Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

Juncales (suite)

Joncacées ou Juncacées

C’est une famille qui comprend une dizaine de genres et dont les espèces (500) sont réparties surtout dans les régions tempérées et froides du globe. Deux genres existent en France : Juncus et Luzula. Ce sont des plantes herbacées (sauf le genre Prionium, qui vit au Cap). Elles ont des rhizomes rampants ou cespiteux, des tiges vertes noueuses, simples le plus souvent, et qui possèdent un parenchyme palissadique assimilateur. Les feuilles, alternes ou toutes à la base, sont engainantes, étroites, parfois cylindriques et cloisonnées. La ligule peut avoir des formes variées, et son origine a fait l’objet de nombreux travaux ainsi d’ailleurs que les stipules. Dans certaines espèces, les feuilles sont réduites à ces ligules.

Les fleurs, petites et verdâtres, scarieuses (c’est-à-dire dont les pièces stériles peuvent avoir la consistance du parchemin, tout en étant minces et transparentes), sont parfois solitaires, mais le plus souvent groupées en cymes très complexes. Elles sont construites sur le type trois, les étamines étant au nombre de six. Le gynécée, à trois carpelles soudés, est à placentation axile (Jonc) ou pariétale (Luzule) ; les ovules sont nombreux chez les Joncs, il n’y en a qu’un chez les Luzules.

La structure de la moelle chez beaucoup de Juncus est très particulière, car les cellules sont en étoile et, de ce fait, créent un tissu extrêmement lacuneux (parenchyme aérifère).

Ces plantes prospèrent le plus souvent dans les marais et les stations humides des régions tempérées ainsi que dans les sables maritimes ; quelques espèces vivent à des altitudes élevées dans les rocailles.

Le genre Juncus est de beaucoup le plus important, avec 300 espèces dont une trentaine en France. Le genre Luzula possède 100 espèces, une dizaine en France ; tous deux sont cosmopolites, mais surtout représentés dans les régions froides. Les tiges longues et souples du Juncus glauca, ou Jonc des jardiniers, sont employées comme liens (jardinage) et servent à la confection des nattes et des corbeilles. Aux Pays-Bas, on les utilise parfois pour maintenir la terre des digues ; la moelle était utilisée jadis comme mèche pour les lampes.

Quelques Luzules, en particulier L. abida et L. nivea, peuvent être cultivées dans les jardins de rocailles, et leurs inflorescences entrent dans la composition des bouquets de plantes sèches.

J.-M. T. et F. T.

Jung (Carl Gustav)

Médecin et psychologue suisse (Kesswil 1875 - Küsnacht, près de Zurich, 1961).



Sa conception de la vie psychique

L’originalité de Jung est d’avoir introduit au-delà de l’inconscient individuel (résultant de l’histoire personnelle), étudié par Freud, l’inconscient collectif, qui représente la stratification des expériences millénaires de l’humanité : « Si l’inconscient pouvait être personnifié, il prendrait les traits d’un être humain collectif vivant en marge de la spécification des sexes, de la jeunesse et de la vieillesse, de la naissance et de la mort, fort d’une expérience humaine à peu près immortelle d’un ou deux millions d’années. » Cette sagesse s’exprime à travers un petit nombre de thèmes privilégiés, que Jung nomme archétypes et qui se répètent identiques à eux-mêmes dans le folklore et la cosmogonie des différents peuples, ainsi que dans les rêves des « civilisés » (par exemple, le mythe de Prométhée). Dans Psychologie et religion (1939), Jung étudie la fonction symbolique du nombre quatre (archétype de la quaternité) dans les philosophies de l’Extrême-Orient, les théosophies chrétiennes du Moyen Âge, l’alchimie et les rêves d’un patient névrosé. Il montre que ce symbole est associé à l’idée de Dieu créant l’Univers (Dieu ayant manifesté son existence en créant les quatre éléments).

Les archétypes sont héréditaires ; leur somme représente l’inconscient collectif. Ils constituent en quelque sorte les « catégories a priori » de l’imagination, car Jung considère qu’il n’y a pas de création individuelle ou collective absolue ; celle-ci est toujours constituée en grande partie de matériel archétypique.

Parmi les archétypes, Jung attribue une importance spéciale à l’Anima, « cette figure de femme qui joue un grand rôle dans les rêves des êtres masculins ; elle porte la désignation technique d’Anima en raison du fait que l’homme, depuis des temps immémoriaux, a toujours exprimé dans ses mythes l’idée de la coexistence d’un principe masculin et d’un principe féminin dans le même corps » (Psychologie et religion). De même, l’Animus représente la « figure masculine de la psychologie de la femme », c’est-à-dire l’aspect logique et rationnel de la psyché féminine. Ces deux figures apparaissent souvent dans les rêves, mais sont inconnues du moi, et leur prise de conscience représente un moment essentiel dans la thérapeutique jungienne.

L’inconscient individuel s’exprime par le personnage de l’Ombre, image onirique caractérisée par un attribut noir. L’Ombre représente tout ce qui a été écarté de la conscience comme incompatible avec le moi. La rencontre avec l’Ombre, sous forme d’un dialogue entre le moi et l’Ombre au cours d’un rêve, par exemple, est un moment particulièrement angoissant : le moi risque d’être submergé par les tendances refoulées, qu’il reconnaît pourtant comme siennes et qui sont antagonistes de ses tendances conscientes.


La méthode thérapeutique de Jung

La psychologie psychanalytique, méthode thérapeutique mise au point par Jung, a pour but de permettre à l’homme de renouer avec les racines de lui-même, c’est-à-dire avec son inconscient. Les troubles mentaux ayant pour origine la perte de contact du moi avec l’inconscient collectif et personnel, Jung considère que l’homme, en intégrant à son moi l’Anima (ou l’Animus) et l’Ombre, et en prenant conscience des exigences des archétypes en lui, peut accéder à la totalité de sa personnalité consciente et inconsciente, qu’il appelle le soi (das Selbst).

L’accès au soi est le résultat d’une maturation psychologique de longue haleine, nécessitant une profonde réflexion sur soi-même et qui ne va pas sans angoisse, que le thérapeute aide à supporter en faisant accepter au patient les aspects peu favorables de lui-même.