Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lagides (suite)

 A. Bouché-Leclercq, Histoire des Lagides (Leroux, 1903-1907 ; rééd. Culture et civilisation, Bruxelles, 1965 ; 4 vol.). / P. Jouguet, l’Impérialisme macédonien et l’hellénisation de l’Orient (la Renaissance du livre, 1926 ; nouv. éd., A. Michel, coll. « L’évolution de l’humanité », 1961). / E. Bevan, A History of Egypt under the Ptolemaic Dynasty (Londres, 1927 ; trad. fr. Histoire des Lagides, Payot, 1934). / C. Préaux, l’Économie royale des Lagides (Office de publicité, Bruxelles, 1939) ; les Grecs en Égypte d’après les archives de Zénon (Office de publicité, Bruxelles, 1947). / P. Petit, la Civilisation hellénistique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 3e éd., 1967). / E. Will, Histoire politique du monde hellénistique (Berger-Levrault, 1966-67 ; 2 vol.). / A. Bernand, Alexandrie la grande (Arthaud, 1967). / P. Lévêque, le Monde hellénistique (A. Colin, coll. « U2 », 1969).

Lagos

Capit. du Nigeria ; 842 000 hab.


Le site primitif est une île étroite fermant la lagune dans laquelle débouche le petit fleuve côtier Ogun, dans le golfe de Bénin. La proximité de la côte, les facilités de commerce avec un arrière-pays peuplé, la défense plus aisée à partir d’une île ont favorisé l’implantation d’un premier poste commercial. Celui-ci s’est trouvé rapidement à l’étroit, et les nouveaux quartiers se sont d’abord développés à Ebute Metta, sur le continent, au nord du chenal où est installé le port. La progression des faubourgs - villes satellites s’est organisée ensuite le long de la voie ferrée d’Abeokuta en direction de l’ouest et du nord : quartiers d’Apapa, de Mushin, d’Ikeja.

Au xixe s., Lagos était considéré comme le port le mieux situé de la baie de Bénin. Il s’est développé jusqu’à devenir le port principal pour les passagers et le fret de toute la côte occidentale de l’Afrique entre Casablanca et Le Cap. L’arrière-pays desservi comprend la plus grande partie du Nigeria, qui fournit au Sud la majeure partie du cacao du pays, un important tonnage de produits dérivés du palmier, du bois, du caoutchouc, ainsi que les régions productrices d’arachides, de coton, de peaux et de cuirs (Nigeria septentrional et république du Niger).

L’origine de Lagos peut être attribuée à l’arrivée des Portugais à la fin du xve s. L’agglomération est restée un simple village jusqu’au xixe s. malgré son importance pour le commerce des esclaves. Elle s’est développée d’abord à partir du commerce tenu par les Africains, puis sous la domination des Britanniques, qui occupèrent la place en 1851 pour mettre fin au trafic des esclaves et qui en firent une colonie en 1861. En raison de la sécurité qu’elle assurait, la ville vit affluer de nombreux habitants, parmi lesquels des esclaves libérés venant de Freetown et même du Brésil. La construction de la ligne de chemin de fer commencée en 1895 vers Abeokuta et Ibadan devait atteindre Kano en 1912, entraînant l’unification du Nigeria (1914). L’afflux des commerçants, des administrateurs et des militaires avait déjà porté la population de Lagos à 75 000 habitants en 1913. L’aménagement du chenal entre la lagune et la mer devait permettre dès 1914 l’accès des navires de haute mer au port, la construction de nouveaux quais à Apapa sur le continent et le développement d’un réseau serré de communications avec l’arrière-pays yorouba.

Le développement de la ville a été entravé par les inconvénients du site originel : une île basse environnée de marécages, mal drainée, menacée par l’érosion du cordon littoral qui la protège des assauts de l’océan. L’agglomération est hétérogène, les faubourgs et villes satellites sont insuffisamment reliés au centre par un seul pont qui voit passer quotidiennement plus de 200 000 personnes.

La partie la plus ancienne de Lagos et la plus densément peuplée se trouve sur l’île même où les habitations primitives étaient groupées en cercle autour des chefs traditionnels. Le quartier abrite encore des taudis surpeuplés et ne bénéficie que de services publics insuffisants. Les Britanniques s’installèrent face au port, et le développement de leur colonie, des maisons de commerce, l’aménagement des premiers quais se firent sur le rivage sud-ouest de l’île face au port. Les bâtiments administratifs, les missions, les écoles, l’hippodrome et les résidences de hauts fonctionnaires se trouvaient au sud-est. Le nord-est de l’île est occupé par les Africains depuis le xixe s. et le début du xxe s. En creusant un canal, la partie est de l’île fut transformée elle-même en île : « Ikoyi Island », où se construisit un quartier européen de style britannique avec villas individuelles entourées de jardins, avec parcours de golf et clubs privés.

L’importance de l’apport européen à Lagos réside davantage dans l’introduction de la technologie de la société industrielle que dans le nombre des résidents expatriés, comme c’est le cas à Dakar. Ici, le nombre des Européens n’a jamais dépassé 5 000 à l’époque coloniale.

Aujourd’hui, l’île de Lagos possède encore les offices gouvernementaux, les bâtiments administratifs et la plupart des ambassades étrangères. Son héritage de rues étroites et tortueuses contribue à créer de difficiles problèmes de circulation. L’habitat est souvent médiocre. Le premier faubourg de Lagos fut créé par la construction de la voie ferrée au début du siècle à partir d’Ebute Metta sur le continent. Les ateliers de chemin de fer y constituent encore un des principaux établissements industriels du pays. La partie résidentielle d’Ebute Metta, disposée en damier, abrite surtout des employés de chemin de fer. L’ouverture d’un nouveau quai à Apapa en 1926 a amorcé le développement d’une autre section importante ; la jetée fut prolongée en 1955, et récemment Apapa est devenu non seulement la zone portuaire principale pour Lagos, mais le site de la première cité industrielle et du nouveau quartier africain.

Le développement s’est aussi effectué à l’intérieur des terres à partir d’Ebute Metta le long de la voie ferrée et de la grande route jusqu’à l’aéroport. Lagos s’est transformé en une grande cité allongée s’étendant à partir de l’extrémité est d’Ikoyi vers l’ouest, puis vers le nord sur une distance d’environ 25 km. Il est vrai que la cité a été gênée dans son développement par les lagunes et les marécages de la région, mais une urbanisation plus cohérente aurait pu être réalisée si des problèmes de frontière entre le territoire fédéral de Lagos et l’ancienne région occidentale n’étaient venus perturber un développement rationnel.

Les Yoroubas forment les deux tiers de la population totale, mais d’autres groupes ethniques sont bien représentés, y compris les Haoussas du Nord et, à la fois avant et depuis la guerre civile, les Ibos de l’Est.