Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indiens (suite)

Les maisons, sans fenêtres, ne comportent en général qu’une pièce et une cuisine. Dans le centre et le nord du Mexique, on dort sur des nattes ; en pays maya et dans le reste de l’Amérique centrale, on utilise des hamacs. Chez les Lacandons, le temple est une case distincte des autres habitations. Dans la plupart des régions, un autel domestique occupe la place d’honneur à l’intérieur de la maison. Partout subsiste l’usage du bain de vapeur, pris dans des petites niches en pierres ou en roseaux (on obtient de la vapeur en jetant de l’eau, sur des pierres brûlantes).

Avec l’amélioration des moyens de transport, partout se répand le commerce des poteries faites au tour, de fabrication semi-industrielle. De nombreuses communautés ont, cependant, gardé la technique de la poterie sans tour et font ainsi tous les récipients de cuisine et les encensoirs. La potière fait une pâte avec de la terre, de l’eau et une ou deux sortes de pierres moulues servant de dégraissant. Suivant la forme de la pièce désirée, elle utilise la technique du moulage ou celle du modelage.

Les objets de vannerie (paniers, corbeilles, chapeaux d’homme, ceintures, etc.), en palmes, en jonc, en osier, en roseaux, de fabrication artisanale ou industrielle, sont vendus sur tous les marchés.

De nombreux Indiens ont gardé leur costume traditionnel. Celui des hommes est en général plus « européen » que celui des femmes : les Indiens portent un pantalon et une chemise de cotonnade blanche, un chapeau de paille, des sandales, ou huaraches. Le sarape, en usage dans les régions froides, fait de deux lés de tissu de laine, se rapproche de l’ancien manteau.

Le costume féminin se compose d’une jupe, d’une ceinture et d’un vêtement de buste. Le vêtement de buste est soit un quexquemetl, petite pèlerine faite de deux rectangles de tissu, soit, en pays maya, un huipil, blouse plus ou moins longue, souvent brodée. La jupe est une bande très large que la femme drape autour d’elle et qu’elle maintient à la taille avec une ceinture d’étoffe. De nombreuses femmes, indiennes ou métisses, portent un châle de type espagnol, le rebozo.

Partout où des vêtements de type traditionnel sont encore en usage subsistent le filage et le tissage à la main. La fibre de maguey est encore utilisée par certains Otomis. Comme par le passé, les Indiens filent et tissent le coton. Ils ont adopté, depuis la conquête, la laine de mouton. Le filage se fait avec un fuseau de bois muni d’un peson de terre cuite ou de bois.

Quelques communautés possèdent encore une administration autonome ; d’autres, tout en ayant un « gouvernement » local, sont reliées au pouvoir central par un « gouverneur » (Mayos, Tarahumaras, Yaquis). Quelquefois, c’est un secrétaire de mairie qui assure la liaison entre le groupe indigène et la capitale de la province. Dans les régions où subsiste une administration de type traditionnel, le pouvoir est assuré par un seul homme, le cacique (le gouverneur) ou par un conseil de vieillards. Tous les ans, des hommes sont désignés pour faire les travaux communaux. L’accomplissement de cette charge, obligatoire et non rémunérée, leur assure une place dans la société. Dans de nombreux groupes, une administration de type national coexiste avec l’administration traditionnelle.

L’agriculture, base de la vie économique et étant en général assez pauvre, ne suffit pas toujours à assurer l’existence d’une famille, d’autant moins que les Indiens consacrent une partie non négligeable de leurs ressources à des dépenses de prestige. Les mois qui précèdent la récolte sont des « mois de misère ». Quand cela est possible, les hommes vont travailler sur des plantations plus riches, en dehors de leur village, en attendant la récolte. À quelques exceptions près, la propriété est individuelle. Peu de communautés vivent en économie fermée. Les marchés, d’importance locale ou régionale, tiennent une grande place dans la vie des Indiens. Ceux-ci viennent y vendre des produits de leur agriculture, des poteries, de la vannerie et acheter dans les boutiques tout ce qu’ils ne produisent pas.

Les rites en rapport avec la naissance sont en voie de disparition. Dans leur grande majorité, les Indiens sont baptisés. Ils portent un prénom chrétien et un nom de famille. Le baptême crée entre les parents et les parrains de l’enfant des liens aussi étroits qu’une parenté. Devenus compadres, ils se prêteront toute leur vie aide et assistance.

Nombreux sont les groupes où l’on croit encore à l’existence d’un animal-compagnon, dont le destin est lié à celui de l’individu qu’il accompagne : « leurs destins sont jumeaux ». Dans les cérémonies du mariage, les coutumes chrétiennes se mêlent aux usages précolombiens.

Les Indiens, excellents herboristes, soignent les maladies bénignes au moyen d’herbes médicinales. Aux maladies longues et graves, ils attribuent des causes magiques : un sorcier peut introduire dans l’organisme un petit corps étranger par des moyens magiques. Il peut aussi retenir captif l’animal-compagnon d’une personne. La terre peut garder une âme : il s’agit alors de la maladie de la frayeur, l’espanto. Les mauvais airs présentent aussi un danger, en particulier les « airs de maladie », que l’on respire surtout la nuit.

Pour guérir un malade, on appelle auprès de lui un sorcier, qui fait d’abord le « lavage pour les mauvais airs ». Le traitement proprement dit prend des formes diverses : très souvent, le sorcier retire du corps du malade un petit objet en le « suçant » avec un tube de roseau. Dans la sierra de Zongolica, la cure de l’espanto est confiée à une guérisseuse spécialisée, qui s’efforce de ramener l’âme dans le corps en frappant le sol avec un vêtement du malade. Quand une divinité est responsable de la maladie, il faut apaiser sa colère en célébrant un culte en son honneur.

Dans les groupes indigènes où les traditions sont encore très vivantes, les rites funéraires semblent avoir pour objet d’éloigner à tout jamais le mort du monde des vivants. On fait en son honneur plusieurs fêtes, en lui demandant instamment de ne jamais revenir (Huichols, Tarahumaras). Dans certains groupes christianisés, on garde encore la coutume de donner au mort dans son cercueil des offrandes qui l’aideront à accomplir son voyage dans l’au-delà.

La religion tient une très grande place dans l’existence des Indiens. Les formes de la vie religieuse sont multiples : il y a encore des polythéistes ; certains Indiens font coexister paganisme et christianisme. Très nombreux sont ceux qui pratiquent un catholicisme adapté à leur manière de penser. Enfin, d’autres pratiquent un catholicisme sans « déviation ».