Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

infection (suite)

Les septicémies

L’infection focale responsable est souvent évidente — furoncle, rétention placentaire infectée après un avortement, sonde vésicale —, mais parfois la lésion causale est déjà guérie et il faut la rechercher avec soin (extraction dentaire causant une endocardite par exemple).

L’état septicémique est dominé par la fièvre (oscillante, ondulante, en plateau), qui s’accompagne de frissons, de sueurs. L’examen découvre parfois une splénomégalie (grosse rate). Surtout, il permet de constater l’altération de l’état général du malade.

L’étiologie de la septicémie, le germe en cause peuvent être suspectés sur la porte d’entrée et les localisations secondaires. Ainsi, le furoncle et l’abcès du poumon orientent vers le Staphylocoque. Mais seules les hémocultures (recherche de la Bactérie dans le sang) peuvent affirmer le diagnostic. On distingue les septicémies pures et les septicopyohémies avec éclosion de nombreux foyers secondaires, liés à la localisation à divers organes des germes déchargés dans le sang à partir du foyer initial. Il faut insister aussi sur les septicémies décapitées par les antibiotiques utilisés sans discernement, avant tout diagnostic. Il faut citer encore les septicémies insuffisamment traitées qui rechutent.

Mais le fait essentiel est représenté par les septicémies à germes peu nombreux ou résistant aux antibiotiques, dont nous évoquions plus haut la fréquence dans les services hospitaliers très spécialisés et qui sont liées aux progrès médico-chirurgicaux.


Les bactériémies

À côté des septicémies avec passages répétés de germes dans le sang, les bactériémies sont caractérisées par des passages brefs de germes dans la circulation. La suppression de la cause entraîne la guérison, mais des bactériémies répétées peuvent être graves du fait des localisations à distance qu’elles peuvent provoquer.


Les toxi-infections

Elles ont un début clinique marqué par des signes liés à la voie d’introduction du germe : signes pharyngés de l’angine diphtérique, signes digestifs du botulisme, signes d’infection génitale de la septicémie à Perfringens. Puis vont apparaître les signes d’« imprégnation » toxinique traduisant la diffusion de la toxine dans l’organisme. Les antibiotiques n’ont ici d’action que sur le germe, la sérothérapie spécifique n’a d’action que sur la toxine libre. Des thérapeutiques médicales palliatives (réanimation, respiration assistée) doivent assurer le maintien des fonctions vitales en attendant l’élimination de la toxine.


Les formes graves de l’infection

• Le syndrome malin des maladies infectieuses. Il a été étudié et défini par James-Paul Reilly. Il associe des troubles de la régulation thermique, des troubles nerveux, respiratoires, circulatoires et des signes hémorragiques. Il est lié à l’agression du système neurovégétatif.

• Le choc infectieux. Redoutable, il est dominé par un collapsus cardio-vasculaire (chute de la tension artérielle), bientôt responsable d’une acidose métabolique, d’une insuffisance rénale aiguë. Seul un traitement précoce peut permettre de « lever » le choc.

• Les injections survenant au cours des traitements immunosuppresseurs. Observées en hématologie et en néphrologie (greffe de rein), elles sont redoutables. Elles surviennent chez des sujets très fragiles. Les plus fréquentes sont des infections virales graves et des infections mycosiques ou bactériennes généralisées difficilement contrôlables, car l’antibiothérapie isolée, sans les défenses immunologiques naturelles, est insuffisante.


Les formes frustes de l’infection

Les formes frustes sont bien connues, au cours de toutes les maladies infectieuses. Les formes atténuées s’observent après vaccination, après traitement antibiotique qui limite la diffusion.

Dans l’infection inapparente, la maladie évolue de manière silencieuse, sans qu’aucun signe ne permette de la mettre en évidence. Seul le laboratoire peut faire le diagnostic.

Dans l’infection latente, le porteur de germes conserve sur lui, sans en être affecté, l’agent responsable qu’il peut ainsi disséminer en étant à l’origine d’épidémies.


La pathologie de sensibilisation

Comme la maladie tuberculeuse, l’infection streptococcique peut entretenir un état de sensibilisation avec des manifestations générales, cutanées, articulaires et oculaires. De même, la brucellose, mais aussi la tularémie et la typhoïde peuvent être responsables, longtemps après l’épisode initial, de manifestations de sensibilisation entretenues par la persistance de foyers profonds.


L’infection virale

La multiplication des Virus se fait nécessairement dans la cellule et s’achève par la destruction de celle-ci. Mais les cellules envahies peuvent synthétiser des protéines qui vont limiter l’infection virale. Dans certaines maladies virales, l’acide nucléique viral s’incorpore aux acides nucléiques des cellules atteintes. L’infection cellulaire persiste, mais ne s’exprime pas. De temps à autre, lors de poussées (herpès), la multiplication virale peut reprendre pour s’éteindre de nouveau. Il existe ainsi un équilibre particulier entre Virus et cellules.

L’infection virale a pour porte d’entrée le rhinopharynx ou le tube digestif. Certains Virus sont inoculés par des Insectes. Après inoculation, le Virus se multiplie localement, puis passe dans le sang (virémie), il se multiplie alors dans la rate. Au terme d’une deuxième phase de diffusion sanguine, il se dissémine dans tout l’organisme. Cependant, chaque type de Virus a un tropisme particulier pour certains appareils : Virus entérotrope (polio, avec neurotropisme accidentel), épithéliotrope (varicelle), lymphotrope, neurotrope (rage).

L’évolution est influencée par le comportement cellulaire et immunologique à l’égard des Virus. Dans certains cas, une immunité solide s’installera après disparition du Virus. Dans d’autres, le Virus va persister des années (herpès). Les intermédiaires sont possibles : immunité transitoire (grippe) ou immunité avec persistance du Virus.

De nombreuses maladies virales décrivent un cycle, d’autres évoluent de manière variable en durée et gravité ; soulignons la possibilité de formes latentes ou de formes aggravées par une surinfection bactérienne.