Andalousie (suite)
Du xviie siècle à nos jours
En 1641 se produit la « conspiration d’Andalousie », soulèvement de nobles qui profitent du mécontentement général de la nation pour essayer de faire triompher des idées séparatistes : il s’agit de faire de l’Andalousie un royaume indépendant gouverné par Gaspar Alonso Pérez de Guzmán († 1664), duc de Medinasidonia. Le complot échoue.
À la fin du xviiie s., le Péruvien Pablo de Olavide y Jáuregui (1725-1803) essaie vainement d’installer en Andalousie six mille colons d’origine allemande et flamande.
Pendant la guerre d’Indépendance, l’Andalousie est l’un des centres de résistance les plus acharnés aux Français, aussi bien au point de vue militaire, comme le prouve la bataille de Bailén (1808), qu’au point de vue politique, comme le montrent les « Cortes de Cadix » (1810). C’est Cánovas del Castillo (1828-1899), originaire de Málaga, qui rédige le célèbre « manifeste de Manzanares », qui débouche sur la restauration, en vue de l’établissement d’une monarchie moderne. L’un de ses camarades d’université, Emilio Castelar (1832-1899), né à Cadix, est de tendance politique plus libérale, ce qui l’amène à prendre part au mouvement révolutionnaire de 1866. Il doit s’exiler à Paris ; à son retour, il s’oppose à la candidature d’Amédée de Savoie au trône d’Espagne. Castelar est l’un des fondateurs de la Ire République (11 févr. 1873). On lui doit l’abolition de l’esclavage à Porto Rico et des ordres militaires traditionnels d’Alcántara, de Santiago, de Calatrava et de Montesa. Mais la dégradation sociale fait échouer sa politique de réformes.
La différence existant entre la classe possédante et le peuple, misérable, fait naître en Andalousie un brigandage endémique, essentiellement dans les zones les plus déshéritées de la sierra Morena.
Vers 1870 apparaissent en Andalousie les premiers groupes anarchistes. En deux ans, ce mouvement prend beaucoup d’ampleur.
Au xxe s., l’Andalousie connaît toute une série de réformes d’ordre social et économique. Les paysans anarchistes les jugent insuffisantes et, sous la dictature de Primo de Rivera, pourtant un Andalou, se soulèvent près de Cadix. Jusqu’en 1936, l’Andalousie constituera l’un des deux grands foyers anarchistes de l’Espagne, l’autre étant la Catalogne.
En 1932, les travailleurs répondent au « pronunciamiento » de Sanjurjo, favorable à la monarchie, par une grève générale. Pendant la guerre civile, de sanglants conflits se produisent dans les quartiers ouvriers de Séville et de Grenade. Malgré de considérables efforts d’industrialisation, tous les problèmes sont loin d’être résolus : l’émigration vers les autres provinces et vers l’Europe persiste.
Le génie andalou se manifeste à l’époque contemporaine dans la littérature (Antonio Machado, Juan Ramón Jiménez, Federico García Lorca, Rafael Alberti, Luis Cernuda, Manuel Altolaguirre, Emilio Prados et Vicente Aleixandre), dans la peinture (P. Picasso) et dans la musique (Manuel de Falla).
R. G.-P.
➙ Almohades / Almoravides / Cordoue / Espagne / Grenade / Reconquista / Séville.
J. Guichot, Historia general de Andalucía (Madrid, 1869-1871). / J. Ortega y Gasset, Teoría de Andalucía (Madrid, 1942). / E. Lévi-Provençal, Histoire de l’Espagne musulmane (G. P. Maisonneuve, 1947-1953 ; 3 vol.). / J. Sermet, Espagne du Sud (Arthaud, 1953).