La Fosse (Charles de) (suite)
Vers 1675, il décore la coupole de l’église de l’Assomption à Paris (esquisse au musée Magnin de Dijon) et travaille dans le grand appartement du roi à Versailles (plafond du salon d’Apollon, vers 1673-74, esquisse au musée de Rouen ; salon de Diane, 1678-1680). Ces décors témoignent de son goût pour la grande peinture aérienne, claire et colorée, avec des raccourcis vigoureux. Le succès de ses décors, souvent à la fresque, l’entraîne à Londres, où il orne Montagu house de peintures, aujourd’hui détruites, mais qui étaient parmi les premières dans lesquelles un Français ait représenté des ciels fictifs d’un seul tenant. Entre 1702 et 1705, La Fosse décore la coupole haute et les pendentifs de l’église des Invalides (conservés ; esquisse au musée des Arts décoratifs) ; en 1709, il peint la Résurrection du Christ au cul-de-four de la chapelle de Versailles. Il peignit aussi des grands décors chez des particuliers, notamment le mécène Pierre Crozat, chez qui il logea et où il connut Watteau*, qu’il y avait peut-être introduit.
Les tableaux de chevalet de La Fosse sont nombreux, mais leur chronologie reste incertaine, à part quelques points de repère : le Sacrifice d’Iphigénie (vers 1679, Versailles), la Présentation de la Vierge au Temple (1682, musée de Toulouse), Apollon et Thétis (1688, Grand Trianon), Clytie changée en tournesol (id.), dont l’admirable coloris et l’exquise mélancolie préfigurent Watteau, la Résurrection de la fille de Jaïre (v. 1695-1700, Paris, Notre-Dame de Bercy), Bacchus et Ariane (1699, musée de Dijon), où sont fondues les leçons de Rubens et de Titien, le Triomphe de Bacchus (1700, Louvre), Moïse sauvé des eaux (1701, Louvre), dont la poésie idyllique baigne dans une lumière dorée.
De la maturité de l’artiste semblent dater les tableaux aux contours encore nets, au coloris brillant, comme des diverses versions du Repos de Diane (Leningrad et musée de Brest), les tableaux du musée de Nantes (Vénus et Vulcain, la Déification d’Énée), la Visitation (Lyon, église Sainte-Blandine), Agar dans le désert (Leningrad, Ermitage). Vers la fin de sa vie, les formes sont plus arrondies encore, plus molles, l’exécution plus synthétique, tandis que se développe, sous l’influence de Rembrandt*, le goût du pittoresque et du clair-obscur (Suzanne et les vieillards, Moscou ; Moïse et les filles de Jéthro, Orléans).
Lié au critique Roger de Piles et à J. H.-Mansart*, La Fosse a joué un rôle notable dans la victoire des rubénistes, partisans de la couleur, sur les poussinistes, plus attachés au dessin ; il a grandement contribué à la détente du style qu’on observe alors dans la peinture française, qui admet désormais les modèles les plus variés aux côtés de Poussin et de Le Brun.
A. S.
➙ Académisme / Classicisme.
M. Stuffmann, Charles de La Fosse, numéro spécial de la Gazette des beaux-arts (juillet-août 1964).
