Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

animal (suite)

Fonctions de reproduction

La reproduction asexuée (c’est-à-dire sans l’intervention de cellules spécialisées appelées gamètes, qui renferment la moitié du patrimoine génétique de l’espèce) est bien moins répandue chez les animaux que dans le règne végétal. De même que les facultés de régénération, elle est d’autant plus intense que l’animal est plus primitif.

La reproduction sexuée met en jeu des organes spéciaux : les gonades (testicule dans le sexe mâle, ovaire dans le sexe femelle) et le tractus génital, qui a pour rôle d’évacuer au-dehors des gamètes ou les œufs. Dans deux embranchements au moins (Annélides et Vertébrés) s’établissent des connexions entre le tractus génital et les voies d’excrétion. Les espèces sont gonochoriques (sexes séparés) ou hermaphrodites (sexes tous deux présents chez le même individu) ; dans ce dernier cas, toutefois, l’autofécondation est toujours impossible ou exceptionnelle. La parthénogenèse fait intervenir le seul gamète femelle, mais elle peut être considérée comme un mode particulier de la reproduction sexuée, dont elle dérive par évolution. Dans d’autres cas, on peut observer l’existence simultanée de processus sexués et asexués, comme dans la schizogamie des Annélides (formation d’une chaîne d’individus sexués à partir d’un individu unique) ou la polyembryonie humaine (formation de jumeaux identiques par partition d’un œuf fécondé unique).


Fonctions de relation

Les modifications survenant dans le milieu où vit l’animal sont recueillies par des cellules ou organes spécialisés appelés récepteurs ; ceux-ci analysent les modifications physiques (toucher, vision, audition) ou chimiques (goût, olfaction). Les animaux sont capables de réagir aux modifications externes défavorables grâce à des effecteurs qui sont soit des organites locomoteurs (cils, flagelles), soit des cellules spécialisées (cellules myoépithéliales et fibres musculaires). Le bon fonctionnement des effecteurs pour réaliser la locomotion nécessite la présence de points fixes et rigides, que fournit le squelette, que ce dernier soit externe (carapace, coquille, etc.) ou interne (tissu fibreux, cartilage, os). Spongiaires mis à part, il s’intercale chez tous les animaux, entre récepteurs et effecteurs, un système de conduction, le système nerveux. L’abondance des récepteurs sensoriels dans la région antérieure chez les espèces mobiles y provoque l’accumulation de cellules nerveuses, réalisant un système nerveux central ou « cerveau ». Il n’existe pas de cerveau* chez les Cnidaires ou les Échinodermes, ni chez la plupart des autres formes fixées. Le cerveau apparaît chez les Plathelminthes, et son importance ne fait que croître au cours de l’évolution. À son rôle d’analyse des modifications du milieu extérieur (sensibilité extéroceptive) s’ajoutent en effet d’autres rôles d’analyse des modifications du milieu interne (sensibilité intéroceptive), puis du contrôle des effecteurs musculaires (sensibilité proprioceptive). Le cerveau est tout d’abord le lieu où s’élaborent les réflexes ainsi que les comportements stéréotypés (instincts). Peu à peu, chez les formes supérieures, il acquiert en outre la possibilité de mémoriser ses expériences passées (réflexes conditionnés) et de s’adapter ainsi aux situations inattendues. Les capacités d’abstraction, notamment par le langage, sont l’apanage d’un nombre restreint d’espèces et ne se développent vraiment que chez l’Homme.

R. B.


Le comportement animal

Le comportement animal est d’une telle diversité, ne serait-ce qu’en raison de la multiplicité des formes zoologiques, qu’il serait fastidieux de passer en revue les diverses espèces et leurs conduites caractéristiques, ou même de regrouper celles-ci sous les rubriques des principaux comportements, sans donner tout d’abord une idée d’ensemble de la manière dont le comportement animal a été connu, abordé et étudié, ainsi que des principaux problèmes qui se sont posés à cette occasion.


Historique

Le comportement animal a successivement intéressé les chasseurs, les conteurs, les philosophes, puis les naturalistes et enfin les physiologistes et les psychologues, passant ainsi au cours des siècles par l’état de connaissance pratique, puis théologique et enfin scientifique.

• Préhistoire et Antiquité. Les peintures rupestres préhistoriques, le folklore des sociétés primitives ainsi que les mythologies d’Orient et d’Occident témoignent de la part qui était faite à l’animal et à son comportement dans les préoccupations de nos ancêtres. Cela se conçoit, car deux types de rapport existèrent entre les premiers hommes et les animaux. Ce fut tout d’abord celui d’une rencontre sur un même territoire, dont l’occupation et le contrôle étaient nécessaires à la survie des uns et des autres. Puis eut lieu l’étonnante entreprise de la domestication de certaines espèces, obligées au commensalisme avec l’Homme chasseur, puis agriculteur. On comprend l’anthropomorphisme foncier de ce premier mode de connaissance. Par la suite, la domination de l’Homme sur l’animal devint un fait accompli, si bien que les Anciens ont effectué peu de notations objectives sur le comportement des animaux (Aristote), et le Moyen Âge, mis à part ses « bestiaires » fantaisistes et moralisants, s’y est encore moins intéressé.

• La théologie médiévale et la théorie des « animaux-machines ». Le christianisme sépara totalement l’Homme, doué d’un principe spirituel, du restant de la création, animaux compris, et de là date sans doute l’ambiguïté qui pèse sur la manière dont on situe la conduite des animaux par rapport à celle de l’Homme. En effet, comme ils sont doués de mouvement ou « animés », c’est-à-dire en raison du caractère manifeste de leur conduite et de son analogie avec celle de l’être humain, on leur accorde le nom d’animaux (du latin anima, âme), ce qui semble leur reconnaître les mêmes fonctions comportementales qu’à l’Homme. Cependant, la religion leur dénie si bien une « âme » ou un « esprit », ou, si l’on veut, l’attribue d’autorité à l’Homme et à lui seul, que le terme de bête devient synonyme d’absence ou de défaut d’un tel principe directeur de la conduite. Cette dualité reflète en fait le conflit entre l’anthropomorphisme spontané populaire, voire celui de libres penseurs comme Montaigne, et la rigueur de théologiens comme Malebranche ou de philosophes comme Descartes. Selon Descartes, la conduite des animaux diffère fondamentalement de la nôtre, car le langage leur manque et, de plus, leurs diverses « industries » (nidification, par exemple) sont étroitement spécialisées, alors que l’Homme peut trouver la solution d’une grande variété de problèmes : ils n’ont que des « instincts », alors que la « raison », instrument universel, est un caractère humain. Cette dichotomie aboutit à l’étude de l’« esprit » humain par le philosophe, d’un côté, et à celle du comportement animal par le physiologiste, de l’autre.