Kun (Béla) (suite)
Revenu en Hongrie à la fin de 1918, il employa les fonds donnés par Lénine à la création d’un journal communiste, Vörös Újsáqg, dans lequel il attaquait violemment le gouvernement réformateur du comte Mihály Károlyi. Le 24 novembre 1918, il fonda le parti communiste hongrois (Kommunisták Magyarországi Pártja, KMP). Il poursuivit l’agitation en profitant de la désorganisation économique consécutive à la défaite et en promettant aux Hongrois l’aide des Russes pour repousser les envahisseurs roumains.
Le gouvernement le fit emprisonner le 22 février 1919 ; mais, le 21 mars, sous l’effet de la réaction populaire, furieuse de voir les Roumains envahir la Transylvanie, les Tchèques la Slovaquie et les Serbes le Banat, Károlyi remit le pouvoir au « prolétariat hongrois » : Kun devint commissaire aux Affaires étrangères, c’est-à-dire le véritable chef du Conseil exécutif des commissaires du peuple. « À l’ultimatum de l’Entente exigeant la cession de territoires hongrois à l’oligarchie roumaine, déclarèrent les communistes, le peuple hongrois répond par la proclamation de la dictature du prolétariat. » La république des Conseils devait durer 133 jours.
Instaurant une politique très rigoureuse, le nouveau gouvernement créa l’armée rouge, nationalisa les industries et les grandes propriétés, mais il se heurta à de graves difficultés extérieures et intérieures. En mai 1919, un gouvernement contre-révolutionnaire se forma à Szeged avec l’archiduc Joseph, l’amiral Horthy et le comte Bethlen. L’armée rouge hongroise, après quelques succès contre les troupes tchécoslovaques en Slovaquie, échoua dans son offensive contre les Roumains, qui marchèrent alors sur Budapest (juill.).
Le 1er août, Béla Kun s’enfuit en Autriche ; interné quelque temps à Vienne, il reçut l’autorisation de se réfugier en Russie. Il réapparut à Vienne en 1928 ; de là il essaya de soulever la Hongrie. Arrêté et de nouveau relâché, il retourna en U. R. S. S., où il joua un rôle important au sein de la IIIe Internationale. Accusé de « trotskisme », il disparut au cours des grandes purges staliniennes de 1939. Khrouchtchev le réhabilita en 1956.
P. P. et P. R.
➙ Hongrie.
M. Karolyi, Gegen eine ganze Welt (Munich, 1924). / A. Szelpal, les 133 Jours de Béla Kun (Fayard, 1959). / R. L. Tökés, Béla Kun and the Hungarian Soviet Republic (New York, 1967).
