Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Insecte (suite)

Les Insectes terricoles et cavernicoles

Un très grand nombre de larves et certains Insectes adultes vivent sous terre, se nourrissant surtout de racines. Parmi les plus remarquables, il faut citer les Courtilières, ou Grillons-Taupes, qui passent toute leur vie dans des galeries souterraines à la façon des taupes. Leur patte antérieure montre une adaptation extraordinaire à la fonction d’organe fouisseur, qui réalise un des plus curieux exemples de caractère de convergence (v. adaptation).

À côté des Insectes terricoles, on peut placer les cavernicoles*, c’est-à-dire ceux qui ont quitté la surface du sol pour vivre au fond des grottes. Ce milieu très spécial est caractérisé par une température régulière et assez basse, par l’obscurité et un degré d’humidité très élevé. Un grand nombre d’animaux se sont adaptés à ces conditions d’existence et, parmi eux, beaucoup d’Insectes. Suivant leur degré d’adaptation, ceux-ci ont été répartis en trois catégories : les trogloxènes sont des habitants accidentels de l’entrée de la grotte, où ils ne se reproduisent pas ; les troglophiles vivent dans les parties moyennes et profondes ; ils en sortent souvent la nuit pour chercher leur nourriture, mais ils se reproduisent dans la grotte et toute leur évolution s’y poursuit ; les troglobies ne quittent pas la partie profonde où l’obscurité est complète. Ce sont les mieux adaptés à la vie cavernicole et ils présentent des caractères particuliers qui sont l’absence des yeux, la dépigmentation des téguments et l’allongement excessif des appendices.


Les sociétés d’Insectes

La grande majorité des Insectes vivent isolés, mais il existe des exceptions, d’un intérêt considérable. Tout d’abord, il ne faut pas confondre avec des sociétés les rassemblements d’Insectes qui sont dus à l’attraction de certains milieux. Un exemple en est fourni par les Coccinelles, qui se réunissent en grand nombre, en hiver, sur les montagnes, dans quelques coins bien abrités. Les groupements d’Insectes migrateurs ne constituent pas non plus, malgré leur importance, des sociétés. Les Sauterelles, certaines Libellules et Papillons se déplacent en nuages comptant des millions d’individus qui montrent un instinct grégaire mais aucune trace de véritable instinct social. Par contre, on peut trouver un embryon de structure sociale chez quelques Blattes et dans certaines associations familiales dont les plus remarquables sont celles des Forficules. La femelle de ces Insectes, considérés comme inférieurs, accorde à sa progéniture des soins comparables à ceux que l’on observe chez les Insectes sociaux. Ceux-ci appartiennent à deux lignées très éloignées ; d’une part les Termites, Insectes inférieurs voisins des Blattes ; d’autre part les Hyménoptères supérieurs, Fourmis, Guêpes et Abeilles. La vie sociale montre dans ces deux groupes beaucoup de points communs, mais aussi des différences considérables résultant du mode de croissance de ces Insectes. Les Termites sont des Insectes sans métamorphoses, dont les jeunes diffèrent peu des adultes et mènent le même genre de vie. Chez les Hyménoptères, les jeunes éclosent sous forme de larves, très différentes des parents, exigeant des soins qui mobilisent une grande partie de la société.


Société de Termites

La société de Termites* est complexe. Elle compte d’abord un couple de sexués qu’on appelle roi et reine. Ils sont ailés au début de leur vie d’adulte, mais perdent leurs ailes rapidement et s’accouplent. Le roi reste un Insecte de petite taille, mais la reine devient beaucoup plus grosse, parfois énorme, et son rôle unique est de pondre, augmentant continuellement la population de la termitière, qui peut arriver à compter plusieurs millions d’individus. Ceux-ci appartiennent à deux castes principales, les ouvriers et les soldats. Les ouvriers sont les plus nombreux ; ils sont aptères, aveugles et armés de mandibules fortes, mais courtes. Leur rôle est de soigner le couple royal et les jeunes. Ils doivent avant tout édifier la termitière, car les Termites sont d’extraordinaires bâtisseurs, qui construisent des habitations de forme très variable, dont certaines peuvent atteindre 5 à 6 m de hauteur. La deuxième caste est formée par les soldats, dont la tête est très développée, armée de mandibules puissantes ; leur rôle est la défense de la colonie. Les soldats de certaines espèces montrent d’extraordinaires adaptations, comme ceux des Nasutitermes, dont le front est prolongé par un tube qui leur permet de projeter sur les ennemis la sécrétion d’une volumineuse glande frontale.


Société de Fourmis

La société de Fourmis* est, comme celle de Termites, composée de sexués, d’ouvrières et de soldats, mais la reine, plus active, circule librement dans la fourmilière. Comme chez les Termites aussi, la caste des ouvrières est la plus nombreuse ; elle montre, ainsi que les soldats, des formes très diverses.


Sociétés de Guêpes et d’Abeilles

La société de Guêpes* est moins compliquée que celle de Termites, car elle ne comprend, outre les sexués, qu’une caste de neutres, qui sont des femelles stériles. Extérieurement, elles ne diffèrent guère des femelles que par leur plus petite taille. À l’inverse des Fourmis et des Abeilles, les Guêpes forment une colonie annuelle, qui disparaît à l’entrée de l’hiver, ne laissant subsister que quelques jeunes femelles fécondées, qui créeront une nouvelle colonie au printemps suivant.

La colonie d’Abeilles* diffère peu de celle de Guêpes dans son organisation générale, mais elle s’en éloigne par bien des détails. C’est tout d’abord une société pérenne, dont la reine peut vivre quatre ou cinq ans. Les ouvrières sont spécialisées suivant leur âge. Une jeune ouvrière, qui vient d’éclore, est chargée pendant une dizaine de jours de la préparation des cellules et de l’alimentation des larves. Pendant une seconde période de dix jours, elle est magasinière, nettoyeuse ou gardienne de l’entrée du nid ; enfin son existence se termine par la récolte du nectar et du pollen pendant vingt à trente jours. Les Abeilles communiquent entre elles par une série de mouvements des antennes, des ailes, et par des sortes de danses qui ont été remarquablement étudiées par K. von Frisch et ses élèves.