Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kazakhstan (suite)

Les formes du relief introduisent des nuances dans le schéma zonal. Trois types peuvent être distingués. Le plus répandu est le plateau, socle ancien, recouvert de sédiments portés à des altitudes variables, mais faibles : 340 m dans l’Oustiourt, entre Caspienne et Aral ; 650 m sur les hauteurs qui prolongent l’Oural vers le sud, où le fleuve Emba prend sa source ; plus de 1 000 m, avec un point culminant à 1 559 m, dans le Kazakhstan central et oriental, entre Sibérie et Balkhach.

Le Kazakhstan est peu montagneux, mais possède les parties occidentales ou la bordure septentrionale des hautes chaînes, qui, entre le Tian-Chan de la république du Kirghizistan et l’Altaï, s’allongent parallèlement à la frontière sino-soviétique : Alataou, plus de 4 000 m au-dessus d’Alma-Ata ; Alataou Djoungare, plus au nord (4 460 m), Tarbagataï (près de 3 000 m) ; enfin premières chaînes de l’Altaï, avec un sommet à plus de 4 500 m. Ces chaînes sont séparées par des dépressions occupées par des lacs (Alakol, Zaïssan) ou parcourues par des fleuves (tel l’Ili) et furent, comme la Djoungarie (Dzoungarie), des passages de caravanes entre l’Extrême-Orient et l’Europe, routes du thé et de la soie.

Enfin, les bassins composent la partie occidentale de la république : les parties centrale et orientale de la dépression aralo-caspienne, qui descendent au-dessous du niveau de la mer (– 28 m) au bord de la Caspienne, dont les eaux se retirent à la suite de l’assèchement du bassin septentrional ; la cuvette de la mer d’Aral, à un peu plus de 60 m au-dessus du niveau des mers ; des cuvettes locales où convergent des fleuves tel le Tourgaï, qui se perdent dans les marais. Ces dépressions offrent différents aspects : plateaux pierreux et secs, champs de dunes mouvantes, surfaces argileuses plus humides, ravins desséchés, lacs temporaires envahis par les salicornes sur les efflorescences salines... Elles ne sont aptes qu’aux médiocres pâturages et sont fréquentées par les transhumants, qui passent l’hiver dans la plaine (kichlak), l’été dans les montagnes (iaïla).


La population

La république doit son nom au peuple principal qui l’habitait au début de ce siècle, les Kazakhs, nomades, caravaniers, pasteurs se déplaçant sans cesse, vivant dans des aouls, groupes de tentes appelées yourtes. La Russie tsariste avait établi des bases militaires peu nombreuses. Par le décret de 1924, le pouvoir soviétique a contraint les tribus kazakhs à la sédentarisation, tout en reconnaissant l’existence d’une langue nationale. Mais les nécessités de la mise en culture au nord, de la prospection des minéraux, de l’établissement des premiers camps, devenant « agglomérations urbaines », ont entraîné l’afflux de populations d’origine slave et aussi le retrait d’un grand nombre de Kazakhs, qui se sont réfugiés en Chine et en Mongolie. Si bien que la part du peuple kazakh, qui représentait plus de 60 p. 100 de la population d’après le recensement officiel de 1926, tombe à 30 p. 100 en 1959 (remontant toutefois à 32,4 p. 100 en 1970), tandis que les Russes passent de 30 p. 100 en 1926 à près de 43 p. 100 en 1970, auxquels il faut ajouter Biélorusses et Ukrainiens ainsi qu’un grand nombre de peuples du Caucase et de l’Asie centrale. On a évalué l’immigration russe à plus de 3 millions entre 1940 et 1960, période de mise en valeur des minerais et de conquête des terres vierges. Comme l’excédent naturel des populations autochtones était déjà naturellement élevé, celui de la population russe composée de jeunes ménages l’a maintenu à plus de 2 p. 100 jusqu’en 1965 (avec un taux de natalité supérieur à 30 p. 1 000 jusqu’en 1964). On comprend que la population de la république, qui avait stagné entre 1913 et 1940, a fait plus que doubler au cours des trente dernières années. La république autonome, rattachée à la R. S. F. S. de Russie jusqu’en 1936, est ainsi devenue république fédérée, et elle se confond avec l’une des « dix-huit grandes régions économiques » de l’U. R. S. S.


L’économie

Les chances du développement résident d’abord dans le désenclavement réalisé par le réseau ferroviaire établi depuis l’époque tsariste : Transcaspien et Turksib (ligne Turkestan-Sibérie) ; Transaralien ; transversale Ouralsk-Alma-Ata ; branche du Transsibérien unissant Magnitogorsk à Barnaoul, par Tselinograd et Pavlodar.

La prospection et la découverte de ressources minières rares ou complémentaires de celles de l’Oural et du Kouzbass constituent le second facteur. Les réserves d’hydrocarbures ne sont pas négligeables et représenteraient de 10 à 15 p. 100 du total de l’Union : bassins de l’Emba-Gouriev et au sud de la presqu’île de Mangychlak. Les réserves de houille de qualité sont considérables (deux gros bassins, Karaganda et Ekibastouz ; gisements dispersés de Maïkoubensk et de Tourgaï, ce dernier producteur de lignite).

Le bassin de minerai de fer de Koustanaï est un des plus riches de l’Union : bassins de l’Emba-Gouriev et au sud de la presqu’île de Mande plus de 20 Mt à forte teneur, extraites à ciel ouvert). D’autres gisements ont été reconnus au nord de la mer d’Aral, où est envisagée l’implantation d’une aciérie fournissant plus de 4 Mt par an. Le cuivre est extrait dans la région de Djezkazgan et au nord du Balkhach ; les montagnes du Kazakhstan oriental sont riches en minerais non ferreux. On connaît mal la production du nickel et du chrome (près d’Aktioubinsk), du molybdène (au nord du Balkhach), du manganèse (dans le centre du Kazakhstan), du plomb, du zinc, des phosphorites et de nombreux minerais chimiques ; mais chaque gisement a déjà donné naissance, aux premières installations de transformation et à des agglomérations urbaines.

Le couplage avec la Sibérie occidentale et l’Oural s’exerce par l’organisation de flux intenses d’échanges d’énergie et de matières premières. Ainsi sont nés les premiers gros combinats industriels : sidérurgie à Aktioubinsk (ferro-alliages) ; fonderie à Temirtaou ; aciérie Magnitka du Kazakhstan, l’une des plus grandes de l’Union, près de Karaganda. Les combinats du cuivre du nord du Balkhach et de Djezkazgan comptent parmi les premiers du monde. Ceux du plomb et du zinc de l’Altaï sont en liaison avec le sud du Kouzbass (Belovo). L’électricité produite soit par de grosses centrales thermiques, soit par les nouvelles centrales hydrauliques du Kazakhstan oriental sur l’Irtych ou importée des grandes centrales sibériennes a permis l’implantation d’un gros combinat d’aluminium à Pavlodar, de combinats d’engrais à Karataou, à Pavlodar, et de fabriques de fibres synthétiques (Koustanaï).