Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Iran (suite)

Le climat

Le climat est dominé par l’aridité. Le régime général des pressions en effet n’y laisse pénétrer qu’exceptionnellement les dépressions cyclonales pluvieuses. En hiver, l’Iran est incorporé aux hautes pressions asiatiques et en constitue une apophyse locale, obstacle au déplacement des dépressions méditerranéennes. Celles-ci suivent essentiellement des routes périphériques, le long des aires de basse pression relative et de discontinuité thermique du golfe Persique et des côtes méridionales de la Caspienne. La route du nord est surtout active à l’automne, époque où le contraste thermique est maximal entre la masse sibérienne déjà refroidie et la mer Caspienne encore tiède. Elle l’est beaucoup moins en hiver et au printemps, où la Caspienne s’est refroidie et gèle même dans sa partie septentrionale. Le relais est pris alors par la route du sud, où le contraste est maximal entre les hautes terres froides du plateau iranien et le golfe Persique, tiède. Ces dépressions hivernales sont de plus en plus affaiblies vers l’est et elles affectent surtout l’ouest du plateau et le revers occidental du Zagros ou des montagnes du Nord. En dehors d’elles domine en hiver un flux continental sec.

En été, le gradient général s’établit sur le plateau iranien du nord-ouest vers le sud-est, partie du flux général sec des vents étésiens qui s’écoule du maximum des Açores vers le minimum du nord-ouest de l’Inde. Ce régime s’installe en mai, après une période de marais barométrique en mars-avril dans laquelle se développent de nombreux orages et des pluies de convection. Mais, en été, la sécheresse règne sur tout le pays, à l’exception de la marge septentrionale de l’Elbourz et de la côte Caspienne, qu’atteint encore la circulation cyclonale de la zone tempérée. Quelques exceptionnelles pluies tropicales de mousson peuvent parvenir, ultime avancée de la mousson indienne, jusque dans le sud-est du pays. Mais le régime normal y est celui du vent de nord-nord-ouest, renforcé par l’attraction de la cuvette surchauffée du Sistān, le « vent des 120 jours » qui souffle du 20 mai au 20 septembre et dont les effets morphologiques sont importants.

Ainsi, seuls les chaînes du versant nord de l’Elbourz et le littoral caspien reçoivent plus de 500 mm de précipitations annuelles, à l’exception de quelques îlots dans les montagnes du Zagros. Les pluies de cette frange septentrionale du pays diminuent d’ailleurs progressivement vers l’est, où les vents de nord-est, qui soufflent au passage des dépressions, n’ont plus de trajet maritime. La ville de Pahlavi reçoit 1 517 mm, Recht, capitale du Gilān, 1 236 mm ; Amol, dans le Māzandarān, 836 mm ; Astarābād (auj. Gorgān), 620 mm seulement. Sur le plateau, les pluies se tiennent aux environs de 300 à 400 mm dans les bassins de l’Azerbaïdjan (Marārha, 368 mm ; Khoy, 347 mm ; mais Tabriz, en situation particulièrement abritée, seulement 282 mm) ainsi que sur les versants septentrionaux et dans les vallées du Zagros (Hamadhān, 412 mm ; Kermānchāh, 422 mm). Elles tombent au-dessous de 300 et souvent de 200 mm dans les sites de piedmont, où sont souvent fixées les villes principales (Téhéran, 244 mm ; Ispahan, 147 mm ; Mechhed, 262 mm ; Yezd [ou Yazd], 124 mm), ainsi que sur les côtes du golfe Persique au sud du Zagros (Ābādān, 172 mm ; Bandar Buchehr, 257 mm ; Djask, 120 mm). Elles tombent au-dessous de 100 mm dans les parties centrales des cuvettes du plateau (Varāmin, 97 mm, à 940 mm, au sud de Téhéran ; Qom [ou Qum], 98 mm, à la même altitude ; Zābol [ou Zābul], à 516 m dans le Sistān, 69 mm) et doivent être à peu près nulles dans le centre du Lut. On peut distinguer quatre types principaux de régime : à maximum d’hiver très accusé dans l’Iran méridional et le golfe Persique ; à maximum nettement printanier dans l’Azerbaïdjan ; à maximum d’hiver et de printemps très étalé, dans la plus grande partie du plateau ; à différenciation saisonnière peu marquée dans le type caspien, avec maximum principal d’automne, maximum secondaire de printemps, minimum peu marqué de l’été et parfois minimum secondaire d’hiver.

Ces contrastes pluviométriques se doublent d’oppositions thermiques entre le haut plateau et les franges littorales. Elles sont particulièrement sensibles en hiver, qui reste doux sur les côtes caspiennes (minimums généralement entre 5 et 10 °C ; Pahlavi, 7,5 °C en févr.) et surtout sur les côtes du golfe Persique, où elles s’abaissent cependant vers le fond du golfe (Ābādān, 11,5 °C ; Djask, 19,3 °C en janv.). Sur le plateau, les moyennes de janvier se situent entre 0 et 5 °C (Téhéran, 3,1 °C ; Ispahan, 3,8 °C ; Chirāz, 5 °C). Elles s’abaissent nettement dans les bassins de l’Azerbaïdjan et dans les hautes terres du nord-ouest du plateau, où se conjuguent les effets de l’altitude et de la situation plus nordique (Tabriz, altitude 1 360 m, 2,7 °C ; Zendjan, 1 640 m, – 6,5 °C en janv.). L’été est le plus chaud d’une part sur les côtes du golfe Persique, d’autre part dans les cuvettes intérieures surchauffées du plateau, où la température égale presque les extrêmes du golfe (Abadan, 35,8 °C en août ; Djask, 32,3 °C en juill. ; Yezd, 33 °C en juill. à 1 240 m d’altitude). Cette température estivale ne diminue que dans les bassins les plus élevés (Tabriz, 24,8 °C ; Chirāz, 27,3 °C) et sur les côtes de la Caspienne (Pahlavi, 25,8 °C en août). Mais, sur le plateau, les maximums diurnes restent toujours très élevés, de l’ordre de 35 à 40 °C.


L’hydrographie et le modelé

Ces conditions climatiques expliquent l’indigence de l’écoulement, qui ne dépasse 400 mm annuels qu’en des îlots restreints situés dans le centre du Zagros et dans l’Elbourz. Les rivières du versant caspien de celui-ci étant très courtes, c’est essentiellement sur le versant sud-occidental du Zagros que se trouvent les organismes fluviaux importants (Kārun, dont le débit moyen annuel est de 775 m3/s, et son affluent le Diz ; Karkhè, etc.).