Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kenya (suite)

 M. Salvadori, la Colonisation européenne au Kenya (Larose, 1938). / L. S. B. Leakey, Defeating Mau Mau (Londres, 1954). / R. Segal, Political Africa (Londres, 1961). / A. J. Hughes, East Africa, Kenya, Uganda, Tanzania (Londres, 1963 ; rééd. 1969). / Z. A. Marsh et G. W. Kingsnorth, An Introduction to the History of East Africa (Cambridge 1963 ; nouv. éd., 1965). / R. Oliver et G. Mathew, History of East Africa (Londres, 1965 ; rééd., 1968). / A. M. O’Connor, An Economic Geography of East Africa (Londres et New York, 1966). / C. G. Rosberg et J. Nottingham, The Myth of Mau Mau Nationalism in Kenya (New York, 1966). / R. Buijtenhuijs, le Mouvement mau-mau. Une révolte paysanne en Afrique noire (Mouton, 1971).

Kenyatta (Jomo)

Homme politique du Kenya (Ichaweri 1891 ou v. 1893).


Né de parents kikuyus, Kamau Wa Ngenri reçoit une éducation traditionnelle, puis chrétienne avant d’entrer dans la vie politique, où il acquiert le surnom de Kenyatta (« javelot flamboyant »). Secrétaire de la Kikuyu Central Association (KCA), créée en 1925 pour protester contre les appropriations de terres par les Européens dans les Highlands, il est membre de la commission Hilton Young, envoyée à ce sujet à Londres. Mais c’est à partir de 1931, début d’un second séjour en Europe, qui durera quinze ans, qu’il complète sa formation intellectuelle et politique. Assistant de l’Institut international africain, diplômé d’ethnologie, il publie en 1937 le fameux Facing Mount Kenya, première description du système social des Kikuyus. Puis il voyage à travers l’Europe et séjourne à Moscou. La Seconde Guerre mondiale lui offre l’occasion d’un engagement plus précis. En 1945, il publie un pamphlet, Kenya, the Land of Conflict, qui marque sa rupture avec la Grande-Bretagne, et il organise le Ve Congrès panafricain à Manchester avec Padmore et Nkrumah. En 1946, il décide de rejoindre le Kenya ; en juin 1947, il préside la Kenya African Union (KAU), et reçoit alors l’appui du leader des Luos, Oginga Odinga. Il s’impose très vite par ses talents d’orateur et de meneur de foules, si bien que les colons demandent sa déportation dès 1948, l’accusent de collusion avec Moscou et lui attribuent la responsabilité des troubles dès 1950.

Le terrorisme mau-mau en 1952 entraîne son arrestation et sa condamnation à sept ans de prison le 8 avril 1953. Peu de temps après, la KAU est dissoute. En 1956, le gouvernement britannique tente de trouver un autre interlocuteur et favorise, par la Constitution Lyttelton, l’entrée des Africains au Conseil législatif. Or, le vainqueur des élections de 1958, le People’s Convention Party de Tom Mboya, lance une campagne en faveur de Kenyatta.

Libéré, mais astreint à résidence surveillée dans le Nord (avr. 1959), Kenyatta est alors élu président de la nouvelle Kenya African National Union (KANU), dont la reconnaissance légale est demandée aux Britanniques. Son succès aux élections de février 1961 oblige ces derniers à l’élargir en avril et à discuter en novembre avec lui, à Londres, des conditions de l’indépendance.

Devenu Premier ministre du Kenya autonome le 1er juin 1963, puis du Kenya indépendant le 12 décembre de la même année, Jomo Kenyatta triompha de l’opposition de la Kenya African Democratic Union (KADU) de Ronald Ngala, fut élu président de la République le 12 décembre 1964, mais dut faire face au développement des tensions tribales attisées par les avantages que tirèrent les Kikuyus de la récupération des terres. En 1966, Oginda rompit avec le président, et, en 1969, l’assassinat de Tom Mboya, un Luo, priva le vieux chef d’un successeur possible.

M. M.

➙ Kenya.

 M. Slater, The Trial of Jomo Kenyatta (Londres, 1955). / J. Kenyatta, Facing Mount Kenya (Londres, 1937 ; trad. fr. Au pied du mont Kenya, Maspero, 1960, nouv. éd., 1967). / G. Delf, Jomo Kenyatta (Londres, 1961). / R. Segal, African Profiles (Londres, 1962 ; nouv. éd., 1963).

Kepler (Johannes)

Astronome allemand (Weil der Stadt, Wurtemberg, 1571 - Ratisbonne 1630).


Enfant maladif, Kepler fait des études très complètes en vue d’une carrière de théologien, apprenant la philosophie, les mathématiques, la physique, les langues anciennes pour finalement se consacrer à l’astronomie. Son professeur à Tübingen, Michael Maestlin (1550-1631), enseigne le système de Ptolémée, mais expose aussi à ses meilleurs élèves celui de Nicolas Copernic* (1473-1543), dont Kepler devient un adepte convaincu. Nommé à une chaire de mathématiques à Graz en 1594, celui-ci publie en 1596 son premier ouvrage, Prodromus dissertationum cosmographicarum continens mysterium cosmographicum, dans lequel il s’attache longuement à une représentation des orbites des cinq planètes connues par une suite de polyèdres réguliers emboîtés autour de sphères intermédiaires ; il tiendra longtemps à cette idée, qui soulève quelques réserves, notamment dans le camp des observateurs dont le plus grand est Tycho Brahe*, alors à Prague, mais avec lequel une collaboration s’amorce. Vers 1600, chassé par les persécutions religieuses, il se réfugie à Prague auprès du maître, astronome de l’empereur Rodolphe et dont les remarquables observations lui sont d’un grand profit ; c’est sur celles de Mars qu’il fondera finalement ses fameuses lois des mouvements planétaires. Le caractère très difficile de Tycho Brahe, pourtant, ne facilite pas les choses, même au-delà de sa mort survenue en 1601, car Kepler doit lutter contre les héritiers pour disposer de ses archives. Cette période sera la plus féconde de son existence ; c’est à Prague qu’il publie en 1609, entre autres travaux de physique et d’astronomie, l’Astronomia nova, prête dès 1605, mais retardée par des résistances diverses. Dans cet ouvrage, il énonce les deux premières des lois sur le mouvement des planètes autour du Soleil qui ont immortalisé son nom. Pour la première fois, un savant expose dans le détail la démarche de sa pensée, sans omettre les hésitations, ni même les erreurs en cours de route. En 1619, dans son Harmonices mundi, à la suite de laborieux calculs, il affirme sa troisième loi. Devenu astronome de l’empereur Mathias, il est nommé professeur de mathématiques à Linz, puis, sur les instances du duc de Wallenstein, il vient résider à Ulm, où il publie en 1627 une autre œuvre maîtresse, les Tabulae Rudolphinae, en hommage à son protecteur, l’empereur Rodolphe II, dont il était devenu l’astronome après la mort de Tycho Brahe. Ces tables, fondamentales pour la détermination des éphémérides planétaires dans le système de Copernic, nécessitèrent d’immenses calculs, heureusement abrégés par la découverte des logarithmes. C’est la raison pour laquelle elles furent dédiées à John Napier (1550-1617), et, pendant plus d’un siècle, elles resteront le matériel de base de tous les astronomes.