Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Java (suite)

La localisation des plantations dépend de la nature des cultures. On trouve des caféiers sur les pentes méridionales des volcans orientaux de l’île, alors que l’hévéa est surtout cultivé dans l’ouest de Java (région de Bogor-Sukabumi - Subang) à une altitude inférieure au caféier. Les théiers, bien qu’en régression, occupent toujours les flancs sud des volcans du centre de l’île (Slamet - Sumbing), mais l’essentiel de la production provient de la partie occidentale de Java, entre 1 200 et 2 000 m d’altitude. Les montagnes ont été déboisées, et la forêt a été entièrement remplacée par le manteau monotone et bas des buissons de théiers. Enfin, il y a quelques plantations de cacaoyers sur les pentes nord-est des volcans Merbabu et Ungaran. Quant à la production de quinquina, elle est de plus en plus faible et provient surtout de l’ouest de Java.

L’élevage est une activité tout à fait mineure en Indonésie, et tout particulièrement à Java, où la place est extrêmement mesurée en raison de la pression démographique. Seuls les moutons et les chèvres sont élevés, ainsi que les volailles (très répandues).

La pêche maritime ne fournit aussi qu’un apport alimentaire minime ; par contre, la pisciculture est pratiquée dans la plupart des campagnes en utilisant les nombreuses réserves d’eau artificielles. À peine 40 p. 100 des poissons consommés sont frais ; les autres, fumés et salés, sont plus appréciés.

Les forêts ont été dévastées et n’occupent plus que des sites topographiques trop ingrats pour la mise en valeur agricole, comme les fortes pentes qui bordent les cratères des volcans.


La faiblesse des ressources énergétiques et minérales

L’île est relativement pauvre en ressources énergétiques, bien qu’elle soit la mieux développée économiquement et aussi la plus systématiquement prospectée de tout l’archipel.

Il y a actuellement deux gisements pétrolifères en exploitation ; l’un dans le massif du Rembang, à Cepu, et le second à une centaine de kilomètres à l’est du premier, à Surabaya. Ces deux gisements sont donc situés l’un et l’autre dans la partie orientale de l’île, et l’on commence la prospection des fonds marins sous le détroit de Madura, qui pourraient constituer le prolongement direct des nappes pétrolifères déjà exploitées dans l’île.

Ces deux gisements fournissent une production de 5 Mt par an ; le pétrole est raffiné sur place, à Cepu et à Wonokromo.

En raison de l’absence de charbon, seuls le pétrole et l’équipement des chutes d’eau peuvent contribuer au développement de l’énergie électrique. Les ressources potentielles en hydro-électricité sont très importantes ; elles ont connu un commencement d’exploitation par la construction, avec le concours de la France, d’un des plus puissants barrages d’Asie, à 100 km de Jakarta, le barrage de Jati Luhur.

Depuis longtemps et selon des méthodes primitives, de l’or et de l’argent sont extraits à Cikotok, dans l’ouest de Java.

L’outillage est rudimentaire ; l’or est fondu à Jakarta, et les coûts de production sont très supérieurs aux cours mondiaux, si bien que cet or n’est commercialisé que sur le marché intérieur, où il existe une demande très forte en raison de la dépréciation qu’a connue jusqu’à ces derniers temps la monnaie nationale.

On trouve du manganèse à Jogjakarta (où les réserves sont évaluées à 100 000 t ; le minerai a une teneur située entre 32 et 38 p. 100) et à Karangnunggal, dans l’ouest de l’île (les réserves sont comparables, et la teneur du minerai est de l’ordre de 40 à 42 p. 100). La production totale de l’île n’est guère que de 10 000 t de manganèse par an.

Le soufre existe en grande quantité. De plus, il est très pur, mais il ne peut donner lieu à une exportation. Néanmoins, il présente un intérêt pour la production locale d’engrais chimiques. On extrait 500 000 t de soufre à Telagabodas, dans l’ouest de l’île. Les autres centres produisent, réunis, 100 000 t de soufre.


Le sous-équipement industriel

L’industrie a vu son développement freiné pour des raisons historiques. Alors que l’exploitation des matières premières (minerais, pétrole [moins abondant cependant qu’à Sumatra], cultures commerciales) présentait un intérêt évident pour les Pays-Bas, la naissance d’une industrie d’outre-mer signifiait la perte de débouchés privilégiés pour celle de la métropole, si bien que ce secteur économique est, un quart de siècle après l’indépendance, encore caractérisé par une très grande faiblesse et un sérieux retard se traduisant par la prédominance du secteur artisanal. L’industrie fournit encore nettement moins du dixième des emplois.

Elle demeure orientée vers la production de biens de consommation. Le plan de développement quinquennal actuel (1969-1974) propose un effort prioritaire dans le domaine de l’industrie légère, ce qui retarde d’autant la mise sur pied d’une industrie lourde ; celle-ci implique de lourds investissements qui, dans la situation actuelle de pénurie en capitaux que traverse l’Indonésie, condamneraient toute possibilité d’élévation de niveau de vie et obligeraient le gouvernement indonésien à prendre certains risques politiques.

La part de l’industrie dans le produit national brut est de l’ordre de 12 p. 100. Elle repose encore sur l’héritage colonial. L’industrialisation de Java s’identifie largement avec celle de l’Indonésie*.


Les communications et les transports

Les communications sont relativement aisées. Les vols sont assurés avec une régularité satisfaisante entre les principales agglomérations de l’île ; Bandung, Jogjakarta et Surabaya sont équipées d’un aéroport moderne et bénéficient de liaisons hebdomadaires avec la capitale grâce à la compagnie aérienne nationale Garuda Indonesian Airlines (GIA).

Les routes, négligées pendant la longue période de troubles politiques, sont, depuis 1968, de nouveau entretenues ; de vieux cars, démodés mais encore robustes, permettent aux villageois de se rendre en ville pour commercialiser des produits agricoles ou bien à l’occasion des fêtes nationales ou religieuses.

Enfin, les Hollandais ont doté l’île de Java d’un réseau ferroviaire complet (6 640 km, sur lesquels circulent 900 locomotives et 22 000 voitures), qui permet, à partir de Jakarta, de gagner en une douzaine d’heures la grande métropole orientale de l’île, Surabaya.