Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anatomie (suite)

L’anatomie microscopique

L’anatomie et, d’une façon plus générale, la biologie furent profondément modifiées par l’apparition de l’observation microscopique, vers la fin du xvie s. Le microscope naquit entre 1590 et 1600, vraisemblablement en Hollande. Mais il resta si imparfait jusqu’au début du xixe s. par suite de ses aberrations nombreuses que les lentilles simples, ou loupes, qui permettaient des grossissements de 200 diamètres, lui furent longtemps préférées. C’est également un Hollandais, le drapier Antonie Van Leeuwenhoek* (1632-1723), qui est à l’origine des études microscopiques. Citons de même son compatriote Jan Swammerdam (1637-1680) et surtout l’Italien Marcello Malpighi, anatomiste qui a laissé son nom à de nombreuses structures (glomérules rénaux, corpuscules spléniques, couche germinative tégumentaire, tubes excréteurs des Insectes, pour ne citer que les plus connues). C’est lui qui a donné corps à l’hypothèse de Harvey sur la circulation sanguine, en observant les capillaires sur le poumon de Grenouille, puis sur le patagium (membrane allant des membres supérieurs aux membres inférieurs) des Chauves-Souris. À ses contributions anatomiques sur le poumon, le rein, la rate, le foie, la langue, les trachées des Insectes, il faut adjoindre l’étude du développement du Poulet et celle de l’anatomie végétale.

C’est de cette époque, en 1667, que date la découverte de la cellule*. Il est vrai que son « inventeur », l’Anglais Robert Hooke (1635-1703), qui avait observé une lamelle de liège, n’en tira nulle généralité. Il fallut attendre Caspar Friedrich Wolff (1733-1794) pour voir formuler une théorie cellulaire, qui restera elle-même en sommeil jusqu’en 1838, date à laquelle le botaniste Matthias Jakob Schleiden (1804-1881), puis l’anatomiste Theodor Schwann (1810-1882) y verront l’unité de structure et de fonction du monde vivant. La substance vivante de la cellule, dont on n’avait vu jusque-là que la membrane périphérique, est décrite en 1835 par le Français Félix Dujardin (1801-1860) sous le nom de sarcode. On lui préférera, à partir de 1843, le terme de protoplasme, proposé par le botaniste allemand Hugo von Mohl (1805-1872). C’est Maximilian Johann Schultze (1825-1874) qui identifie, en 1850, le protoplasme végétal au sarcode animal et donne au monde vivant une unité de structure, qui, depuis, s’est révélée être également une unité de composition chimique.

Au moment même où un Français, Georges Cuvier, était à l’origine de la renaissance de l’anatomie comparée, un de ses contemporains, Xavier Bichat, dans son Anatomie générale appliquée à la physiologie et à la médecine, publiée en 1801, donnait à l’histologie ses bases et sa méthode. Bichat renonça au microscope, encore fort imparfait à l’époque, et travailla à l’œil nu et à la loupe ; il n’en décrivit pas moins plus de vingt types de tissus, dont il proposa une classification. En fait, les Français furent à l’origine peu nombreux dans cette science, tandis que l’école allemande florissait avec les Rudolf Virchow (1821-1902), Walter Flemming (1843-1905), le Suisse Rudolf Albrecht von Kölliker (1817-1905), etc. Le tissu nerveux se colore mal par les méthodes histologiques classiques et nécessite l’emploi d’imprégnations argentiques, auxquelles sont liés les noms de l’Italien Camillo Golgi (1844-1926) et de l’Espagnol Ramón y Cajal (1852-1934).

Les méthodes d’étude histologiques et cytologiques ont beaucoup évolué depuis quelques années. La culture de tissus*, les techniques histochimiques, la microscopie* électronique ont donné à ces sciences un nouvel et récent essor.

Plan de coupe

Il est habituel, en anatomie topographique, d’utiliser des coupes : soit coupe réelle faite sur cadavre conservé et traité, soit schéma. On détermine ainsi dans l’espace trois plans de coupe : frontal, sagittal, horizontal, que l’on peut combiner dans des directions obliques.

Position anatomique

La description des organes nécessite une position de référence du corps humain : il est admis que sur un sujet debout, les bras le long du corps, la paume des mains regardant en avant, l’axe de référence passe par le centre du corps, verticalement. Ainsi peut-on définir la position d’un organe par rapport à cet axe, par rapport à une structure voisine ou selon sa direction dans les trois dimensions de l’espace : pour ce faire, on utilise les adjectifs antérieur et postérieur, supérieur et inférieur, interne et externe, ou les adverbes en avant, en arrière, etc., pour désigner les directions. Au niveau des mains, la face antérieure est palmaire et la face postérieure dorsale. Au niveau des pieds, on utilise les termes de plantaire et de dorsal.

Par exemple, l’artère fémorale commune arrive à la cuisse en passant sous l’anneau crural : celui-ci est limité en avant par l’arcade fémorale, en dehors par la bandelette ilio-pectinée, en dedans par le ligament de Gimbernat, en arrière par le ligament de Cooper. Dans l’anneau crural, on trouve de dehors en dedans, situés dans la gaine vasculaire : l’artère fémorale, la veine fémorale, les lymphatiques profonds et les ganglions inguinaux profonds.


L’anatomie comparée


Notions générales

L’étude de la structure des animaux conduit à deux résultats fort différents. La mise en évidence de ce qui unit ou de ce qui différencie les espèces conduit tout d’abord à définir une généalogie au sein du monde animal et à proposer de ce dernier une classification suivant un ordre systématique. Par cet aspect, l’anatomie comparée fait le lien entre la science morphologique et la zoologie. Elle permet la définition des grandes unités du règne animal, celles qui ne sont pas réductibles l’une à l’autre et qu’on appelle embranchements, ainsi que celle des subdivisions de ces unités en classes, en ordres et en familles. Elle est également conduite à imaginer entre les classes d’un même embranchement des formes intermédiaires hypothétiques ou à donner aux diverses classes un ancêtre hypothétique (archétype). L’étude morphologique des espèces fossiles (paléontologie) ou une meilleure exploration du milieu terrestre ont quelquefois fourni aux anatomistes l’occasion de comparer les structures réelles aux résultats de leurs spéculations. Mais la paléontologie n’est pas la seule science qui apporte des éléments à l’anatomie comparée. Les études embryologiques ont rapidement montré tout l’intérêt qu’il pouvait y avoir non seulement à comparer les modes de développement des divers groupes animaux (embryologie comparée), mais à rapprocher la morphologie de certains stades embryonnaires de celle de formes adultes.