Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Inde (suite)

Il était institué une Chambre basse, ou Assemblée du peuple (Lok Sabhā), élue pour cinq ans au suffrage universel direct et qui constitue le Parlement central. Les assemblées législatives provinciales (Vidhān Sabhā) étaient élues de la même façon. Le bicaméralisme indien introduisait également : la Chambre haute du Parlement central (Rājya Sabhā) ; les chambres hautes des États (Vidhān Parishad), qui n’existent actuellement que dans une dizaine d’États et qui, élues au suffrage universel, sont renouvelées par tiers tous les deux ans.

Le pouvoir exécutif comprend :
— le président de l’Union indienne (actuellement V. Giri), élu pour cinq ans par les deux chambres du Parlement central et les assemblées législatives des États ;
— le Premier ministre, choisi par le président (actuellement Mme Indira Gāndhī*, fille de J. Nehru), et leader de la majorité du Parlement, devant lequel il est d’ailleurs responsable.

Au niveau des États, outre un gouverneur représentant direct du président de l’Union, il existe un chief minister (Premier ministre), appuyé sur une majorité à l’assemblée provinciale et responsable devant elle.


L’évolution politique

Il s’agit d’un domaine particulièrement complexe dans la mesure où, aux habituels critères de différenciation politique, se surimposent en Inde des considérations linguistiques ou des problèmes de castes défiant toute analyse politique de type traditionnel. Il est, néanmoins, indispensable de présenter au moins jusqu’en 1962 (date à laquelle la situation politique se complique encore) un éventail des principales forces politiques indiennes.

Le parti du Congrès. Depuis 1947, le Congrès, bien qu’en baisse régulière, est resté, jusqu’aux élections de 1971, le parti gouvernemental de l’Inde. Dès 1939, avec ses 3 millions de membres ayant payé leur cotisation, c’était le plus important parti politique du monde. Il faut distinguer deux phases dans ce mouvement.

Jusqu’en 1947, le Congrès est essentiellement un parti nationaliste, pouvant, sans se compromettre, lancer un vaste programme de réformes sociales et économiques, et se payant même le luxe de grouper en son sein des magnats de l’industrie indienne (J. R. D. Tala, B. M. Birla) et les plus pauvres des paysans de la plaine du Gange. Cela montre l’indifférence de la bourgeoisie indienne, dont Charles Bettelheim dit qu’« elle est la plus intelligente du monde » vis-à-vis du vocabulaire politique.

À partir de 1947, le Congrès devient un parti de gouvernement, confronté à de graves difficultés. Dès lors, l’hétérogénéité sociale de sa clientèle (des conservateurs d’extrême droite à certains sympathisants communistes) pose vite le problème de sa cohésion politique. Sous le leadership du pandit Nehru*, dont l’autorité n’est pas contestée, cela ne pose pas trop de problèmes. C’est avec ses successeurs Lai Bahādur Shastri (Śastri) et Mme Indira Gāndhī que les difficultés deviennent sensibles.

Le parti communiste. C’est le plus important des partis d’opposition, bien que les conflits avec la Chine de 1959 et de 1962 et sa scission de 1964 aient contribué à l’affaiblir. Il a fait preuve d’une assez remarquable stabilité de sa clientèle électorale. C’est vers 1920, à propos de l’adhésion à la IIIe Internationale de Lénine, que se formèrent les premières organisations communistes indiennes. Le parti communiste indien, fondé en novembre 1933, fut mis hors la loi en 1934 par les autorités britanniques ; les communistes indiens ne retrouvèrent leur liberté d’action qu’en 1942 et furent, par la même occasion, taxés de collaboration avec les Britanniques par les membres du Congrès. À partir de 1948, le parti communiste tenta une politique violente, à laquelle le gouvernement de J. Nehru mit fin avec vigueur. En 1951, il rentrait dans le « giron parlementaire » et se proclamait dorénavant légaliste. Affaibli par les conflits avec la Chine de 1959 et de 1962, il se scindait en 1964 en deux tendances : les pro-soviétiques et les communistes marxistes-pro-chinois, surtout influents en Andhra Pradesh, au Kerala et au Bengale-Occidental. Il faut noter que ce n’est pas chez les plus humbles que le (ou les) parti communiste indien fait le plus d’adeptes, mais plutôt chez les brahmanes. Toutefois, au Bengale, le mouvement naxaliste, d’obédience maoïste, a une large base paysanne.

Le parti socialiste Prāja. Son origine est dans la formation, en 1934, au sein du Congrès, d’un groupe socialiste qui voulait infléchir la politique du mouvement national dans un sens plus social. En 1948, ce groupe se constituait en parti autonome, ou parti socialiste du peuple, dont le leader, J. Narayan, avait une assez large audience populaire. À partir de 1957, toutefois, ce parti connut un déclin continu ; son socialisme, empreint de religiosité, tel qu’en somme le concevait Gāndhī, ne semble plus avoir un impact sensible sur les masses indiennes.

À côté du parti socialiste Prāja, on trouve également le parti socialiste Samyukta (ou parti socialiste unifié), plus radical dans sa défense du prolétariat rural, des Harijan (nom donné par Gāndhī aux intouchables) et, d’une façon générale, de toutes les couches sociales inférieures. Il se montre, par ailleurs, partisan d’une politique extérieure très ferme vis-à-vis du Pākistān et de la Chine.

Le parti de la liberté (Svatantra). Fondé en 1959, il ne se constitua en tant que parti électoral qu’en 1962, pour combattre une certaine tendance au socialisme d’État au sein du Congrès. Créé par C. Rājāgopālāchāri, prestigieux leader nationaliste, le parti Svatantra, dont les options politiques sont variables d’un leader à l’autre, est essentiellement représenté au Bihār, au Gujerat, au Rājāsthān et en Orissa.

Les partis communautaires. Sous ce vocable, on désigne des partis pour qui le critère essentiel est l’appartenance à l’hindouisme et qui s’opposent tout à la fois aux influences de l’Occident et de l’islām. Historiquement, on peut distinguer plusieurs groupements.