Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Israël (suite)

Le 6 octobre 1973, tandis qu’Israël célébrait la fête du Yom Kippour, les forces égyptiennes attaquent par surprise le front israélien du canal de Suez, les armées syriennes, bientôt rejointes par des unités irakiennes (9 oct.) puis jordaniennes, celui du Golan. Le 9, les Égyptiens contrôlent la rive est du canal mais les forces israéliennes contre-attaquent avec vigueur, d’abord sur le front syrien puis sur le canal où elles créent le 15 une tête de pont au nord-ouest de Suez. Le 17, le conflit, aggravé par les fournitures spectaculaires d’armes soviétiques aux arabes et américaines aux Israéliens, se complique encore par la décision prise à Koweït par l’organisation des pays arabes exportateurs de pétrole de réduire leur production et leurs exportations vers l’Europe et les États-Unis. Mais, à l’issue d’un voyage de Kissinger à Moscou, le Conseil de sécurité adopte le 22 et renouvelle le 23 une résolution américano-soviétique pour un cessez-le-feu immédiat, accepté aussitôt par Israël et par l’Égypte puis par la Syrie. Le 25, après une nouvelle tension née de la mise en alerte par Nixon des forces nucléaires américaines pour prévenir toute intervention militaire soviétique au Moyen Orient, le Conseil décide d’envoyer sur les lieux une force de 7 000 casques bleus aux ordres du Secrétaire général de l’O. N. U. et recrutée en dehors des pays membres permanents du Conseil. La « guerre du Kippour » provoque en Israël une grave crise intérieure.

P. A. V.


L’art en Israël

C’est en 1906, lorsque l’artiste immigré Boris Schatz (1867-1932) fonde à Jérusalem l’école Bezalel des arts et métiers ainsi que le musée du même nom, que les arts amorcent une renaissance en Palestine. Promouvoir un art juif en remettant en honneur les anciennes techniques des autochtones et stimuler l’art artisanal sont alors les orientations qui président à la formation des élèves. Cependant, ces derniers, encore imprégnés des traditions de leurs divers pays d’origine et trouvant sur ce sol occupé par les Turcs des conditions de vie analogues à celles des ghettos d’Europe, opposent à ces directives une certaine résistance, qui cessera lorsqu’un climat favorable à l’essor d’un foyer juif se sera instauré, en 1918, avec l’arrivée des troupes britanniques.


Peinture

Après avoir fondé en 1923 l’Association des artistes juifs, les anciens élèves de l’école Bezalel inaugurent en 1926 leur première exposition à la « Tour de David » à Jérusalem. Parmi les exposants, on relève les noms de Yossef Zaritsky (né en 1891), de Moshé Mokady (né en 1902), d’Anna Ticho (née en 1894), de Reuven Rubin (né en 1893), qui s’inspirent du folklore juif ou du paysage palestinien. Un art national commence alors à s’imposer, mais il devra céder du terrain sous les assauts répétés des tendances figuratives modernes, si bien que, de 1931 à 1945, toutes les expressions (hormis l’abstrait) sont représentées, témoignant d’influences allant de Matisse à Picasso. Fuyant l’Allemagne nazie, des plasticiens de renom, tels Mordecai Ardon (né en 1896), du Bauhaus de Weimar, et Yaacov Steinhardt (1887-1968), du « Sturm » de Berlin, se réfugient dans le pays entre 1931 et 1934.

Zaritsky s’emploie à propager l’abstraction à partir de 1946, aidé par Marcel Janco (né en 1895), qui vit depuis 1941 en Palestine. Autour d’eux se groupent Avigdor Stematsky (né en 1908) et Yehezkel Streichmann (né en 1906), bientôt suivis de plusieurs peintres, parmi lesquels Arie Aroch (né en 1908), Aharon Kahana (1904-1967) et Abraham Naton (1906-1959), qui constitueront en 1948 le noyau du mouvement « Nouveaux Horizons ». La création de l’État d’Israël et la venue massive d’artistes de la Diaspora provoquent une étonnante floraison des arts. L’engouement pour la non-figuration prévaudra sur toutes les autres tendances jusqu’en 1960, époque où, à son tour, celle-ci est battue en brèche par les nouveaux courants de l’art moderne. Cinétisme, pop’art, calligraphie, nouveau réalisme..., utilisant des matériaux extra-picturaux, ont trouvé chez Moshé Castel (né en 1909), Yaacov Wexler (né en 1912), Yaacov Agam (né en 1928), Yehuda Neimann (né en 1931), Henry Shelesnyak (né en 1938) et Yigal Tumarkin (né en 1932) de chauds partisans.


Sculpture

De son panorama se détachent le réalisme de Jacob Luchansky (né en 1876) et de Moshé Ziffer (né en 1902), le cubisme épuré de Zeev Ben Zvi (1904-1952), la stylisation de Chana Orloff (1888-1968), les motifs abstraits de Moshé Sternschuss (né en 1903), de Yitzhak Danziger (né en 1916), de Yehiel Shemi (né en 1921) et de David Palombo (1920-1966).


Architecture

Elle participe, elle aussi, du mouvement qui, dans le monde entier, tend à une universalité de l’art. Inspirée des réalisations de Gropius, de Le Corbusier et surtout de Niemeyer*, elle s’enrichit de monuments d’une grande pureté linéaire, tels la « Knesset » (1966), édifiée par Dov Karmi (1905-1962) et Y. Klarwein (1893-1970), le Musée national d’Israël à Jérusalem (1965), par A. Mansfeld (né en 1912) et D. Gad, et le nouveau musée de Tel-Aviv (1971), par Y. Yashar et D. Eitan. Né en Israël en 1938 et parti pour le Canada en 1954, Moshé Safdie a connu la célébrité avec son « Habitat 67 », assemblage modulaire d’unités d’habitation réalisé à l’Exposition internationale de Montréal*.

C. G.

 H. Gamzu, Painting and Sculpture in Israel (Tel-Aviv, 1951 ; nouv. éd. 1958). / C. Roth, Jewish Art, an Illustrated History (Tel-Aviv, 1961). / B. Tammuz et M. Wykes-Joyce (sous la dir. de), Art in Israel (Tel-Aviv, 1965).

Istanbul

Principale ville de la Turquie ; 2 248 000 hab.



Les conditions géographiques et le développement de la ville


Byzance et l’occupation du site

Dans l’extrémité orientale du plateau de Thrace, aplanie vers 100-120 m d’altitude, se découpent deux accidents majeurs, fossés tectoniques élargis par l’érosion fluviale, puis modelés par les transgressions marines quaternaires. Le Bosphore raccorde la Marmara avec la mer Noire. Près de son débouché dans la Marmara, une magnifique « ria », la Corne d’Or (Haliç en turc), dont la longueur atteint 7,5 km pour une profondeur de 34 m à l’aval et une largeur parfois supérieure à 500 m, ouvre une voie de pénétration dans le plateau et isole au sud une péninsule rocheuse, que des vallons affluents de la Corne d’Or ou de la Marmara découpent en mamelons dont le sommet atteint de 50 à 70 m. C’était là pour une ville méditerranéenne un site privilégié, où se combinaient une forte position d’acropole et des possibilités d’ancrage en eau profonde.