Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lacordaire (Henri) (suite)

 C. de Montalembert, le Père Lacordaire (Douniol, 1862). / J. T. Foisset, Vie du révérend père Lacordaire (Douniol, 1870). / J. Favre, Lacordaire orateur, sa formation et la chronologie de ses œuvres (Poussielgue, 1906). / M. Gillet, Lacordaire (Dunod, 1951). / M. Escholier, Lacordaire, ou Dieu et la liberté (Éd. de Fleurus, 1959, nouv. éd., 1961). / Y. Frontier, l’Église dans l’œuvre du père Lacordaire (Éd. du Cerf, 1963). / J. Peyrade, Lacordaire ou le Baptême du romantisme (Wesmael-Charlier, 1967).

Lacq

Commune des Pyrénées-Atlantiques, au nord-ouest de Pau.


Petit village comptant un peu plus de 400 habitants, situé dans la vallée du gave de Pau, à une vingtaine de kilomètres en aval de la capitale béarnaise, Lacq est devenu célèbre par la découverte d’un petit champ pétrolifère en 1949 et surtout par le jaillissement du gaz naturel en 1951. La mise en valeur de ces richesses est à l’origine de la fortune de la Société nationale des pétroles d’Aquitaine (S. N. P. A.), qui fait aujourd’hui partie du groupe Elf-Erap.

Plus que par le pétrole, dont la production est très faible (maximum de 307 000 t en 1954, mais seulement 54 400 t en 1971), Lacq est connu par son gisement de gaz naturel — trente-trois puits permettent d’exploiter une structure profonde (le « toit » du gisement est, à son point le moins profond, à 3 700 m) —, qui est emmagasiné dans un réservoir de 800 m d’épaisseur, s’identifiant avec des calcaires néocomiens, valanginiens, purbeckiens et portlandiens ainsi qu’avec le sommet du Kimméridgien. La pression (650 kg/cm2 au fond à l’origine, 450 aujourd’hui) et le caractère corrosif d’un gaz contenant 15 p. 100 environ d’hydrogène sulfureux ont retardé de 1951 à 1957 la mise en valeur de ces richesses, nécessitant au préalable la mise au point de tubes en acier spécial et la construction d’une usine de traitement (dégazolinage et désulfuration du gaz naturel). De celle-ci sortent aujourd’hui par an plus de 7,5 milliards de mètres cubes de méthane, 1,8 Mt de soufre ainsi que, mais en faibles quantités, de l’essence, du propane et du butane. Du reste, la vente du soufre rapporte plus désormais à la S. N. P. A. que celle du méthane. Celui-ci provient aujourd’hui du champ de Lacq proprement dit, mais aussi des puits mis en service il y a quelques années dans les collines situées au sud de Pau (champ dit « de Meillon-Saint-Faust »).

La mise en valeur de ces richesses est à l’origine de la création d’un foyer industriel dans la vallée du gave de Pau, sur le territoire de communes auparavant rurales. Près du cinquième du gaz (soit plus de 1 milliard de mètres cubes) est utilisé dans la région même de Lacq. Près de 0,7 milliard de mètres cubes sont brûlés dans la thermocentrale d’Artix, mise en service en 1959 et fournissant de 2,5 à 3 TWh. L’électricité est pour les deux tiers destinée aux usines d’électrolyse du groupe Pechiney-Ugine, l’une à Lannemezan, l’autre à Noguères. Celle-ci, distante de 1 km environ de la thermocentrale, fut mise en service par Pechiney au début de 1960 et traite de l’alumine amenée par train de Salindres et elle-même obtenue en partie avec de la bauxite importée du Queensland ; 105 000 t d’aluminium sont coulées chaque année à Noguères.

L’industrie chimique valorise 0,4 milliard de mètres cubes de méthane. Établie en 1960 à Pardies-Monein, Aquitaine-Chimie s’est tournée vers la chimie de l’acétylène et de l’ammoniac à partir du gaz naturel, de l’eau ainsi que de l’oxygène et de l’azote de l’air. L’ammoniac est réutilisé en particulier pour la fourniture d’engrais azotés (plus de 200 000 t) ; l’acétylène est aujourd’hui destiné à la production d’acide acétique et d’acétate de vinyle monomère. À partir de 1962, la S. N. P. A. s’est tournée vers la chimie, en particulier par l’intermédiaire de sa filiale Aquitaine-Organico : la production d’acétylène et de benzène y est le préalable à celle du Rilsan, du lactame et des matières plastiques. Depuis 1964, la S. N. P. A. s’est aussi orientée vers la chimie du soufre (thiochimie).

Il reste que la majeure partie des richesses extraites à Lacq est expédiée vers d’autres régions, voire exportée. Environ 5 000 km de gazoducs assurent la distribution du gaz naturel dans une grande partie de la France. En dehors du gaz utilisé à Lacq même, le Sud-Ouest, en fait essentiellement les agglomérations de Bordeaux et de Toulouse, s’inscrit pour 45 p. 100 dans cette consommation, les pays du Centre-Ouest et la Bretagne méridionale et orientale pour 15 p. 100 ; un cinquième du gaz est vendu en Auvergne, en Bourgogne et dans le Lyonnais ; moindres sont les ventes dans les pays de la Loire moyenne et dans la région parisienne. Plus de 70 p. 100 de ce gaz sont consommés par les industries, notamment celles d’Aquitaine et de la région lyonnaise. Vendu sous forme solide ou liquide, le soufre est destiné pour 680 000 t au marché français (notamment dans le Nord, la région lyonnaise et la basse Seine) et pour plus de 1 Mt à l’étranger. Près de 70 p. 100 des exportations sont acheminés par mer vers les ports de l’Europe du Nord-Ouest, principalement Rotterdam et Immingham (Lincolnshire) ; les petits ports du sud-ouest de la Suède et ceux de la mer d’Irlande reçoivent des tonnages plus faibles ; 20 p. 100 du soufre sont chargés à destination d’un port ibérique ou méditerranéen. Le reste gagne des régions très éloignées.

La mise en valeur des richesses de Lacq et l’industrialisation se sont traduites dans les années 60 par un regain d’activité régionale, visible dans l’importance des constructions, l’urbanisation de vieux bourgs (Artix, Arthez-de-Béarn) et l’édification d’une ville nouvelle (Mourenx, près de 10 000 hab.). Mais des inquiétudes commencent à se faire jour, causées par la diminution des réserves (200 milliards de mètres cubes récupérables à Lacq, mais près de la moitié a déjà été extraite, et guère plus de 60 milliards de mètres cubes aujourd’hui pour Meillon-Saint-Faust), qui nécessitera un ralentissement du rythme de production vers 1980 (mais aura-t-il des conséquences sur l’industrie régionale ?) et par la menace d’épuisement du gisement vers l’an 2000.

S. L.

➙ Aquitaine / Béarn / Gaz / Pau / Pyrénées Atlantiques.