Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indochine française (suite)

Résister aux Japonais n’eût été réalisable qu’avec l’appui des Britanniques et surtout des Américains. Or, ces derniers avaient fait connaître qu’ils n’étaient pas en mesure d’apporter une aide militaire, ce qu’ils confirmèrent au gouvernement de Vichy le 22 août. Le général Georges Catroux (1877-1969), gouverneur de l’Indochine, dut, en conséquence, s’incliner. Il fut d’ailleurs remplacé le 20 juillet par l’amiral Jean Decoux (1884-1963), qui signa les accords du 30 août 1940. Tandis qu’on discutait d’une convention d’application, les Japonais appuyèrent leurs demandes en attaquant deux garnisons françaises du Tonkin (22 sept.).

La présence de 25 000 soldats japonais en Indochine fut, de la sorte, imposée, mais la souveraineté française semblait sauvegardée pour l’essentiel. Or, quatre mois plus tard, le Siam voulut profiter de la situation pour récupérer les provinces perdues par lui en 1907. Le 9 janvier 1941, le Cambodge était envahi par les troupes françaises, qui, le 16, subirent un échec sur terre, tandis que, le 17, elles remportaient un succès sur mer. Le Japon s’empressa d’intervenir, et il fallut signer en mars 1941 un traité qui livrait au Siam les territoires revendiqués par lui.

De nouvelles exigences furent formulées par le Japon à la fin de juillet. Cette fois, le libre passage en Cochinchine fut réclamé pour un autre contingent de forces nippones. L’imminence d’une guerre contre les États-Unis et l’Angleterre conduisait en effet le commandement japonais à s’assurer une base de départ pour attaquer Singapour et la Malaisie.

L’amiral Decoux dut céder, en attendant qu’un pseudo-accord de défense commune de l’Indochine lui fût imposé après Pearl Harbour.

Mais les défaites que le Japon allait subir tout au long de l’année 1944 et les victoires des Alliés en Europe rendirent le maintien de la souveraineté française de plus en plus aléatoire. Engagés dans une lutte désespérée, les dirigeants du Japon pouvaient-ils prendre le risque de conserver dans une zone opérationnelle un appareil de troupes et de fonctionnaires français ? Alors même que le commandement nippon eût voulu prolonger un compromis dangereux, l’action de Français membres de réseaux de résistance et l’existence évidente de liaisons entre les Alliés et les milieux français eussent poussé les Japonais à brusquer les choses.

Le coup de force, préparé minutieusement, intervint le 9 mars 1945. Si sa probabilité ne faisait plus de doute pour les autorités françaises, l’imminence de son déclenchement restait difficilement discernable. Il y eut donc surprise et fatalement résistance sporadique. Au demeurant, que pouvaient faire des garnisons isolées, sinon livrer un combat pour l’honneur ? Seuls les éléments tonkinois commandés par le général Sabattier purent retraiter jusqu’au Yun-nan et gagner les territoires encore occupés par les forces du maréchal Tchang Kaï-chek*. Tous les autres, civils et militaires, allaient connaître une dure captivité.

Après la défaite japonaise, l’Indochine française allait être affrontée à d’autres problèmes, et d’abord à celui d’une décolonisation qui devait l’amener à se détacher de l’Empire français et à asseoir l’indépendance de ses nations.

P. R.

➙ Cambodge / Courbet (A.) / Empire colonial français / Ferry (J.) / Indochine (guerres d’) / Laos / Viêt-nam.

 A. Masson, Histoire du Viêt-nam (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949, 4e éd. 1972). / G. Sabattier, le Destin de l’Indochine. Souvenirs et documents, 1941-1951 (Plan, 1952). / R. Auvade, Bibliographie critique des œuvres parues sur l’Indochine française (Maisonneuve et Larose, 1965). / B. Fall, Viet Nam Witness (New York, 1966 ; trad. fr. les Deux Viêt-nam, Payot, 1967). / J.-M. Pedrazzani, la France en Indochine, de Catroux à Sainteny (Arthaud, 1972).

Indonésie

En indon. Indonesia, État insulaire de l’Asie méridionale. Capit. Djakarta* ou Jakarta. Villes principales : Surabaya, Bandung, Semarang, Palembang et Medan.


Le milieu naturel


Le territoire

Entre l’Asie méridionale et l’Australie s’étale le plus grand archipel du monde tant par ses dimensions (5 000 km d’est en ouest, 2 000 km du sud au nord) que par la quantité d’îles qui le composent. On a dénombré quelque 13 667 îles, mais seulement la moitié d’entre elles se voient gratifier d’un nom et à peine un millier sont habitées.

La république d’Indonésie rassemble la majeure partie de ce monde insulaire, les Philippines et la Malaysia se partageant le reste. La partie occidentale de la Nouvelle-Guinée est rattachée politiquement à la république d’Indonésie en dépit de ses affinités géographiques avec le monde mélanésien.

Les terres sous dépendance indonésienne couvrent ainsi 1,9 million de kilomètres carrés. Cette superficie, bien que considérable, ne donne qu’une idée atténuée de l’espace réel sur lequel s’étend la souveraineté du pays ; celle-ci s’applique à une zone quatre à cinq fois plus vaste, de l’ordre de 9 millions de kilomètres carrés, si l’on tient compte, en plus des terres émergées, de toutes les mers intérieures qui recouvrent la plate-forme de la Sonde. En effet, il ne s’agit le plus souvent que d’une mince pellicule d’eau épaisse d’une cinquantaine de mètres, désormais reconnue comme faisant légalement partie des eaux territoriales de la république d’Indonésie.

Il n’est pas surprenant de constater qu’un monde à la fois aussi vaste et aussi cloisonné apparaisse extrêmement diversifié, à tel point que la jeune République indonésienne a adopté comme devise : Bhinneka Tunggal Ika (« Unité dans la diversité »).