Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kotas (suite)

Les Kotas sont essentiellement des chasseurs-cueilleurs. La chasse se pratique seul (au fusil) ou en groupe (au filet avec des chiens). Les espèces chassées sont des antilopes et des sangliers. La chasse de l’éléphant est exceptionnelle. Les femmes se consacrent à la pêche, à la cueillette et à l’agriculture. En effet, l’homme n’aide qu’au débroussage de cette culture itinérante sur brûlis. Il existe également un petit élevage de cabris, de moutons et de poules.

L’organisation sociale des Kotas est de type segmentaire. La tribu (ilongo) est divisée en clans (ikaka) caractérisés par un interdit alimentaire et une exogamie rigoureuse. Le système de parenté est patrilinéaire et classificatoire. Au niveau villageois, le clan se divise en lignages (diyo). Le lignage constitue l’unité de base du village et se confond de plus en plus avec la famille conjugale. Le divorce est très courant. Le plus âgé des chefs de lignage préside le conseil des anciens, qui réglemente les conflits. Jadis, les voleurs ou les prisonniers de guerre devenaient des esclaves. Il existe également au niveau villageois des groupes à caractère initiatique. Ce sont des associations de protection magique. Celles-ci sont soit masculines (ngoy et mungala), soit féminines (isembwé). L’association ngoy est celle des hommes-panthères, et le rituel qui fait partie de la circoncision sert à prouver la qualité réelle du candidat. Le mungala est véritablement une association secrète avec une cérémonie d’initiation, qui implique des rituels de guérison et de protection. L’association isembwé regroupe toutes les femmes du village : elle défend les coupables d’actes sexuels illicites et les protège magiquement.

Il existe un culte des ancêtres, mais qui a disparu aujourd’hui à cause de l’expansion des cultes syncrétiques et du christianisme. Le culte bwete se fait exclusivement dans le cadre du clan, et seul le chef de famille est habilité à l’exercer. La sorcellerie est très répandue : les devins-guérisseurs (nganga) sont chargés de chasser les sorciers. La circoncision donne lieu à de grandes fêtes rituelles appelées satsi ; celles-ci se déroulent entre juin et septembre, période de la saison sèche.

J. C.

 L. Perrois, la Circoncision bakota (Gabon) [O. R. S. T. O. M., 1969].

Kouang-si

En pinyin Guangxi, province de la Chine méridionale ; 220 000 km2 ; 22,3 millions d’hab. (estimation en 1964). Capit. Nanning (Nan-ning).


Le Guangxi était une des dix-huit provinces traditionnelles de la Chine. Il est devenu, dans le cadre de l’administration de la République populaire, la « Région autonome des Zhuang (Tchouang) du Guangxi », sans qu’on perçoive nettement les raisons de ce changement. Les Régions autonomes ont, en effet, été créées pour permettre une vie relativement autonome aux principales minorités, là où ces minorités sont plus nombreuses que les Han. Or, si le Guangxi comprend une importante population Zhuang (Tchouang), celle-ci est, en fait, moins nombreuse que les Han (40 p. 100). Parmi les non-Han, on ne distingue pas moins de douze nationalités. Les Zhuang seraient environ 6 600 000 : leur langue appartient au groupe des langues thaïs ; elle a été récemment romanisée. Le second groupe est celui des Miao (ou Méo), et le troisième celui des Yao (ou Lu), Miao et Yao étant apparentés.

La province a un climat à peu près tropical, chaud et humide. Les températures sont élevées presque toute l’année dans les vallées, l’hiver étant frais, mais non froid à l’abri des « coulées froides » du nord ; les pluies d’été apportées par la mousson sont abondantes ; la végétation naturelle, là où elle subsiste, est une forêt à espèces tropicales (bambous) avec aussi nombre d’espèces d’affinités tempérées. Ce climat est influencé par l’altitude. Le Guangxi est une région montagneuse ; on y trouve des hauteurs de 1 500 m ; le Guangxi fait partie du « gradin » occidental de la Chine méridionale. Par ailleurs, le relief est très mouvementé, avec des pentes abruptes. Il correspond à une portion du « pseudo-socle » de la Chine méridionale, aux terrains primaires, triasiques et jurassiques plissés au Crétacé (plis « siniens ») avec de nombreuses intrusions granitiques, plus ou moins érodés et enfouis sous leurs propres débris, qui constituent une couverture gréseuse subhorizontale. Les grès ont été largement déblayés. L’élément le plus remarquable et le plus étendu (120 000 km2) du paysage est constitué, au nord, autour de Guilin (Kouei-lin), par un extraordinaire « karst à pitons » développé dans les calcaires du Dévonien au Triasique : c’est la célèbre « forêt de rochers » (Shihling), paysage de tours, où s’agrippe la végétation. Les calcaires ont aussi formé des dépressions très plates, véritables plaines. Ce paysage a été une source d’inspiration majeure pour les peintres de l’époque Song. Les lignes de relief sont dues à l’érosion différentielle exercée par le Xijiang (Si-kiang) et ses affluents, qui drainent toute la région. Le Xijiang est un fleuve puissant, très bien alimenté, dont le débit moyen est de 8 700 m3/s à Wuzhou (Wou-tcheou), au sortir du Guangxi, avec des crues extrêmement fortes (le fleuve monte de 26 m).

Ce relief mouvementé domine la vie du Guangxi. Les vallées s’épanouissent en bassins que séparent des gorges. Les bassins sont densément peuplés de Han, qui y ont installé des rizières irriguées à deux récoltes annuelles et souvent, en outre, une récolte sèche de printemps. Les pentes, et notamment celles de l’ouest, où dominent les tribus non Han, sont encore souvent livrées aux cultures sur brûlis à longue jachère ; l’habitat y est dispersé.

Le Guangxi n’a pas de ville importante, pas même Nanning (Nan-ning), sa capitale. Cette ville est un port sur le Xijiang (Si-kiang), qui n’est plus navigable en amont, et un centre important de voies ferrées, relié à la frontière vietnamienne (vers Hanoi) et d’autre part, à Hengyang (Heng-yang) [sur la voie de Canton à Wuhan (Wou-han)], à Guiyang (Kouei-yang) [capitale du Guizhou (Kouei-tcheou*)], et enfin à Zhanjiang (Tchan-kiang) [l’ex-Fort-Bayard].

J. D.