Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Langevin (Paul) (suite)

En 1948, les cendres de Paul Langevin, en même temps que celles de Jean Perrin, sont transférées au Panthéon. À cette occasion, Joliot-Curie rend hommage au physicien : « Paul Langevin fut l’un de ces êtres exceptionnels, dont on compte très peu chaque siècle, qui, par leur intelligence créatrice, leur souci de faire le bien, leur ardeur pour les justes causes, sont à l’origine des progrès réels de l’humanité. »

R. T.

 P. Biquard, Paul Langevin (Seghers, 1969). / A. Langevin, Paul Langevin, mon père (Éd. fr. réunis, 1972).

Langres

Ch.-l. d’arrond. de la Haute-Marne, au-dessous de la vallée de la Marne, dans le nord-est du plateau de Langres ; 11 835 hab. (Langrois).


À l’époque gauloise, Langres, qui s’appelait alors Andematunum, était la cité des Lingons. Fidèles alliés de César dès le début de la conquête romaine, ces derniers furent, avec les Rèmes, la seule tribu qui, en 52 av. J.-C., à l’assemblée de toute la Gaule au mont Beuvray, refusa de se joindre à Vercingétorix pour combattre les Romains. Sous la domination romaine, Langres devint une ville importante, célèbre par son industrie des saies (en latin sagum), sortes de manteaux de laine à capuchon, utilisés par les Romains comme capotes militaires.

À la mort de Néron (68), les Lingons, pourtant, se soulevèrent avec leur chef Julius Sabinus et soutinrent l’empereur Vitellius (69). En réalité, ce qu’ils désiraient, c’était, à la faveur des luttes politiques romaines, recouvrer leur indépendance ou, tout au moins, l’autonomie. Ils seront les seuls avec les Trévires à soutenir la révolte du Batave Civilis, mais les autres tribus gauloises leur imposèrent, en 70 à l’assemblée de Reims, la cessation des hostilités. Après son échec, Sabinus se cachera longtemps dans les forêts. Découvert, il sera mis à mort en 79 à Rome par Vespasien, ainsi que son épouse, Éponine, devenue le symbole de l’amour conjugal.

À la fin du iie s. ou au début du iiie s., saint Bénigne fonda l’église de Langres. En 301, Constance Chlore, le père de Constantin, remporta à Langres sur les Germains une sanglante victoire. Au cours du ve s., la ville fut dévastée par les invasions (Alamans, Vandales, Huns).

Langres fit partie ensuite du royaume burgonde et devint à l’époque féodale une place forte importante grâce à son admirable situation stratégique et au rôle de place frontière qu’elle joua jusqu’à l’annexion de la Franche-Comté (1678) et de la Lorraine (1766).

Au xiie s., le duc de Bourgogne Hugues III (1162-1192) donna la ville à l’évêque, qui la céda au roi de France Louis VII. Celle-ci fut affranchie en 1153. L’évêque fut jusqu’au xviiie s. l’un des pairs ecclésiastiques du royaume.

La ville fut occupée en 1814 par les troupes des Alliés. Langres, dont le charme fut chanté par Stendhal et Mérimée, est la patrie de Diderot. La ville possède aujourd’hui des industries mécaniques et chimiques.

L’art à Langres

De son passé gallo-romain, Langres conserve une porte monumentale du iie s. apr. J.-C., à double arcade et pilastres corinthiens, encastrée dans les remparts qui enserrent la vieille ville. La cathédrale Saint-Mammès témoigne de l’importance que l’évêché de Langres avait sous l’Ancien Régime. L’édifice actuel est dû pour l’essentiel à deux campagnes de construction : chœur et déambulatoire de 1141 à 1153 ; transept, nef et collatéraux de 1170 à 1196. L’ensemble se rattache au style roman de Bourgogne* par l’élévation intérieure à trois étages et par maints détails inspirés de monuments antiques. La partie la plus belle est l’abside, avec son hémicycle de colonnes monolithes, sa frise de rinceaux sculptés, sa galerie d’arcades jumelles, sa voûte en demi-coupole. Dans la nef, les piles cruciformes des grandes arcades sont cantonnées de pilastres aux chapiteaux d’ascendance corinthienne ; chaque travée de la galerie intermédiaire a trois petites arcatures séparées par des pilastres cannelés. Cet édifice d’allure romane a reçu dès l’origine des voûtes sur croisées d’ogives. La chapelle Sainte-Croix, élevée de 1547 à 1549 aux frais du chanoine Jean d’Amoncourt, est un beau morceau de la Renaissance avec sa voûte à caissons sculptés, son carrelage en faïence de Rouen. Le mobilier de la cathédrale comprend notamment deux tapisseries provenant de la tenture de la Vie de saint Mammès, tissée au milieu du xvie s. sur les cartons de Jean Cousin*.

Langres possède quelques beaux hôtels et des maisons de la Renaissance, du xviie et du xviiie s. Son histoire artistique doit faire une place au peintre Jean Tassel (1608-1667), dont le style un peu dur, mais original, s’inspire du caravagisme et d’autres écoles contemporaines. Tassel a travaillé aussi à Troyes et à Dijon, et c’est au musée de Dijon qu’est son remarquable portrait de Catherine de Montholon.

B. de M.

P. R.

➙ Bourgogne / Champagne / Marne (Haute-).

 H. Ronot, la Cathédrale Saint-Mammès et l’église Saint-Martin de Langres (Éd. du Cerf, 1950).

langue

Organe musculeux, caractéristique des Vertébrés terrestres, situé au plancher de la cavité buccale.


Chez les animaux

La langue intervient, suivant les groupes animaux, dans la capture des aliments, la mastication, la déglutition et la phonation ; la muqueuse linguale porte des récepteurs sensoriels tactiles et les bourgeons du goût ; des glandes sublinguales séreuses produisent, concurremment avec d’autres glandes salivaires, la salive, qui facilite la déglutition des aliments.

La langue a une innervation sensorielle complexe, à laquelle participent les nerf crâniens trijumeau (Ve), facial (VIIe), glosso-pharyngien (IXe) et pneumogastrique (Xe), tant pour les bourgeons du goût que pour les récepteurs tactiles. L’innervation motrice est assurée par le nerf crânien grand hypoglosse (XIIe), dont l’homologue chez les Poissons est représenté par trois racines somatomotrices innervant la musculature hypobranchiale. Il n’y a de langue à proprement parler ni chez les Poissons, ni chez les larves d’Amphibiens. Chez ces derniers, lors de la métamorphose, la respiration branchiale laisse place à la respiration pulmonaire, et l’organe branchial disparaît ou se transforme. Le squelette hyoïdien et branchial régresse en devenant le squelette laryngien (os hyoïde), et la musculature hypobranchiale devient la musculature linguale. En fait, la région copulaire du plancher pharyngien des Poissons est l’homologue de la « racine » ou base de la langue des Tétrapodes. En avant de cette zone et de l’endroit où s’est invaginé le canal thyréoglosse (invagination du plancher pharyngien qui devient la thyroïde), la région précopulaire de la langue est envahie secondairement par la musculature hypobranchiale. On retrouve chez les adultes de la plupart des Vertébrés, y compris chez l’Homme, la trace de ce canal thyréoglosse secondairement oblitéré : le foramen cœcum. En avant de cette structure en forme de V, la langue est déprimée par le myosepte longitudinal, formant le sillon médian.