Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

accident (suite)

Il convient de noter qu’en France la route est dix fois plus dangereuse que l’air, qui est lui-même dix fois plus dangereux que le fer. On peut également souligner que les transports en commun sont moins dangereux que les transports individuels. Une étude faite en 1966 par la caisse régionale de Sécurité sociale sur les accidents de trajet dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle a donné les résultats suivants : piétons, 25 p. 100 des assurés et 22,5 p. 100 des victimes ; usagers de deux-roues, 40 p. 100 des assurés et 65 p. 100 des victimes ; usagers de voitures de tourisme et de camions, 10 p. 100 des assurés et des victimes ; usagers des transports en commun, 25 p. 100 des assurés et 2,5 p. 100 des victimes.

• Les accidents du sport et de la vie en plein air. Les statistiques ne permettent pas toujours de les dégager. Nous savons cependant qu’en France l’alpinisme a tué 33 personnes en 1963 et 38 en 1968 (environ un mort tous les deux jours pendant la saison) ; en 1965, les baignades (rivières et mer) ont fait 2 348 victimes, les inondations 32, les armes à feu classiques et les explosifs 252, les véhicules non routiers 31, les morsures de serpent 2 et les piqûres d’insectes 14, dont 8 par les abeilles et les guêpes.

• Les accidents domestiques. Ils sont responsables de près de la moitié des décès accidentels dont la cause est connue. On appelle ainsi les accidents qui se produisent dans l’unité d’habitation. Les chutes accidentelles viennent en tête : 8 014 en France (16,2 pour 100 000 hab.) ; 12 230 en Allemagne fédérale (20,5) ; 1 183 en Suisse (20) ; 1 820 en Tchécoslovaquie (12,8) ; 20 066 aux États-Unis (16,2) [chiffres de 1966]. Sans doute quelques-unes de ces chutes se produisent-elles hors de l’unité d’habitation, mais il ne s’agit là que d’une faible fraction d’entre elles. Les empoisonnements accidentels sont à l’origine de nombreux décès : 652 en Tchécoslovaquie (4,6 pour 100 000 hab.) ; 1 265 en France (2,6) ; 750 en Allemagne fédérale (1,3) ; 177 en Suisse (3) ; 3 931 aux États-Unis (2) [chiffres de 1966]. On estime que les deux cinquièmes des accidents mortels d’enfants de un à quatre ans surviennent au domicile.

• Les accidents du travail. V. l’article suivant.

• Les accidents d’origine médicale. Ils ont pour cause soit une complication à la suite d’actes médicaux (209 décès en France en 1970), soit une négligence ou une faute d’un membre d’une profession médicale, soit une mauvaise organisation ou un équipement insuffisant des services de santé. D’après le docteur Claudine Escoffier-Lambiotte, « un très grand nombre des « accidents de naissance » surviennent non au moment de la conception, ni au cours de la gestation, mais lors de l’accouchement. Cet événement, qui, chez 90 p. 100 des femmes, se déroule le plus normalement [...] se trouve compliqué chez les 10 p. 100 restantes par des difficultés que les connaissances et les techniques modernes permettent aisément de surmonter, mais que l’ignorance et l’inorganisation quasi générale transforment en tragédies quotidiennes. Des tragédies qui concernent chaque année dans notre pays 80 000 jeunes femmes et qui provoquent la mort dans leur première semaine de 15 000 enfants, la mort aussi au cours de l’accouchement de 12 000 enfants et, fait plus grave encore et trop souvent méconnu, la naissance de 12 000 à 15 000 de ces êtres pitoyables dont le cerveau a été irrémédiablement lésé pour cause de maladresse ou de négligence et qu’on nomme les infirmes moteurs cérébraux... »

• Les accidents dont la cause exacte ne figure pas sur les certificats de décès.


Le coût des accidents

L’aspect humain du problème des accidents déborde les statistiques de décès. Derrière chacun des chiffres se profilent des déchirements sentimentaux, des traumatismes psychologiques, des carrières brisées ou avortées. Mais les morts ne comptent pas seuls, nombre de blessés restent atteints d’infirmités physiques ou mentales. Et l’aspect humain n’est pas le seul ; il y a aussi un aspect économique et social. La Sécurité sociale verse des prestations et les assurances des indemnités dont le montant représente, pour la France, plus de 2,7 p. 100 du revenu national (1,5 p. 100 pour les accidents de la circulation ; 1,2 p. 100 pour les accidents du travail). À côté du coût direct des accidents, il y a le coût indirect, c’est-à-dire celui que représente la réduction d’activité économique entraînée par les morts, les incapacités permanentes et temporaires de travail (en 1959, les accidents du travail avaient provoqué aux États-Unis un absentéisme de 220 millions d’hommes-jours).

Un rapport établi en 1969 dans le cadre des études de rationalisation des choix budgétaires (v. budget) chiffre à 12 milliards de francs par an le coût global des accidents de la route pour la France.

Des études effectuées en 1966 en ce qui concerne les accidents du travail ont abouti à la conclusion que le coût indirect d’un accident du travail est en France deux fois plus élevé que le coût direct ; coût direct et coût indirect des accidents du travail seraient donc équivalents à 15 p. 100 de la masse des salaires, puisque le coût direct représente 5 p. 100 des salaires (aux États-Unis, le coût indirect est quadruple du coût direct). Le coût indirect est représenté par les éléments suivants : salaires perdus par la victime (après déduction des prestations sociales), dépenses engagées par l’entreprise, baisse de production dans l’atelier au moment de l’enquête, pendant la réorganisation de l’équipe (baisse de rendement de 30 p. 100, puis de 10 p. 100 après la reprise du travail), etc.


La prévention

Une politique systématique de prévention des accidents s’impose donc aux pouvoirs publics tant sur le plan humain que sur le plan économique et social. Cette politique est engagée depuis longtemps en matière d’accidents du travail. Elle reste embryonnaire dans les autres domaines.