Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Andes (suite)

Sur ces parcelles très exiguës, travaillées de façon archaïque et précaire, la culture des céréales est particulièrement importante. Réussissant dans tous les climats régnant sur les hautes terres (avec toutefois des différences de rendement), le maïs constitue la céréale de base ; il est consommé sous forme de gâteaux, de galettes ou de pains et commence aussi à entrer dans l’alimentation animale. Au maïs s’ajoute le riz, cultivé surtout en Équateur et au Pérou, uniquement sur les bas versants organisés en terrasses. Le blé n’est pas l’objet d’une grande culture, mais offre une ressource d’appoint sur les plus hautes terres, impropres à la culture du maïs, par exemple sur les hauts plateaux boliviens ou sur les terres situées vers 3 000 m en Équateur. Enfin, ces cultures sont complétées par un certain nombre d’autres céréales peu connues, vestiges de plantes cultivées avant l’époque coloniale.

Avec ou après le maïs, la pomme de terre joue un rôle fondamental dans l’alimentation des populations, et les Indiens en cultivent de nombreuses variétés. Enfin, d’autres légumineuses locales, haricots, pois chiches, fèves, tiennent une place non négligeable dans le régime alimentaire des paysans, sans empêcher ce régime d’être, la plupart du temps, insuffisant et inadapté à une alimentation équilibrée.


Les plantations des moyens versants en climat humide

Sur les moyens versants, situés entre 1 000 et 2 000 m d’altitude dans la zone de climat équatorial ou tropical humide, au Venezuela, en Colombie et en Équateur, s’est développée une importante culture du café, particulièrement adaptée aussi bien au sol qu’au climat de ces versants. Le café colombien est réputé dans le monde entier pour sa qualité.

Ces plantations de café n’ont pas pour cadre de grandes propriétés, mais tantôt de moyennes, tantôt de petites propriétés et donnent ainsi naissance à une catégorie particulière d’agriculteurs assez aisés, que la possession de quelques hectares de café suffit à différencier fondamentalement de la masse des petits paysans. C’est parmi ces derniers que se recrute la main-d’œuvre temporaire des petites plantations de café, peu mécanisées, où l’essentiel du travail s’effectue à la main.


Les grandes haciendas chiliennes des versants et des vallées

Au Chili, dans les vallées, sur les bas versants ou les hauts versants des Andes, le grand domaine est la règle dans la propriété du sol. Dépassant souvent 2 000 ha, cultivés à la fois par une main-d’œuvre permanente et par des ouvriers agricoles temporaires, ces grandes fermes sont consacrées partiellement à l’élevage sur des pâturages naturels, partiellement à des cultures sèches et partiellement à l’exploitation de la forêt qu’elles englobent.

Mais faute d’investissements et d’intérêt de la part du propriétaire, en raison même de l’immensité de ses terres, faute d’une intensification des cultures, l’hacienda traditionnelle reste le domaine des faibles rendements par rapport à la superficie cultivée et à la quantité de main-d’œuvre employée. La rémunération de cette main-d’œuvre est constituée, la plupart du temps, par le droit de pratiquer un certain nombre de cultures de subsistance pour ses besoins personnels.


Les latifundia d’élevage de l’Altiplano bolivo-péruvien

La très grande propriété apparaît de nouveau dans les Andes tropicales sèches du Pérou et de la Bolivie. Une petite partie de ces terres est cédée à des paysans pour leur permettre d’y pratiquer leur agriculture de subsistance, et le reste est consacré à l’élevage extensif des moutons. Ces grands domaines ont parfois été regroupés par de grandes sociétés d’élevage, qui ont donné à cette utilisation de la terre un caractère plus spéculatif, en vue de la production à une grande échelle de la laine et de la viande.

Étant donné le rôle fondamental joué par l’agriculture dans l’économie de ces pays andins, notamment dans leur économie de subsistance, les États ont tenté de remédier au moins partiellement aux déséquilibres nés de la structure foncière par des essais de réforme agraire. Dans ce but, des séries de lois ont été promulguées au cours de ces dernières années d’abord en Bolivie, plus tardivement au Venezuela, en Colombie, au Chili et au Pérou ; seul l’Équateur semble n’avoir pas encore affronté ce problème. (V. Amérique latine.)

La misère des campagnes, qui touche le petit paysan comme l’ouvrier permanent ou temporaire des grandes propriétés, aboutit à des migrations vers les villes ou vers les zones d’industrie extractive, sans que ces points d’aboutissement des migrations offrent de meilleures conditions de vie.


L’industrie extractive

Malgré l’absence d’une exploration systématique des ressources minérales, mais grâce à l’utilisation de moyens nés des récents progrès scientifiques, il est possible d’affirmer la très grande richesse des gisements miniers de cette zone montagneuse. Ces gisements sont liés à l’histoire géologique et abondent en minerais de toutes sortes : métaux précieux, connus dès l’époque précolombienne et qui furent l’une des motivations de la colonisation espagnole ; importants gisements d’étain de la Bolivie ; gisements de cuivre du Pérou, de la Bolivie et surtout du Chili ; minerais de fer, de mercure. Outre ces minerais particulièrement abondants, l’Amérique andine possède également des gisements plus modestes de zinc, de plomb, d’antimoine, de manganèse, de tungstène, de soufre, de molybdène, etc.

À ces richesses minières, auxquelles s’ajoutent dans les avant-pays de très grandes réserves de pétrole, concentrées sur les bords de la montagne, correspond une tradition d’exploitation des gisements : les mines de métaux précieux, d’or et d’argent, firent la réputation fabuleuse de la Bolivie et du Pérou. Actuellement, l’or et l’argent ne présentent plus une grande importance dans l’économie minière des pays andins, mais l’exploitation de l’étain, du cuivre, du fer et, plus accessoirement, des autres minerais a pris la relève et pose des problèmes graves. En effet, le développement des grands pays industriels provoqua l’intérêt de ces pays pour les richesses minières de l’Amérique andine, dont l’exploitation fut alors organisée à l’aide de capitaux étrangers, pour des économies étrangères.