Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Insecte (suite)

• L’abdomen. Il compte en principe douze segments, mais ce chiffre est très souvent réduit, surtout dans les ordres les plus évolués. Chaque segment, ou urite, est composé d’un tergite dorsal et d’un sternite ventral, ces deux parties étant unies par une membrane sans pièces sclérifiées. Sauf chez certains Insectes inférieurs (Thysanoures), l’abdomen ne porte pas d’appendices articulés ; cependant, beaucoup de groupes portent sur le dixième urite deux longs appendices, les cerques, parfois très développés et importants comme organes sensoriels. Chez les femelles, les huitième et neuvième sternites portent souvent des appendices (gonopodes) formant un organe destiné à la ponte, l’oviscapte, ou ovipositeur, composé de six pièces, deux inférieures appartenant au huitième sternite et quatre internes et supérieures dépendant du neuvième. Dans certains cas (Hyménoptères piqueurs), cet organe peut devenir un puissant aiguillon. L’organe génital mâle débouche dans le neuvième sternite et est le plus souvent terminé par un organe copulateur d’une variabilité extraordinaire.


Organisation interne

• Appareil digestif. L’intestin antérieur, d’origine ectodermique, comprend l’œsophage, le jabot, vaste dilatation dans laquelle les aliments s’amassent et s’imprègnent de salive, et le gésier, ou proventricule ; la paroi de celui-ci est fortement musclée, et sa face interne, garnie de crêtes, assure le brassage des aliments, qui sont arrêtés par une valvule cardiaque marquant le début de l’intestin moyen, lequel s’étend jusqu’à l’insertion des tubes de Malpighi. L’intestin postérieur termine le tube digestif. Ce modèle subit naturellement des modifications en rapport avec le mode d’alimentation. Le régime alimentaire des Insectes étant très varié, les enzymes de la digestion sont nombreuses chez un omnivore comme la Blatte, réduites à une amylase chez un Papillon.

• Système circulatoire. Dans le corps des Insectes, il n’y a qu’un liquide, le sang, ou hémolymphe, baignant tous les tissus. Il existe un unique vaisseau sanguin, pulsatile, qui s’étend sur toute la longueur du corps. Sa partie postérieure est le véritable cœur, qui présente une série d’ouvertures munies de valvules, les ostioles, par lesquelles le sang peut entrer ; la partie antérieure, dite « aorte », est un tube contractile qui se termine dans la cavité viscérale. Le sang circule dans le vaisseau dorsal d’arrière en avant, puis se répand dans tout le corps.

• Appareil respiratoire. Les Insectes respirent par un système de trachées s’ouvrant à l’extérieur par des stigmates et se ramifiant dans toutes les parties du corps. Il existe généralement deux gros troncs longitudinaux d’où se détachent les trachées et qui se terminent par des trachéoles capillaires d’un diamètre de 0,6 à 0,8 μ. Chez les Insectes à vol puissant, il se forme de larges dilatations des trachées, dites « sacs aériens ». Enfin, chez beaucoup de larves aquatiques, la respiration se fait par des branchies trachéennes.

• Appareil excréteur. Il comprend différents organes (cellules péricardiques, œnocytes, corps adipeux), mais les plus importants sont les tubes de Malpighi, qui ne manquent que chez quelques Insectes inférieurs. Ce sont des tubes, fermés à leur extrémité distale, qui s’ouvrent dans l’intestin postérieur. Leur nombre varie de deux à quatre chez les Diptères à plus de cent chez certains Hyménoptères. Ils baignent dans le sang, duquel ils extraient de l’acide urique, de l’urée, de l’oxalate de chaux et autres produits des déchets accumulés.

• Système nerveux. Le système nerveux central est formé par une double chaîne de ganglions réunis par des connectifs. Le premier ganglion sus-œsophagien est un volumineux cerveau ; avec le sous-œsophagien, il forme un collier autour de l’œsophage. Le reste de la chaîne est appliqué sur la paroi ventrale ; il comprend trois paires de ganglions thoraciques et des ganglions abdominaux en nombre variable et plus ou moins contractés. Le cerveau est de structure complexe, comprenant le protocerebron (ganglions optiques), le deutocerebron (lobes olfactifs et nerfs antennaires) et le tritocerebron, qui innerve le labre et une partie du tube digestif. Il existe un système sympathique présidant à la vie végétative.


Organes des sens

Si on observe le comportement des Insectes dans les conditions naturelles, on constate qu’ils obéissent à des impressions sensorielles très variées, qui exigent des organes des sens richement développés.

• Sensations tactiles. Elles sont transmises surtout par des organes appelés sensilles ; ce sont des cellules présentant un axone sensoriel, distribuées sur toute la surface du corps, principalement sur les appendices, et le plus souvent en relation avec un poil ou une épine.

• Sens chimiques. Le goût et l’odorat sont développés de façon variable. Les saveurs sont détectées par des récepteurs situés dans la bouche, sur les antennes, les palpes et les tarses ; les odeurs sont reconnues sans doute par les sensilles des antennes et des palpes. Beaucoup d’Insectes trouvent leur nourriture par l’odorat, et c’est aussi par l’odorat que les Abeilles repèrent les plantes à visiter, que les Fourmis s’orientent et que les mâles de certains Papillons peuvent localiser la présence d’une femelle à plus d’un kilomètre de distance.

• Vision. Les deux catégories d’yeux ont des fonctions bien différentes. Les fonctions optiques des ocelles semblent faibles, et on considère généralement qu’ils sont surtout des organes stimulateurs qui accélèrent la phototaxie en augmentant la sensibilité du cerveau aux stimulus reçus par les yeux composés. L’œil composé est un organe caractéristique des Arthropodes. Chaque élément reçoit une impression lumineuse dont l’ensemble forme une sorte de mosaïque visuelle. L’acuité visuelle semble faible ; on a pu calculer que, chez une Abeille, elle est environ égale à un cinquantième de celle de l’Homme, sur un axe vertical, et à un tiers de celle-ci sur un axe horizontal, à cause de la courbure plus prononcée de l’œil, chaque ommatidie devant couvrir un champ plus vaste. En ce qui concerne la vision des couleurs, on constate des différences importantes suivant les Insectes : certains (Abeille, Papillon Macroglossa) semblent pratiquement aveugles au rouge, mais peuvent voir dans l’ultraviolet ; ils peuvent être attirés par la lumière ultraviolette réfléchie par certaines fleurs et ils s’assemblent autour d’écrans illuminés par des rayons ultraviolets invisibles pour nous ; d’autres (Papillons Piéridés) sont capables de voir le rouge. De même que l’Homme, les Insectes sont sensibles au phénomène des contrastes simultanés ; une surface grise, entourée de jaune, paraît bleue à une Abeille, et la même surface entourée de bleu paraît jaune.