouse, la Montagne Noire culminent vers 1 200 m, et le relief reprend toute son ampleur dans le massif des Corbières, avant-poste pyrénéen (pic de Bugarach, 1 230 m). Les Pyrénées enfin s’agencent selon trois familles de formes principales, les « plás » parsemés de lacs et surmontés de massifs puissants atteignant presque 3 000 m (Puigmal, Canigou, Carlitte), hachés de bassins d’effondrement.

Le gradin intermédiaire est constitué par les plateaux calcaires des Garrigues, paysage pierreux, dénudé, où les bassins cultivés alternent avec des hauteurs couvertes d’une végétation très dégradée : Séranne, pic Saint-Loup, Corbières.

La plaine d’accumulation est le domaine de la vigne ; les terres basses se terminent par un secteur palustre, mal égoutté et jalonné de lagunes (les étangs de Leucate, de Sigean, de Mauguio) en arrière d’un cordon littoral sablonneux qui s’étire de la Camargue à la Côte Vermeille. Ce cordon littoral est interrompu par quelques points d’appui rocheux qui ont permis la construction des plages, bastions calcaires du Saint-Clair dominant Sète et de la Clape narbonnaise, îlots volcaniques de Maguelonne et « montagne » d’Agde. Le littoral, longtemps impaludé, mal drainé vers la mer par une série de graus en voie de comblement, a constitué jusqu’à l’époque contemporaine un secteur répulsif, émaillé de « villages-tombeaux » à la surmortalité importante.


Les hommes


La croissance démographique

Depuis les débuts du xxe s. (1 565 000 hab.), en une cinquantaine d’années la population avait diminué de 8 p. 100 (1 449 000 en 1954). Elle dépasse, en 1972, 1 800 000 habitants, ayant enregistré depuis 1954 une progression de près de 25 p. 100. On constate donc un véritable renversement des tendances démographiques, et, pour la première fois, les échanges de population entre le Languedoc et les autres régions françaises se soldent par un bilan favorable. L’essentiel de la progression est dû au solde migratoire. Toutefois, le fait n’est pas nouveau, puisque le bas pays a bénéficié d’apports constants de population issus des hauts cantons et de la montagne : Lozériens dans le Némausais (région de Nîmes), Aveyronnais à Montpellier, Ariégeois dans le Biterrois, Catalans en Roussillon. Dès la fin du xixe s. et de façon plus nette après la Première Guerre mondiale, le relais démographique a été assuré par les Espagnols et les Italiens dans le Gard. Le dernier gain notable est dû à l’installation des rapatriés d’Afrique du Nord (notamment d’Algérie) à partir des années 1960.


Les déséquilibres internes

Cependant, la croissance n’est pas homogène selon les différents départements : la Lozère a encore perdu récemment plus de 5 p. 100 de sa population, l’Hérault bénéficie des apports migratoires les plus importants, les gains dus aux mouvements naturels restent largement inférieurs au taux national. Au-delà du découpage administratif, on constate que la montagne est toujours soumise à l’exode rural, alors que les Garrigues semblent maintenant se stabiliser dans leur ensemble et révèlent une progression nette à la périphérie des villes. Dans la plaine, la concentration de population ne cesse de se confirmer, Montpellier, avec plus de 38 p. 100 entre les deux recensements de 1962 et de 1968, se plaçant au premier rang des grandes villes françaises pour le taux d’accroissement. Certes, l’opposition méridienne est classique, la descente des montagnards vers le vignoble bien connue. Ce sont les cantons de Saissac (– 11 p. 100) pour l’Aude, de Saint-André-de-Valborgne (– 19,4 p. 100) dans le Gard, du Caylar (– 11,5 p. 100) dans l’Hérault ; les arrondissements de Florac (– 9,7 p. 100) et de Prades (+ 0,1 p. 100) pour la Lozère et les Pyrénées-Orientales qui révèlent l’exode le plus intense. Mais à ce découpage traditionnel calqué sur le cadre physique se surajoute un déséquilibre est-ouest entre d’une part la façade rhodanienne et l’est de la région, au dynamisme incontestable, d’autre part l’ouest en stagnation, de part et d’autre de la coupure du fleuve Hérault.

Désormais, l’axe Sète-vallée du Rhône, qui inclut les deux villes les plus importantes (Montpellier et Nîmes) et où l’urbanisation s’accélère, a pris le pas, sans doute pour une longue période, sur un Languedoc occidental resté beaucoup plus traditionaliste, axé sur la classique monoculture viticole et plus éloigné du « Grand Delta » européen.


Les villes

Le Languedoc est une des régions les plus urbanisées de France. La mise en place du réseau urbain montre une série de balancements entre le littoral, la plaine, les contacts des Garrigues et le piémont montagnard. Les héritages sont divers, de l’apport romain (Béziers, Nîmes, Narbonne) à l’affirmation médiévale (Carcassonne), jusqu’aux anciennes places commerciales, sièges de foires achalandées (Pézenas et Beaucaire), et à la création du port de Sète due à une initiative royale en 1666. Les villes les plus importantes s’égrènent au long de l’axe de communication principal de l’Aquitaine à la Provence, entre l’Espagne et l’Italie. On compte au total six agglomérations de plus de 50 000 habitants (sans doubles comptes).