Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anglicanisme (suite)

Anglicanisme et œcuménisme

L’Église anglicane est membre du Conseil œcuménique des Églises ; elle a donné à ce dernier plusieurs de ses pionniers (William Temple, George Bell), deux de ses présidents (les archevêques de Canterbury, Geoffrey Fisher et Arthur Michael Ramsey), ainsi que de très nombreux théologiens, clercs et laïcs dans les différentes branches de son activité (Foi et constitution, Vie et mission, Missions) ; elle a contribué à la naissance de plusieurs unions d’Églises, notamment au sud de l’Inde ; elle poursuit avec l’Église catholique romaine un dialogue privilégié et exigeant. Dans la mesure où ce sont les positions traditionnelles qui déterminent l’avenir de l’œcuménisme, elle a certainement une position clé entre les grandes Églises catholique et orthodoxe, d’une part, et les différentes branches de la famille protestante, d’autre part : aux unes l’unissent la succession apostolique, les formes du culte et le sens particulier de sa responsabilité politique ; aux autres l’enracinement dans l’Écriture sainte et l’essentiel du message de la Réforme. Mais, comme toutes les Eglises, elle connaît aujourd’hui des affrontements à l’intérieur, qui, plus que les enracinements traditionnels, annoncent les lignes de forces et de regroupements œcuméniques à venir.

G. C.

➙ Angleterre / Ecclésiologie / Églises protestantes / Elisabeth Ire / Grande-Bretagne / Henri VIII / Œcuménisme / Protestantisme / Réforme.

 G. Bell, S. C. Carpenter et E. Milner-White, l’Anglicanisme (trad. de l’anglais, P. U. F., 1939). / P. Hughes, The Reformation in England (Londres, 1950-1954 ; 3 vol.). / Ch. S. Neill, Anglicanism (Harmondsworth, 1958 ; trad. fr. l’Anglicanisme et la communion anglicane, Éd. du Seuil, 1961). / E. G. Léonard, Histoire générale du protestantisme, t. I et II (P. U. F., 1941). / M. Simon, l’Anglicanisme (A. Colin, coll. « U 2 », 1969). / Aspects de l’anglicanisme (P. U. F., 1974).

Anglo-Normandes (îles)

En angl. Channel Islands, groupe d’îles britanniques de la Manche, près de la côte normande : Jersey, Guernesey, Aurigny (Alderney), Sercq (Sark) ; 128 000 hab.



La géographie

L’éloignement et le caractère insulaire, l’archaïsme des institutions politiques, l’atmosphère provinciale, les noms français, les survivances du patois normand, la prohibition de l’usage de l’automobile à Sercq donnent aux îles un charme indéfinissable, très goûté des touristes. Quant aux résidents riches, originaires de Grande-Bretagne (Jersey abriterait une trentaine de millionnaires en livres sterling), ils apprécient surtout l’absence de droits de succession et de taxes d’achat ainsi que la légèreté de l’impôt sur le revenu (taux maximal : 20 p. 100), qui font des îles autant de petits paradis fiscaux.

L’archipel n’a que 195 km2 de superficie. Il se compose de quatre îles principales (Jersey, la plus grande, qui mesure 15 km sur 9, Guernesey, Aurigny et Sercq) et de plusieurs îlots. Ce sont des fragments du massif armoricain, séparés du continent par la remontée postglaciaire du niveau marin. Les îlots émergent peu ; des mouvements tectoniques tertiaires ont basculé les îles principales : Aurigny et Guernesey vers le nord, Jersey vers le sud. Les plateaux, couverts de lœss, disséqués par les vallées, atteignent au maximum 60 m d’altitude dans le sud d’Aurigny, 100 m dans le sud de Guernesey, 130 m dans le nord de Jersey, d’où ils tombent sur la mer par des falaises assez abruptes. Les côtes, basses dans le nord de Guernesey, dans l’ouest et le sud de Jersey, s’ornent de belles plages.

Le climat est doux et ensoleillé. Le mois le plus froid, février, a des températures moyennes de 5 °C au niveau de la mer. Le gel et la neige se manifestent rarement, et la pluviosité n’est pas excessive : 750 mm de précipitations par an au bord de la mer, 1 000 mm au sommet des plateaux. L’eau potable manque ; on y supplée à Guernesey par la distillation de l’eau de mer.

L’agriculture est l’activité principale à Guernesey et la seconde, après le tourisme, à Jersey. Les exploitations agricoles ont rarement plus de 4 ha de superficie, divisés en petits champs complantés de pommiers, enclos de talus et de haies. Comme dans le bocage normand, l’habitat se disperse en petits hameaux et fermes isolées. L’élevage laitier constitue la ressource essentielle ; les races bovines locales, Jersey et Guernesey, de petite taille, à la robe blanc et beige, valent par la haute teneur en matières grasses de leur lait et se sont répandues dans tout le monde tempéré. Jersey, bien exposée au sud, ajoute à l’élevage la culture en pleine terre des tomates, des pommes de terre primeurs, des fleurs, coupées et expédiées par avion vers le marché londonien. Guernesey, plus densément peuplée, a dû intensifier davantage ses pratiques agricoles ; les serres n’y occupent pas moins de 450 ha, surtout dans le Nord, ce qui constitue une des plus fortes concentrations d’Europe. On y fournit des tomates en été, des concombres en hiver pour le marché britannique. La production ne peut suffire à la consommation locale ; le ravitaillement quotidien est importé d’Angleterre.

L’industrie, assez importante au xixe s. (constructions navales, tricots et jerseys, extraction du granite), avait totalement disparu vers 1940 ; elle revient discrètement (électronique) dans les deux villes principales : Saint-Hélier (27 000 hab.), à Jersey, et Saint-Pierre-Port (16 000 hab.), à Guernesey.

Le rôle du tourisme grandit d’année en année. Jersey, qui n’a que 74 000 habitants, reçoit 500 000 visiteurs par an, Guernesey (51 500 hab.) 200 000, Sercq (600 hab.) 50 000, la plupart pour la journée à partir de Guernesey, et Aurigny (1 850 hab.) quelques milliers. Les touristes viennent surtout de Grande-Bretagne, d’Irlande et, en petit nombre, de France. L’aéroport de Jersey a des relations aériennes régulières avec trente-huit villes britanniques et quelques villes françaises (Carteret, Caen, Saint-Malo, Paris), et il y a aussi des services maritimes en direction de Weymouth et de Granville. Mais les îles sont de petits mondes clos dont on a vite fait le tour ; elles conviennent particulièrement aux petites vacances, aux résidences secondaires, aux week-ends ; les hôteliers accordent au printemps des prix spéciaux aux jeunes mariés, qui viennent par centaines passer aux îles de romantiques lunes de miel...

C. M.