Kassites (suite)
Et si l’on ne rencontre plus de tels anthroponymes en Babylonie après le ixe s., l’autre partie du peuple barbare, restée barbare, se maintient dans ses montagnes du rebord occidental de l’Iran. Encore à la fin du viiie s., le roi assyrien Sin-ahê-érîba (705-680) [Sennachérib] se vante d’avoir soumis les Kassites. Et, en dépit de l’installation des Mèdes dans cette région du Zagros, les Kassites se perpétuent avec leur nom dans ces Kissioi et Kossaioi, que les auteurs grecs du ve s. av. au iie s. apr. J.-C. placent entre la Médie et la Susiane : ce sont encore des montagnards pillards que les souverains de l’Orient (Achéménides, Séleucides) ne parviennent jamais à soumettre durablement.
La longue histoire des Kassites montre ainsi le contraste et les liens entre le foyer culturel de la riche plaine mésopotamienne et les districts périphériques, défavorisés par la nature, dont les populations aspirent à venir travailler aux plus humbles besognes dans le pays des Deux Fleuves, quand elles ne peuvent le conquérir.
G. L.
➙ Assyrie / Babylone / Élam / Hittites / Mésopotamie.
G. J. Gadd, Hammurabi and the End of his Dynasty (Cambridge Ancient History, 1965) ; Assyria and Babylon circa 1370-1300 BC (Cambridge Ancient History, 1965). / J. M. Munn-Rankin, Assyrian Military Power, 1300-1200 BC (Cambridge Ancient History, 1967). / P. Garelli, le Proche-Orient asiatique des origines aux invasions des Peuples de la mer (P. U. F. coll. « Nouvelle Clio », 1969).
Les fouilles archéologiques
Des monuments ou des niveaux kassites ont été jusqu’à maintenant retrouvés dans un certain nombre de sites, mais la documentation est encore assez pauvre ; elle ne permet guère de déceler une véritable originalité kassite dans l’ensemble mésopotamien, et encore moins de préciser l’ethnie d’origine ou le groupe linguistique de cette population, car les Kassites, après une période obscure, paraissent s’être parfaitement fondus dans le moule mésopotamien. L’activité des princes kassites semble s’être particulièrement attachée à la construction ou à la restauration des temples des grandes divinités traditionnelles ; outre le temple d’Inanna que Karaindash construisit à Ourouk* (auj. Warka) [xve s. av. J.-C.], caractérisé par une façade de briques cuites ornée d’une succession de divinités symbolisant probablement les eaux et la montagne, furent retrouvées les assises de plusieurs temples dans les temenos d’Our* et de Nippour. Des fouilles en cours à Larsa montrent que le niveau kassite y est bien représenté, en particulier grâce au grand temple de l’E-babbar, qui connut une exceptionnelle ampleur. Mais le grand site de cette période reste jusqu’à nouvel ordre Dour-Kourigalzou (auj. Aqarquf), capitale édifiée par la volonté de Kourigalzou Ier avec un palais incomplètement dégagé et des temples groupés autour d’une ziggourat ; malgré la fragilité apparente du matériau, la brique crue, le noyau en a subsisté jusqu’à nos jours avec une hauteur conservée de 57 m.
Si l’architecture, en dépit peut-être de certaines innovations, ne permet pas de déceler une originalité kassite, il convient de marquer que la glyptique présente des traits intéressants et que certains artistes — mais sont-ils kassites ? — font preuve d’une réelle maîtrise dans l’art animalier, où les Mésopotamiens excellèrent naturellement ; en témoignent une lionne en terre cuite retrouvée à Dour-Kourigalzou et un koudourrou (borne inscrite et décorée délimitant des propriétés) récemment sorti de terre du site de Larsa.
J. C. M.
Taha Baqir, Iraq Government Excavations at Aqar Quf (Iraq, 1944-1946).