Jésus (Compagnie ou Société de) (suite)
Comment se forme et vit un jésuite ?
Un candidat à la Compagnie n’entre au noviciat que s’il a bien « examiné » sa vocation, et s’il a été lui-même examiné par les responsables de l’ordre.
Les Constitutions s’ouvrent par l’« examen général » et elles se divisent en dix parties. Ce document fondamental — et en cela il porte bien la marque de saint Ignace — ne relève pas de l’architecture juridique, mais il trace devant le candidat un itinéraire spirituel missionnaire.
Au départ, une forte formation de deux années, dont les pièces essentielles sont des experimenta, ou expériences, celles-là mêmes par lesquelles se sont formés Ignace et les premiers pères : les exercices spirituels, le pèlerinage, le service des pauvres malades, les travaux à l’intérieur de la maison. Au terme de cette étape, le novice prononce des vœux qui sont d’emblée perpétuels.
Suivent dix ou onze années de formation humaine, par l’étude et les stages ; la part la plus importante en est réservée à la philosophie et à la théologie ; l’ordination sacerdotale est conférée un an avant la fin des études théologiques. Au terme de cette longue formation, le jésuite « s’exerce » de nouveau pendant un an, notamment par les exercices spirituels. (Ce temps de formation est abrégé pour les « coadjuteurs temporels », c’est-à-dire pour les jésuites qui ne s’orientent pas vers le sacerdoce.) Le jésuite prononce alors sa « profession solennelle » ; il s’insère définitivement dans l’ordre.
L’autorité suprême de l’ordre est la congrégation générale, assemblée composée des provinciaux et de membres élus (deux par province). Elle a le pouvoir de modifier les Constitutions, sauf sur quelques points réservés au pape, d’élire et, dans certains cas, de déposer le général. Celui-ci est élu à vie et gouverne la Compagnie entre les congrégations générales. Par le quatrième vœu de ses profès, la Compagnie, et chacun de ses membres, est à la disposition totale du pape. Où qu’il soit, et quelque fonction qu’il exerce, le jésuite se considère « en mission ». Il est « compagnon de Jésus-Christ ».
A. R.
➙ Ignace de Loyola (saint).
C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus (Picard, 1890-1900 ; 12 vol.). / J. Brucker, la Compagnie de Jésus, esquisse de son Institut et de son histoire (Beauchesne, 1919). / J. Brodrick, The Origin of the Jesuites (Londres, 1940) ; The Progress of the Jesuites (Londres, 1946 ; trad. fr. Origines et expansion des Jésuites, S. F. E. L. T., 1950 ; 2 vol.). / F. de Dainville, les Jésuites et l’éducation de la société française : la naissance de l’humanisme moderne (Beauchesne, 1940 ; 2 vol.). / P. de Chastonay, les Constitutions de l’ordre des Jésuites, leur genèse, leur contenu, leur esprit (Aubier, 1941). / F. Charmot, la Pédagogie des jésuites (Spes, 1943). / J. de Guilbert, la Spiritualité de la Compagnie de Jésus (Rome, 1955). / P. Moisy, les Églises des jésuites de l’ancienne assistance de France (Rome, 1958 ; 2 vol.). / A. Guillermou, les Jésuites (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1961 ; 3e éd., 1972). / I. de Loyola, Constitutions de la Compagnie de Jésus, traduites et annotées par F. Courel et F. Roustang (Desclée De Brouwer, 1967 ; 2 vol.). / C. Hollis, A History of Jesuits (Londres, 1968 ; trad. fr. Histoire des jésuites, Fayard, 1969). / E. Paris, Histoire secrète des jésuites (Fischbacher, 1970).
