Kokoschka (Oskar) (suite)
La guerre marque une rupture profonde. Grièvement blessé en 1915, l’artiste se retire à Dresde, où il demeure de 1917 à 1924 et professe à l’Académie. Les tableaux exécutés à la fin de la guerre et peu après sont sans doute les plus représentatifs de la véhémence chromatique et de l’inquiétude propres à l’expressionnisme, tandis que leur facture est très diversifiée (touche vermiculée, empâtement lourd) : Autoportrait, 1917, coll. privée, Wuppertal ; la Femme en bleu, 1919, Staatsgalerie de Stuttgart. Mais cette tension s’apaise bientôt à la faveur de voyages entrepris à partir de 1924 et qui le conduisent en France, en Suisse, en Italie, en Hollande, en Afrique du Nord, au Proche-Orient. De 1924 à 1931, il réside surtout à Paris. Le paysage devient désormais le thème par excellence, dans lequel on ne rencontre plus guère l’expressionnisme, mais plutôt une vision large et claire des sites qui ont retenu l’attention du peintre, phénomène de détente qui est d’ailleurs commun à bien des artistes notoires de l’époque (Chamonix et le Mont-Blanc, 1927, musée de Karlsruhe ; le Pont Charles à Prague, 1934, Galerie nationale de Prague).
Avant la Seconde Guerre mondiale, Kokoschka réside à Vienne et à Prague. Considéré comme « artiste dégénéré » par les nazis, il cherche refuge en Grande-Bretagne (1938) et acquiert la citoyenneté britannique (1947). Après la guerre, il s’installe en Suisse, sur les bords du lac Léman, tout en dispensant son enseignement à l’Académie internationale d’été de Salzbourg. Fidèle aux intuitions de sa jeunesse, il continue à s’exprimer dans un style lyrique, souvent sur de grands formats. La couleur, mal contenue par un dessin éclaté, est l’organisatrice souveraine de ces pages (Autoportrait, 1969, coll. privée). Les paysages demeurent le sujet privilégié.
Kokoschka a fait paraître en 1971 un ouvrage retraçant son itinéraire artistique et spirituel (Mein Leben, Munich).
M.-A. S.
➙ Expressionnisme.
E. Hoffmann, Oskar Kokoschka, Life and Work (Londres, 1947). / H. M. Wingler, Oskar Kokoschka. Das Werk des Malers, avec catalogue raisonné des peintures (Salzbourg, 1956). / E. Rathenau, Der Zeichner Kokoschka (Zurich, 1961). / J. P. Hodin, Oskar Kokoshka, sein Leben, seine Zeit (Francfort, 1968).
